Effectifs de police, frontières, fichés S... Ce que répond Cazeneuve aux critiques de Fillon et Le Pen
Lors d'un point presse, au lendemain de l'attentat contre des policiers à Paris, le Premier ministre a recardé les deux candidats de la droite et de l'extrême droite en comparant leurs propositions aux dispositifs déjà en place.
Une mise au point. Au lendemain de l'attentat contre des policiers à Paris, Bernard Cazeneuve a accusé, vendredi 21 avril, Marine Le Pen et François Fillon d'avoir choisi "l'outrance et la division". A trois jours du premier tour de la présidentielle, le Premier ministre a accusé notamment la candidate du FN de chercher à "exploiter sans vergogne la peur et l'émotion à des fins exclusivement politiciennes". Franceinfo revient sur cette séance de "fact-checking" de Bernard Cazeneuve face aux propositions des deux candidats de droite et d'extrême droite.
>> Suivez notre direct sur l'attentat contre des policiers sur les Champs-Elysées
Sur les frontières
Ce que dit Marine Le Pen. "A ce président [François Hollande] notoirement défaillant, à ce gouvernement éphémère, usé par l'inaction (...), je ne demande que l'ultime sursaut, avant de quitter le pouvoir", a-t-elle déclaré dès le début de son intervention depuis son QG de campagne, vendredi 21 avril. Et la candidate frontiste d'appeler à "la restauration effective de nos frontières en vertu du traité de Schengen".
Ce que répond Bernard Cazeneuve. Devant cette injonction de la candidate, le Premier ministre est resté factuel. "Elle fait donc mine d'ignorer que c'est ce gouvernement qui a rétabli le contrôle aux frontières. Depuis le 13 novembre 2015, le jour précis du rétablissement de ce contrôle, plus de 2 300 policiers et gendarmes sont mobilisés chaque jour à nos frontières", a détaillé Bernard Cazeneuve. "Plus de 105 millions de personnes y ont été contrôlées depuis cette date. Et 80 000 n'ont ainsi pu rentrer sur le territoire national", a-t-il ajouté. "Sur ce sujet comme sur les autres, il faut rétablir la vérité", conclut l'ancien ministre de l'Intérieur.
Sur les effectifs de police
Ce que dit François Fillon. Le candidat de la droite veut donner la priorité aux forces de sécurité. Pour ce faire, il veut recruter : "Je mettrai 10 000 policiers supplémentaires au service de la sécurité des Français", a-t-il répété.
Ce que répond Bernard Cazeneuve. Le Premier ministre a réagi en expliquant que "François Fillon préconise la création de 10 000 postes de policiers. Comment croire sur ce sujet un candidat qui, quand il était Premier ministre, en a supprimé 13 000 dans les forces de sécurité intérieure, là où durant ce quinquennat il en aura été créé 9 000 ?"
Sur les fichés S
Ce que dit Marine Le Pen. Sur ce sujet, la candidate frontiste multiplie les sorties polémiques, comme le détaille Libération. Vendredi, elle a répété qu'elle voulait mettre en œuvre "l'expulsion immédiate des fichés S étrangers et l'engagement de procédure accélérée de déchéance de nationalité pour les fichés S binationaux et leur expulsion immédiate dans leur pays d'origine". Lundi, lors de son meeting à Marseille, elle avait expliqué qu'avec elle au pouvoir, "le fiché S français [serait] poursuivi pour intelligence avec l’ennemi et condamné à de la prison et à l’indignité nationale qui le prive de tous ses droits".
Ce que répond Bernard Cazeneuve. Pour répondre à la candidate, le Premier ministre s'est appuyé sur les chiffres : "117 personnes ont été expulsées du territoire pour des activités terroristes" et ce "dans le cadre de l'Etat de droit". "La plus grande fermeté prévaut donc en la matière, sans arbitraire", a-t-il affirmé, soulignant également que la poursuite des fichés S pour "intelligence avec l'ennemi" se traduirait par des sanctions "moins fermes" que celles prévues par les nouvelles lois antiterroristes.
Sur le renseignement
Ce que dit Marine Le Pen. Après cet attentat, "une réponse sécuritaire plus globale s'impose", selon la candidate FN. Et cela passe d'après elle par "la remise à niveau et la réorganisation de nos moyens de renseignements, notamment par la coopération internationale".
Ce que répond Bernard Cazeneuve. Pour répondre, il a cette fois rappelé toutes les fois où le Front national a voté contre les lois de modernisation des services de renseignement, comme "la loi antiterroriste de novembre 2014" , "la loi renseignement de juillet 2015 qui donnait des moyens nouveaux aux services de renseignements pour prévenir les actes terroristes" et "les dispositions antiterroristes présentées au Parlement européen, notamment le PNR [Passenger Name Record] qui permet de disposer des informations nécessaires à l’arrestation des terroristes au moment de leur retour sur le territoire européen". "Elle semble donc délibérément oublier tout ce qui a été fait depuis cinq ans pour faire oublier, en réalité, qu’elle s’est opposée à tout sans jamais proposer rien de sérieux ni de crédible", a-t-il dénoncé.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.