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"Si tu aimes ta fille, dis où elle est !" La première semaine du procès en appel de l'affaire Fiona en cinq citations

Commencés depuis cinq jours, les débats se sont poursuivis sans que l'on en sache davantage sur les "coups mortels" dont répondent Cécile Bourgeon, la mère de la victime, et Berkane Makhlouf. 

Article rédigé par franceinfo
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Cécile Bourgeon, au tribunal du Puy-en-Velay (Haute-Loire), mardi 10 octobre 2017.  (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Ce devait être le procès de la seconde chance pour obtenir la vérité sur la mort de Fiona. Mais la mère de la fillette, Cécile Bourgeon, et son ex-compagnon, Berkane Makhlouf, jugés en appel depuis lundi 9 octobre par les assises de Haute-Loire, n'ont toujours rien livré. 

Alors que le corps de l'enfant demeure introuvable, l'ancien couple est rejugé pour des violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Au cours de la première semaine d'audience, les deux accusés, qui s'accusent mutuellement d'être l'auteur des coups, ont montré des visages multiples.

La cour est censée se prononcer d'ici au 20 octobre, mais un incident entre une avocate de la partie civile et les avocats des accusés a compromis le déroulement du procès, vendredi 13 octobre. 

"J'ai pas tué Fiona" : les accusés clament leur innocence

Au premier jour du procès en appel, Berkane Makhlouf a évoqué, "écœuré", sa condamnation en première instance. "J'ai pris vingt ans de réclusion criminelle mais je ne suis pas un criminel, a-t-il martelé. J'ai pas tué Fiona, ça c'est sûr et certain." Reconnaissant son passé violent avec des adultes, il a affirmé ne pas s'en prendre aux enfants. "J’ai toujours fait la différence entre les enfants et les adultes, a-t-il souligné. Pour moi, impossible de vouloir leur faire du mal." Condamnée à cinq ans de prison, Cécile Bourgeon a, elle, assuré n'avoir "jamais maltraité" ses enfants. Selon les rapports des experts, des actes de violence auraient causé la mort de la fillette.

"Les enfants l'adoraient" : les ex-compagnes de Makhlouf témoignent

"Il était irréprochable, a assuré une ancienne concubine de l'accusé. Les enfants l'adoraient. Je savais qu'il aurait été un super papa. C'est ce qui m'a plu chez lui." Une autre a affirmé que "jamais il n'[avait] été violent avec [sa] fille". Les deux femmes ont dressé un bilan bien plus sombre de leur relation avec Berkane Makhlouf. "Il me donnait des coups de poing, des claques, me tirait par les cheveux", a énuméré l'une des témoins, au bord des larmes, tandis que l'autre a qualifié son histoire avec l'accusé d'"enfer".

"J'ai besoin de me scarifier" : le mal-être de Bourgeon

"Que je sois en prison ou dehors, j'ai pris perpétuité, a lancé l'accusée. Fiona, elle reviendra jamais. Je vais devoir vivre avec ça. La question c'est : est-ce que je vais y arriver ?" Cécile Bourgeon, qui a tenté de mettre fin à ses jours en prison durant l'été, a affirmé s'être "scarifiée il y a trois jours". "J'ai besoin de faire ça", a-t-elle expliqué.

Lorsque je ne peux pas pleurer, j'ai besoin de faire sortir la douleur.

Cécile Bourgeon

"Si tu aimes ta fille, dis où elle est" : les accusés mis sous pression

Appelée à la barre le quatrième jour, une voisine du couple Bourgeon-Makhlouf a évoqué "la Cécile [qu'elle connaissait], une personne influençable, notamment par ses petits amis." "Cécile m'avait confié que Fiona l'énervait parce que son visage lui faisait penser à son père", poursuit l’ancienne voisine, faisant réagir Cécile Bourgeon : "Je t'ai jamais dit ça ! (...) Ma fille, je l'ai portée, je l'ai aimée, je l'aime toujours !"  "Eh bien, si tu aimes ta fille, dis où elle est ! (...) Si elle est morte, c'est à cause de toi !", répond l'ancienne voisine. Et d'ajouter : "Pour moi, Cécile, si elle aimait sa fille, elle dirait où elle l'a enterrée." Elle interpelle enfin Berkane Makhlouf: "Mais si t'as dit la vérité, si t'as plus rien à te reprocher, parle, parle ! Dis où elle est enterrée Fiona !" Et ce dernier de répondre : "Crois-moi, si je savais où elle était enterrée, je le dirais aux enquêteurs. Moi, tu sais, j'ai pris vingt ans de réclusion criminelle. Ne pas savoir où elle est enterrée, ça m'enfonce."

L'intervention de l'ancienne voisine du couple fait sortir Cécile Bourgeon de ses gonds. Elle lance à Berkane Makhlouf : "Si tu veux jouer, on va jouer, d'accord ! Tu peux te regarder dans une glace, toi ? Ça m'étonnerait ! Moi ? J'ai la conscience tranquille, pas toi. Attention !"

"Je ne suis pas médecin" : nouveaux témoignages à la barre 

A nouveau, Cécile Bourgeon est revenue sur les heures qui ont suivi la mort de Fiona : "J’ai couché sa petite sœur, on a pris des médicaments et on s’est endormis. Et puis, lorsqu’on s’est réveillés, on a fait ce qu’on a fait", soit prendre la route en voiture et partir enterrer le corps dans un endroit toujours inconnu à ce jour, a décrit la mère de la fillette. A une surveillante pénitentiaire, appelée à la barre pour la première fois, elle a confié, le 21 novembre 2016, qu'elle avait porté "des coups de pieds sur les fesses" de Fiona, et que "ce qui s'était passé était un accident", raconte la surveillante. Mais quand l'avocat général demande : "Alors de quoi est morte Fiona ?", Cécile Bourgeon se braque. "Je ne sais pas. Je ne suis pas médecin !" 

Une autre surveillante témoigne et rapporte une autre version, datée du 8 novembre 2016 : elle assure que Cécile Bourgeon lui a dit que c’était Berkane Makhlouf qui avait eu l’initiative d’enterrer le corps de Fiona. Elle expliquera que Makhlouf était violent avec elle et Fiona et que, le soir du drame, il l'avait frappée. 
"Mais comprenez, Mme Bourgeon, que si vous reconnaissez ce que votre surveillante a dit, cela sous-entend que vous reconnaissez que Fiona est décédée suite à 'un accident' dû aux violences de M. Makhlouf." C'est Berkane Mahklouf qui répond : "Je ne suis pas d’accord avec ça !"

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