"C'est grâce à l'histoire de la petite Maëlys qu'on parle de nous" : des familles de disparus demandent la réouverture de leurs dossiers
Onze familles qui ont connu une disparition inquiétante se réunissent jeudi, elles demandent toutes que la justice rouvrent le dossier après l'affaire Lelandais.
Pour la troisième fois, 11 familles de personnes portées disparues dans la région Rhône-Alpes vont se rencontrer jeudi 20 septembre à Lyon. Elles demandent à la justice de vérifier si Nordhal Lelandais a un lien avec la disparition de leur proche. Les révélations sur son implication dans la mort de la petite Maëlys et du caporal Noyer ont poussé la justice à rouvrir plusieurs dossiers et à relancer les investigations.
Une enquête rouverte six ans après la disparition
Dalila, quadragénaire, a perdu une partie de sa joie de vivre le 6 mai 2012. Ce matin-là, à Échirolles près de Grenoble, son frère Malik, 32 ans, sort en short sans argent, ni papier ni téléphone pour un footing dont il ne rentrera jamais. Le soir même, Dalila va au commissariat, mais les policiers lui disent qu'il est trop tôt pour s'inquiéter. Plus tard, aucune enquête de voisinage n'est menée.
C'est Dalila et ses proches qui ont mené des battues, retourné sa chambre à la recherche d'indices, scotché des avis de recherche pendant des mois, ou encore longé les cours d'eau avec l'énorme sentiment d'être abandonnés. "En 2012, on avait l'ordinateur de Malik et son téléphone, donc moi je dis aux policiers 'bah j'en fais quoi, il y a pleins de données dedans'. Ils m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas l'analyser et que c'était à nous de le faire faire", raconte la sœur aînée de Malik.
L'agenda de Nordahl Lelandais passé au crible
Pendant des années, Dalila a eu le sentiment de crier dans le désert. "Je leur ai dit de faire quelque chose, moi je ne travaille pas au FBI. Si la justice ne donne pas les moyens au service d'enquête, moi je ne suis pas capable toute seule", déplore-t-elle.
Mais depuis l'an dernier et les morts de Maëlys et du caporal Noyer, les familles se demandent si Nordahl Lelandais a un lien avec la disparition de leur proche. L'affaire oblige la justice à rouvrir 11 dossiers de disparitions jamais expliquées dans la région.
Enfin, Dalila est reçue par le procureur. Enfin, une juge d'instruction est nommée et l'ordinateur et le téléphone de Malik sont saisis six ans après.
J'ai l'espoir de savoir ce qui est arrivé à mon frère. En bien ou en mal, je veux savoir ce qui est arrivé
Dalilaà franceinfo
Les gendarmes décortiquent depuis des semaines tous les agendas, déplacements de Lelandais. Mais Dalila ignore s'ils sont remontés jusqu'au 6 mai 2012 jour de la disparition de Malik. Elle voudrait plus d'informations sur l'avancée de l'enquête. Elle pense aussi aux nombreuses familles de disparus en France, celles à qui ont fait ces réponses qu'elle a entendues en 2012 : 'Nous n'avons pas les moyens pour rechercher votre proche' ou encore 'en France, la loi dit qu'un majeur a le droit de disparaître s'il le veut'.
Pour Dalila, "cette loi d'après-guerre, il faudrait la remettre à jour. Qu'on nous entende et qu'on arrête de nous dire 'la personne est majeur, elle a le droit de disparaître' parce qu'il y a des familles derrière qui souffrent et qui cherchent", explique-t-elle. Chaque année en France, 10 000 personnes disparaissent sans qu'on ne les retrouve jamais.
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