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Disparition d'Estelle Mouzin : "On n'a pas besoin d'avoir les détails de ce crime, mais surtout de trouver le corps", déclare l'un des avocats du père de la fillette

C'est "l'enjeu principal" des auditions de Michel Fourniret qui doivent se tenir mardi et mercredi estime Didier Seban.

Article rédigé par franceinfo
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Estelle Mouzin est portée disparue depuis le 9 janvier 2003. Elle était âgée de neuf ans. (ANDY LECOQ / LE PARISIEN / PHOTOPQR)

Alors que Michel Fourniret est auditionné mardi et mercredi par la juge d'instruction chargée du dossier de la disparition d'Estelle Mouzin en 2003, l'un des avocats de son père, Me Didier Seban, déclare mardi 25 août sur franceinfo qu'on "n'a pas besoin d'avoir les détails absolument de ce crime, mais surtout de trouver le corps d'Estelle". 

On n'attend rien de Michel Fourniret et on attend tout du travail de la justice.

Me Didier Seban, l'un des avocats du père d'Estelle Mouzin

à franceinfo

"J'espère que des avancées auront lieu notamment pour savoir où se trouve Estelle. Si elles n'ont pas lieu, il faudra encore une nouvelle fois employer les grands moyens pour trouver ce corps parce que, pour nous, l'enjeu principal c'est de trouver où est Estelle, insiste le défenseur. On sait déjà malheureusement le scénario terrible qui s'est appliqué à sa mort. Je crois qu'on n'a pas besoin d'avoir les détails absolument de ce crime, mais surtout de trouver le corps d'Estelle".

Une piste oubliée par la justice ?

L'ex-compagne de Michel Fourniret, Monique Olivier, l'accuse d'avoir kidnappé, séquestré, violé et tué la petite fille en janvier 2003. Vendredi dernier, des traces ADN partielles d'Estelle Mouzin ont été retrouvées à deux endroits différents d'un matelas saisi dans l'ancienne maison de la soeur de "l'ogre des Ardennes", "décédée quelques mois avant la disparition d’Estelle", rappelle sur franceinfo Me Corinne Herrmann, qui défend également les intérêts du père de la fillette. Elle ne cache pas sa colère : "Pourquoi le travail n’a pas été fait avant ?", demande-t-elle. "Cela fait 15 ans que l’on demande à ce que l’on s’intéresse à cette maison de façon sérieuseOn savait que cette maison était libre, vide, qu’il y faisait des travaux, et que c’était un bon point de chute pour lui."

"Il y a une double colère" chez le père d'Estelle Mouzin, explique Didier Seban : "Une colère d'abord dirigée contre ce couple criminel par qui le malheur est arrivé dans sa vie, évidemment. Et puis, il y a une colère parce que cette piste Michel Fourniret était sur la table le jour où les enquêteurs belges ont remis ce dossier aux Français."

L'hypothèse a été remise sur la table cent fois par Eric Mouzin et ses conseils que nous sommes avec Corinne Herrmann. Et à chaque fois, on nous a donné de faux arguments en nous disant finalement, c'est un pervers, ce n'est pas possible.

Me Didier Seban, l'un des avocats du père d'Estelle Mouzin

à franceinfo

Dans cette affaire, le père d’Estelle Mouzin avait déposé plainte contre l’État pour faute lourde. Corinne Herrmann se demande "pourquoi on ne nous a pas entendu, pourquoi on n’a pas voulu de cette piste-là ? C’est une situation que rencontrent d’autres familles, de dire que la justice ne nous entend pas toujours". 

Un "jeu pervers" entre le tueur en série et son ex-compagne

Didier Seban espère lui que les révélations de Monique Olivier pousseront le tueur à parler : "Il y a toujours eu une sorte de jeu pervers entre Monique Olivier et Michel Fourniret, chacun voulant reprendre la main. C'est l'histoire que nous raconte leurs aveux en Belgique sur leur précédents crimes où elle va avouer en premier et il va donner les détails. Donc peut-être que là aussi Michel Fourniret voudra reprendre la main", espère-t-il.

"À force de dire que 'c'est un pervers', on est passé à côté. Il avait écrit il y a plus de dix ans 'Je demande à être jugé pour l'affaire Estelle Mouzin'", a rappelé Didier Seban. "Il faut entendre ce que dit Michel Fourniret quand il dit qu'il a tué deux jeunes femmes par an depuis sa libération, c'est-à-dire sur 15 ans, poursuit l'avocat. Nous pensons qu'il y a une vérité. Il ne s'est jamais accusé de meurtres qu'il n'a pas commis. Il est trop fier de son panthéon criminel pour revendiquer les crimes d'autres." 

Sa consœur Corinne Herrmann assure que lorsque Michel Fourniret, "fait des aveux, il ne revient jamais dessus" et estime que des "questions sensibles" subsistent. "Des ADN inconnus ont été trouvés sur ce matelas et dans le véhicule de Michel Fourniret. Quand est ce qu’on va vérifier toutes ces traces génétiques pour les comparer aux victimes des affaires non résolues ?", se demande-t-elle.

Des avancées notables depuis la nomination d'une nouvelle juge

Corinne Herrmann salue toutefois les avancées de l’affaire depuis la nomination de Sabine Kheris comme juge d’instruction. Elle "a plus de moyens, écoute tout le monde" et elle "connaissait Michel Fourniret et Monique Olivier", puisqu’elle était aussi juge d’instruction dans les affaires Johanna Parish et Marie-Angèle Domèce. "Cela fait deux ans qu’elle les pratiquait. Elle a su établir une communication avec eux. Et c’est aussi à ce qui a accéléré le tout", selon l'avocate.

Selon Didier Seban, "il y a d'autres affaires à résoudre" et les enquêtes doivent reprendre. "Eric Mouzin se dit que ce qu'il a vécu, il ne faut pas que d'autres familles continuent à le vivre", a-t-il précisé.

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