Hommage national au policier tué à Paris : un jour adulés, le lendemain critiqués, le "profond malaise des policiers"
Le secrétaire général d'Unité-SGP Police FO, Yves Lefebvre, salue l'hommage national rendu mardi au policier tué lors des attentats sur les Champs-Élysées et se félicite "de la décision prise au plus haut niveau de l'État".
Un hommage national sera rendu mardi 25 avril à 11h au policier tué jeudi dernier lors de l'attentat sur les Champs-Élysées, en présence des deux candidats qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle. "On ne peut que se féliciter de la décision prise au plus haut niveau de l'État. C'est le minimum que nous sommes en droit d'attendre du président de la République", a déclaré mardi sur franceinfo, Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité-SGP Police FO.
Un livre blanc de la police pour après la présidentielle de 2017 a été adressé aux deux candidats pour réclamer plus d'effectifs, et une simplification de la procédure pénale, a-t-il indiqué. Yves Lefebvre a rappelé le profond malaise au sein de la police nationale avec la mort de six policiers dans des attentats depuis le début 2015 en France.
franceinfo : Que pensez-vous de cet hommage national qui sera rendu aujourd'hui à Xavier Jugelé ?
Yves Lefebvre : On ne peut que se féliciter de la décision prise au plus haut niveau de l'État. C'est le minimum que nous sommes en droit d'attendre du président de la République. Six policiers [morts dans les attentats en France depuis 2015], cela fait beaucoup, c'est trop effectivement (...).
C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, on n'en peut plus, on est fatigués, on est profondément tristes et aussi profondément en colère
Yves Lefebvreà franceinfo
Nous sommes encore une fois de plus les premiers visés, car ce fut un véritable carnage, un véritable tir au lapin, jeudi soir sur les Champs-Élysées. On s'aperçoit que les policiers qui occupent le terrain sont les derniers remparts de la République, es derniers remparts des valeurs de notre liberté.
Pensez-vous que nous avons conscience que les policiers sont des cibles, qu'ils sont en danger ?
Nous sommes adulés malheureusement depuis jeudi soir. Nous l'étions après Charlie, le Bataclan, puis nous avons été jetés à la fosse aux lions après l'affaire Théo, l'affaire Adama Traoré et d'autres affaires, après les manifestations contre la loi El Khomri.
Aujourd'hui profondément adulés, le lendemain critiqués, c'est le profond malaise des policiers.
Yves Lefebvreà franceinfo
Profond malaise placé sous le sceau de la fatigue. Depuis janvier 2015, depuis Charlie, nous sommes à flux tendu. Nous ne pouvons plus prendre nos congés. Psychologiquement, on est au bout du rouleau aujourd'hui.
Une manifestation, déjà prévue avant l'attentat des Champs-Élysées, se tient mercredi. Va-t-elle prendre un tour différent avec la mort de votre collègue ?
Elle prendra un tour différent, même si cette manifestation qui a lieu entre les deux tours, avait été décidée le 21 mars dernier pour s'adresser, en l'occurrence à Emmanuel Macron et à Marine Le Pen, pour les interroger sur la police de demain. Nous voulons, nous, protection et reconnaissance. Le triste assassinat de Xavier jeudi soir impose une tournure différente, une posture d'hommage également pour Xavier.
Que pensez-vous du choix de François Hollande d'inviter Marine Le Pen et Emmanuel Macron à cet hommage rendu au policier Xavier Jugelé ?
Je me félicite de cette décision du président de la République. En ce qui me concerne, c'est du syndicalisme policier au quotidien que je fais. Je n'ai pas d'orientation de vote, ni d'incitation à voter ni pour l'un, ni pour l'autre. Je défends aujourd'hui les gradés et gardiens. Mais, aujourd'hui, c'est une grande marque de valeur de notre démocratie que cette décision du président de la République. Par ailleurs, j'ose espérer que demain soir les deux candidats vont se décider à nous rencontrer. On attend des mesures en matière de recrutement, c'est essentiel. On a adressé à Marine Le Pen et à Emmanuel Macron, le livre blanc de la police d'après l'élection présidentielle de 2017. On veut qu'on prenne en compte le temps de travail, on veut qu'on simplifie la procédure pénale, une justice qui puisse être en adéquation avec la problématique du métier de policier, ce qui n'est pas le cas actuellement.
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