Présidentielle 2022 : âge de départ, clause de revoyure, référendum… Comment Emmanuel Macron tente d'adoucir son discours sur les retraites
Dans un entre-deux-tours qui s'annonce serré face à Marine Le Pen, le président candidat revoit sa copie sur un projet clivant qu'il entend remettre sur la table en cas de victoire.
"Ça s'appelle écouter les Français." Au micro de franceinfo mardi 12 avril, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a mis en avant le "pragmatisme" d'Emmanuel Macron, qui s'est dit prêt, lundi, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, à "bouger" sur sa proposition clivante de réforme des retraites.
En pleine crise sanitaire, le président n'avait pas voulu relancer ce chantier, qui avait suscité un mouvement de contestation sociale. Mais le candidat LREM, lui, a remis cette "mère des réformes" de la macronie à son programme, en cas de réélection.
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Dès le premier jour de la campagne de l'entre-deux-tours, le sujet s'est imposé. Au cours de son premier déplacement dans les Hauts-de-France, à Denain et Carvin, deux villes qui ont voté d'abord pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron a été interpellé par des habitants inquiets pour leur retraite, l'amenant à ouvrir la porte à quelques concessions.
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Le président sortant s'est ainsi dit "prêt à discuter du rythme et des bornes" d'une telle réforme, estimant que celle-ci ne se ferait pas "du jour au lendemain" et se disant conscient que des "clarifications sont nécessaires". Franceinfo revient sur les aménagements avancés.
Un âge de départ "peut-être" à 64 ans
Alors qu'il veut donner des gages aux électeurs des classes populaires, notamment ceux de Jean-Luc Mélenchon, dont il a besoin pour remporter l'élection du 24 avril, Emmanuel Macron s'est dit prêt à "ouvrir très clairement la porte" à un report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, plutôt qu'à 65 ans, lors d'une interview donnée à BFMTV, lundi en début de soirée, dans un bar de Carvin.
"On ne peut pas dire le dimanche soir : 'Je veux rassembler' et, quand on va écouter les gens, dire : 'Je ne bouge pas'. Les 65 ans ne sont pas un dogme."
Emmanuel Macronlors d'un déplacement dans le Pas-de-Calais
Jusqu'à présent, le projet de réforme des retraites du président sortant tablait sur une échéance à 2030 pour porter progressivement l'âge de départ de 62 à 65 ans. Il était prévu de faire reculer cet âge de 4 mois tous les ans dès 2023.
Or, dans le but de "faire un consensus", cette échéance pourrait s'arrêter en 2027 et donc se limiter à un âge de départ à 64 ans, a expliqué Emmanuel Macron, contre 65 ans en 2032 dans son projet dévoilé il y a un mois. Sa concurrente du Rassemblement national, Marine Le Pen, l'envisage entre 60 et 62 ans, en fonction de l'âge auquel la personne a commencé à travailler.
Un possible référendum
Interrogé sur la possibilité d'avoir recours à une consultation citoyenne sur cette réforme, Emmanuel Macron a répondu qu'il "n'exclu[t] pas le référendum, pour quelque réforme que ce soit". Une proposition à laquelle "l'électorat de gauche, particulièrement [l'électorat] mélenchoniste, est assez sensible", a estimé Pascal Perrineau, politologue et professeur émérite des universités à Sciences Po, mardi sur franceinfo.
De son côté, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'est montré moins enthousiaste à l'idée d'un référendum. "Il vaut mieux trouver des compromis, a-t-il considéré sur CNews, mardi. Après, s'il n'y a pas d'autre solution, le président de la République ne l'a pas exclu, donc ce n'est pas exclu."
Une clause de revoyure en 2027
S'il est réélu, Emmanuel Macron n'écarte pas l'idée d'instaurer une clause de revoyure à son projet de réforme des retraites à la fin de son quinquennat.
"Peut-être que s'il y a trop de tensions, il faut s'arrêter en 2027, et ne pas préempter la suite [de la réforme]."
Emmanuel Macrondans le Pas-de-Calais
Charge à son successeur de gérer cet éventuel réexamen des régimes de retraites.
Quoi qu'il en soit, Gérald Darmanin l'a rappelé mardi : "Le projet de loi n'est pas écrit" et "il y aura une discussion sociale, une discussion parlementaire et une discussion politique".
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