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Au procès Troadec, la colère froide de la sœur d'une des victimes "massacrées, dépecées et brûlées par un pervers narcissique pour rien"

Au troisième jour du procès Troadec, la cour d'assises de Loire-Atlantique s'est intérressé aux familles des quatre victimes. 

Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Au palais de justice de Nantes, la salle d'audience où se déroule l'"affaire Troadec", le 22 juin 2021. (LOIC VENANCE / AFP)

Après avoir entendu et évoqué les personnalités des deux accusés, mardi et mercredi, la parole était donnée aux familles des quatre victimes, jeudi 24 juin, au procès Troadec. La cour d'assises de Loire-Atlantique a entendu les proches de Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte Troadec. Et pour la première fois, les sœurs de Brigitte Troadec se sont exprimées.

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Elle arrive à la barre, émue et en colère. Martine est la sœur aînée de Brigitte Troadec. Agée de 56 ans, cette professeur en lycée professionnel a des yeux pétillants et un sourire lumineux. D'abord, dit-elle, elle veut parler de leur mère, Denise. "Elle est absente ici, explique Martine, la voix tremblante, parce que ça a été un tel électrochoc. Ça a brisé sa vie. Maman, aujourd'hui, c'est cui-cui les petits oiseaux. Son cerveau a débranché." Mais derrière l'émotion, une colère froide quand elle se tourne vers Hubert Caouissin. "Regardez-moi ! Je ne peux pas admettre que quatre personnes soient massacrées, dépecées et brûlées par un pervers narcissique pour rien ! Pour rien !"

"Je souhaitais le remettre en phase avec la réalité"

L'accusé a la tête baissée dans le box, recroquevillé sur lui même. Il ne s'est pas encore exprimé sur les faits, ce sera la semaine prochaine, mais il a, depuis le début du procès, maintenu sa position. Non, il n'est pas allé à Orvault dans la nuit du 16 au 17 février 2017 pour tuer son beau frère et sa belle sœur, Pascal et Brigitte Troadec, et leurs enfants, Charlotte, 18 ans, et Sébastien, 20 ans. Il voulait simplement, dit-il, écouter des conversations à propos du fantasmé magot d'or. Un trésor de pièces et de lingots d'or devenu son obsession.

Une version à laquelle ni Martine ni sa soeur Hélène ne croient. "Je souhaitais le remettre en phase avec la réalité, confie Martine. Je souhaitais qu'il comprenne le massacre qu'il a commis, le massacre calculé, le massacre organisé." 'Il donne sa version des faits, poursuit Hélène, puisqu'il n'y a plus aucun témoin. Mais ce n'est pas du tout la vraie version des faits. Il allait là parce qu'il savait que les enfants étaient à la maison, qu'ils seraient là tous les quatre pour les massacrer tous les quatre."

"Quatre ans, c'est comme si c'était hier"

À la barre, Martine évoque ce dimanche 19 février 2017. Brigitte n'appelle pas leur mère, comme à son habitude. Elle raconte ces SMS envoyés sans réponse, ces coups de fils dans le vide, ce "flux glacial" qui, dit-elle, l'envahit au bout de deux jours sans nouvelles. Ce bandeau sur une chaîne de télévision qui lui apprend avant la police qu'Hubert Caouissin a avoué. "C'était irréel, comme un mauvais feuilleton à la télé, impensable... On a laissé nos portes ouvertes, murmure Martine. On se disait qu'ils allaient arriver." Et aujourd'hui encore, Martine ne serait pas étonnée s'ils sonnaient à sa porte. "J'ai effectivement l'impression que Pascal et Brigitte et les enfants vont revenir chez nos parents, comme ils venaient pendant les vacances scolaires ou certains week ends. Quatre ans, c'est comme si c'était hier. Mais on continue de vivre et de bien vivre, je peux vous dire. Parce que nous, on a pris perpétuité, mais pas question que mes enfants prennent perpétuité."

"Il n'est pas question que notre entourage prenne perpétuité. Non, non, non, non ! On continue de vivre, au contraire. Ça va peut être le gêner, mais tant pis. Nous, on continue."

Martine, sœur aînée de Brigitte Troadec

"On continue", mais avec les nuits remplies de cauchemars horribles. Pour Martine, Hélène et leurs familles, ce procès, elles l'espèrent, permettra d'apaiser la colère, de commencer peut être ce deuil impossible et de pouvoir enfin, disent-elles, lâcher prise.

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