Lutte contre le terrorisme : ce qu'il faut retenir des annonces de Manuel Valls
Deux semaines après les attentats, qui ont fait 17 morts en France, le Premier ministre a dévoilé, mercredi, une série de mesures pour lutter contre le terrorisme.
Ces moyens supplémentaires doivent permettre de mieux suivre "3 000 personnes à surveiller", selon Manuel Valls. Parmi elles figurent 1 300 "Français ou étrangers résidents en France, pour leur implication dans les filières terroristes en Syrie et en Irak" et "400 à 500 personnes" concernées par des filières plus anciennes ou portant leur action vers d'autres pays.
Francetv info récapitule les principales annonces du Premier ministre.
Des moyens humains et financiers supplémentaires
Manuel Valls annonce la création de 2 680 emplois "consacrés à la lutte contre le terrorisme". Dans le détail, 1 400 postes seront créés au sein du ministère de l'Intérieur, dont 1 100 pour les unités de renseignement, 950 au ministère de la Justice, 250 au ministère de la Défense et 80 au ministère des Finances.
En parallèle, le Premier ministre annonce le déblocage de 425 millions d'euros de crédits d'investissement, d'équipement et de fonctionnement sur trois ans, dont 233 millions pour le ministère de l'Intérieur et 181 millions pour la Justice. Par ailleurs, 60 millions d'euros seront spécifiquement consacrés à la prévention de la radicalisation.
Un fichier des personnes condamnées ou mises en cause pour des faits de terrorisme
Manuel Valls l'avait déjà annoncé devant l'Assemblée nationale. Le Premier ministre a confirmé la création d'un fichier, "placé sous le contrôle d'un juge", sur lequel seront obligatoirement inscrites "toutes les personnes condamnées ou judiciairement mises en cause pour des faits de terrorisme" :"Celles-ci devront justifier de leur adresse à intervalles réguliers, informer de leurs changements de domicile et déclarer tout séjour à l'étranger."
Des quartiers spécifiques en prison pour les islamistes
Le Premier ministre veut s'attaquer à la radicalisation en prison, avec la mise en place de quartiers spécifiques pour les détenus liés à la mouvance islamiste radicale. Une expérimentation est déjà en cours à Fresnes (Val-de-Marne), où 23 détenus sont regroupés dans un quartier spécifique de l'établissement. Cinq autres seront créés dans d'autres prisons françaises.
Dans le même temps, Manuel Valls annonce le renfort de 60 aumôniers musulmans dans les prisons, en plus des 182 existants.
Des renforts pour les "cyberpatrouilles"
Pour Manuel Valls, les "communications électroniques" sont des "vecteurs quotidiens de propagande et d'organisation" pour les terroristes. Le Premier ministre affirme que la plateforme Pharos, où les internautes peuvent signaler des contenus illicites, a reçu environ 30 000 signalements depuis le 7 janvier, jour de l'attaque contre Charlie Hebdo, soit six fois plus que d'habitude.
En conséquence, le Premier ministre affirme qu'une "partie substantielle" des renforts humains sera affectée aux "cyberpatrouilles" et aux équipes d'investigation sur internet.
Manuel Valls appelle les géants du web à la responsabilité. "Les terroristes utilisent fréquemment les mêmes réseaux sociaux que le grand public", argumente-t-il. Il leur demande donc de "répondre aux signalements du public" et de "coopérer étroitement avec les autorités".
Le retour du crime "d'indignité nationale" envisagé
Manuel Valls n'est pas contre un retour du crime "d'indignité nationale", utilisé à la Libération, et ressorti des cartons par l'UMP. Assortie d'une privation des droits civiques, civils et politiques, cette peine "marquerait, avec une force symbolique, les conséquences de la transgression absolue que constituent" des actes terroristes, explique le Premier ministre.
Pour autant, le gouvernement ne veut "pas agir dans la précipitation sur les questions de principe". Manuel Valls va proposer aux présidents des Commissions des lois des deux assemblées, Jean-Jacques Urvoas (député PS) et Philippe Bas (sénateur UMP) une "réflexion transpartisane" pour examiner et formuler des propositions législatives en ce sens "dans un délai court de six semaines".
La lutte contre le racisme et l'antisémitisme, une cause nationale
Le Premier ministre entend également lutter contre le racisme et l'antisémitisme en France, en parallèle d'une "politique de citoyenneté, de réaffirmation de la laïcité". Manuel Valls souhaite, notamment, "former les futurs citoyens aux valeurs de la République" : l'Education nationale doit mettre en place des mesures en ce sens, qui seront détaillées jeudi par la ministre Najat Vallaud-Belkacem.
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