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Présidentielle 2022 : comment les candidats se positionnent sur la crise ukrainienne

Les prétendants à l'Elysée se distinguent les uns des autres en promettant d'adopter une attitude plus ou moins proche de Washington ou Moscou.

Article rédigé par franceinfo
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L'ambassade de France à Moscou (Russie), le 7 février 2022. (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

A deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, difficile de faire abstraction de la crise ukrainienne. Ces dernières semaines, Emmanuel Macron multiplie les initiatives pour tenter de faire retomber les tensions. Après plusieurs échanges téléphoniques avec Vladimir Poutine, et tout en communiquant régulièrement avec son homologue ukrainien, il s'est notamment rendu à Moscou, le 8 février, avec une casquette de médiateur. "Il n’y a pas de sécurité pour les Européens s’il n’y a pas de sécurité pour la Russie", a-t-il ainsi convenu en conférence de presse.

Emmanuel Macron, qui n'a pas encore officialisé sa candidature, ne s'est pas positionné clairement sur l'éventuelle intégration de l'Ukraine à l'Otan, une option qui nourrit le courroux de Moscou. Mais dans l'avion qui le conduisait à Moscou, rapporte Le Monde, il avait tout de même glissé qu'une "finlandisation" du pays – c'est-à-dire une forme de neutralité – faisait partie des options sur la table. Durant le conflit, bien entendu, il a également répété son attachement à l'intégrité territoriale de l'Ukraine. En clair, le président (et futur candidat) souffle le chaud et le froid et multiplie les efforts pour aboutir à un règlement diplomatique du conflit.

Les intentions de Valérie Pécresse sont plus claires : une intégration de l'Ukraine dans l'Otan n'est pas "à l'ordre du jour", a-t-elle déclaré en meeting, le 13 février, invitant à faire preuve de "franchise" avec Kiev. "Aux Russes, a-t-elle ajouté, il faut parler avec fermeté", en agitant la menace de sanctions en cas d'offensive militaire. Mais la candidate des Républicains souhaite tout de même donner des gages à Moscou. "Je ne veux pas faire entrer la Russie dans l'Union européenne, mais je pense que nous devrions réfléchir à une nouvelle conférence sur la sécurité de l'Europe avec les pays européens, avec la Russie", a-t-elle défendu sur RTL. Elle s'est même exprimée dans la langue de Tolstoï, sur France 5, afin de dire "au fier peuple russe" que "commencer une guerre avec l'Ukraine serait une terrible erreur".

Ceux qui prennent leurs distances avec l'Otan

Sur Europe 1, le 9 février, Marine Le Pen a dirigé ses flèches vers Emmanuel Macron, arrivé à Moscou "non pas comme le président français", selon elle, "mais comme le petit télégraphiste de l'Otan et de l'Union européenne". La candidate du Rassemblement national souhaite que la France quitte le commandement intégré de l'Otan car elle "n'apparaît plus comme l'arbitre qu'elle a toujours été". Lors d'une réunion à Madrid, fin janvier, elle s'était déjà démarquée des Premiers ministres hongrois et polonais, ainsi que d'autres formations souverainistes et d'extrême droite. Sensible aux arguments du Kremlin, la candidate avait refusé de signer un passage de la déclaration commune, qui affirmait que "les actions militaires de la Russie à la frontière orientale de l’Europe nous ont conduits au bord de la guerre".

Son rival Eric Zemmour fait également droit aux demandes de Moscou. "Il faut un accord pacifié, pacifique, et pour cela il y a une condition simple : il faut s'engager à ce que l'Ukraine ne rentre jamais dans l'Otan, jugeait-il début février sur France Inter. La revendication de Vladimir Poutine est tout à fait légitime." Le candidat d'extrême droite affiche son admiration pour le président russe, "un patriote" qui "défend ses intérêts et les intérêts de la Russie" contre des Etats-Unis qui viennent "asservir" l'Europe. "Moi, si j’étais le président, je dirais : 'Il n’y a plus de sanction vis-à-vis de la Russie'", a-t-il également déclaré dans "C à vous", le 23 janvier.

A gauche, certains candidats réclament une sortie de l'Otan et une logique de non alignement. "Arrêtons d’être alignés derrière la politique guerrière américaine et retrouvons notre voix", a notamment déclaré Fabien Roussel en meeting à Marseille, le 6 février. Le candidat communiste prône des "espaces de dialogue avec la Russie en tendant la main – une main ferme, mais une main ouverte !" Il réclame également un "espace de paix et de sécurité collective" pour les peuples d'Europe, incluant l'Ukraine et la Russie. En attendant, il renvoie dos à dos le bruit "des bottes des soldats russes ou celles des soldats de l’Otan".

Si Fabien Roussel refuse de trancher, l'organisation nord-atlantique est "sans aucun doute" l'agresseur dans le conflit ukrainien, selon Jean-Luc Mélenchon. Interrogé par Le Monde sur la mobilisation russe aux frontières, le candidat de La France insoumise répond : "Qui ne ferait pas la même chose avec un voisin pareil [l'Ukraine], un pays lié à une puissance qui les menace continuellement ?" Lui aussi favorable à une sortie de l'Otan, il a également estimé sur France 2 que "nous, Français, n'avons aucun intérêt à [une intégration de l'Ukraine], ça nous est complètement égal". Jean-Luc Mélenchon ajoute qu'il n'est "pas là pour défendre la Russie" et que "nous sommes dans une période de rapport de force. La position de la France, si je la préside, c'est le non-alignement."

Et ceux qui prônent une réponse européenne

"Mais qui menace la Russie aujourd'hui ?", s'agace pour sa part Yannick Jadot sur franceinfo. Le candidat écologiste affirme, au contraire, que "c'est le dictateur Vladimir Poutine qui menace la démocratie en Ukraine". Les déclarations sur l'Otan, ainsi, ne le convainquent pas. "C'est ce que relaient Zemmour, Le Pen, Mélenchon..." poursuit-il, dénonçant des "élus politiques qui veulent vassaliser la France vis-à-vis de la Russie parce qu'ils rejettent l'Union européenne". Yannick Jadot souhaite également qu'Emmanuel Macron organise un sommet européen à Kiev, afin de marquer l'unité de l'UE dans ce dossier.

Anne Hidalgo, elle aussi, prône la solidarité européenne. Fin janvier, la candidate socialiste regrettait sur RTL que l'UE soit "trop passive" dans ce dossier, alors qu'elle "doit soutenir ces peuples dans cet ancien bloc de l'Est" et "reconnaître leur aspiration à vouloir regarder du côté de l'Europe". La maire de Paris défend également le maintien de la France dans l'Otan, tout en œuvrant pour en accroître le poids et celui de l'Europe. "Face à ces personnalités qui, avec beaucoup d'agressivité type [Vladimir] Poutine ou encore [Recep Tayyip] Erdogan sur la Turquie, viennent flirter avec les règles du droit international, il faut être forts", juge-t-elle. La candidate socialiste est favorable à des sanctions en cas d'offensive militaire.

Christiane Taubira, enfin, s'est montrée discrète dans ce dossier et sa position reste donc à préciser. "Ce n'est pas au moment de la crise qu'on vient bouleverser le rapport de force", s'est contenté d'indiquer la gagnante de la Primaire populaire sur France 5, en regrettant l'insuffisance du travail diplomatique "en amont" et en prônant une plus forte implication de l'Union européenne.

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