Attaque au couteau à Bordeaux : ce que l'on sait de l'agression qui a fait un mort et un blessé grave

Les forces de l'ordre ont abattu un suspect. La piste terroriste est écartée à ce stade de l'enquête.
Article rédigé par franceinfo
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Des policiers près des lieux d'une attaque au couteau sur les quais de Bordeaux (Gironde), le 10 avril 2024. (UGO AMEZ / SIPA)

Un homme suspecté d'avoir poignardé deux personnes, tuant l'une d'elles, sur les quais de Bordeaux, mercredi 10 avril, a été abattu par un policier. L'hypothèse terroriste est écartée, a appris franceinfo de source proche de l'enquête. "Les quais de Bordeaux, cœur battant de notre ville, sont ce soir frappés par la mort", a réagi le ministre délégué aux Comptes publics et conseiller municipal bordelais, Thomas Cazenave. Voici ce que l'on sait des faits au lendemain de l'attaque.

Deux hommes ont été poignardés au bord de la Garonne

L'attaque a débuté près du Miroir d'eau, lieu de promenade prisé sur les quais de la Garonne, dans le centre de Bordeaux. Selon nos informations, vers 19h50, un individu a poignardé un homme de 37 ans, de nationalité algérienne. "J'ai vu quelqu'un tomber dans les bras de quelqu'un d'autre, on a pensé à un arrêt cardiaque", raconte une étudiante présente à proximité, citée par France 3 Nouvelle-Aquitaine et France Bleu Gironde. "Mais, au bout de dix minutes, on a vu les pompiers arriver et commencer à masser. On a vu le drap blanc et on a compris que c'était terminé."

L'agresseur a poursuivi son chemin le long du quai Richelieu, où il s'en est pris à une autre personne, la blessant grièvement à la cuisse et au flanc. Les jours de cet homme de 26 ans, également de nationalité algérienne, ne sont plus en danger.

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, dont on ignore si elle montre la première ou la seconde agression, on voit un homme se pencher vers le bas comme pour donner des coups de couteau. Le bas de la scène est caché par une haie, mais on entend crier "Arrête".

Le suspect abattu par un policier

Le suspect a ensuite poursuivi sa route en direction du pont de pierre, où il a été repéré par une patrouille de police. Sur une autre vidéo, on voit un policier avec un fusil-mitrailleur mettre en joue un homme qui s'effondre et dévale quelques marches avant de glisser au sol. "L'assaillant s'est montré menaçant à leur égard et il a été abattu par un policier", a confirmé le parquet de Bordeaux, cité par France 3 Nouvelle-Aquitaine. Trois tirs ont été entendus, selon la police et un témoin sur place.

Des passants se sont pressés autour du lieu de l'attaque, mais le périmètre a été rapidement bouclé par la police. La circulation des tramways, des autobus et des vélos a été interdite sur le pont de pierre, qui a pu rouvrir jeudi matin.

La piste terroriste écartée

L'identité du suspect n'a pas encore été rendue publique. "L'enquête judiciaire est en cours", a seulement fait savoir le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, après s'être rendu sur place avec la procureure de la République de Bordeaux et le préfet de la Gironde. Lors d'une conférence de presse jeudi, la procureure de la République, Frédérique Porterie, a néanmoins avancé qu'il "serait d'origine afghane", enregistré en Europe comme demandeur d'asile et âgé de 25 ans.

La piste privilégiée est celle d'un différend qui aurait dégénéré, en lien avec le fait que les deux victimes consommaient de l'alcool, affirmé à franceinfo une source proche de l'enquête. Un motif d'altercation confirmé par Frédérique Porterie jeudi.

Selon le témoignage du rescapé cité par la magistrate, l'homme leur a reproché de boire de l'alcool "alors que c'était l'Aïd", fête qui marque la fin du ramadan pour les musulmans pratiquants. L'assaillant aurait également eu, plus tôt dans la soirée, une première altercation avec d'autres individus, moins violente mais portant sur les mêmes raisons. 

L'hypothèse terroriste est écartée à ce stade. "Rien, dans les témoignages, ne donne de crédit à l'hypothèse de l'attaque terroriste", a rapporté une source antiterroriste auprès de France Télévisions, mercredi soir. Le Parquet national antiterroriste a été informé des événements, mais pas saisi, selon le parquet de Bordeaux, joint par France Télévisions. "Aucun élément ne milite en faveur d'une attaque à caractère terroriste", a dit jeudi la procureure, précisant que les auditions et investigations se poursuivent.

Deux enquêtes ouvertes, dont une confiée à l'IGPN

Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Bordeaux, dont une pour homicide volontaire confiée à l'IGPN et portant sur le tir policier, pour lequel l'état de légitime défense est "envisagé" au vu des premiers éléments, a annoncé jeudi Frédérique Porterie. Les policiers "ont demandé au mis en cause de jeter son arme à plusieurs reprises, quand ce dernier a changé de direction et s'est dirigé vers eux, couteau en main, avec une attitude menaçante" envers eux, a-t-elle précisé, soulignant que les sommations d'usage avaient été faites.

L'autre enquête porte sur les chefs de "meurtre, tentative de meurtre et violences avec arme ayant entrainé une incapacité totale de travail inférieure à huit jours sur fonctionnaires de police".

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