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Présidentielle : "L'électorat de gauche est assez sensible" à un référendum sur les retraites évoqué par Emmanuel Macron, estime le politologue Pascal Perrineau

Selon lui, le président-candidat fait toutefois preuve d'une "certaine fébrilité" et pourrait toutefois se voir reprocher de changer de cap entre les deux tours. 

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron à Carvin (Pas-de-Calais), lundi 11 avril 2022. (BENOIT TESSIER / POOL)

Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon seront-ils influencés lors du second tour de la présidentielle, dimanche 24 avril, par les dernières déclarations d'Emmanuel Macron sur les retraites ? Le président-candidat s'est dit prêt lundi à faire évoluer les termes de la grande réforme prévue dans son programme en repoussant l'âge de départ à 64 ans et non plus 65 ans. Il n'exclut pas la possibilité de soumettre cette question à un référendum "s'il y a trop de tensions". Une méthode de consultation à laquelle "l'électorat de gauche, particulièrement mélenchoniste, est assez sensible", estime sur franceinfo Pascal Perrineau, politologue et professeur émérite des universités à Sciences Po.

Emmanuel Macron est-il en train de soigner sa gauche ?

De manière évidente. On a l'impression d'un président-candidat qui au premier tour s'adressait essentiellement à la droite afin de casser Les Républicains et une éventuelle dynamique autour de Valérie Pécresse. Et d'un coup, on a un candidat qui se dit que ses réserves électorales sont à gauche et qu'il faut s'adresser à elle. Il faut qu'il fasse attention car il peut y avoir l'impression d'un brusque changement de pied. Certes, le président candidat revendique son appartenance de droite et de gauche. Là, on peut dire que c'est la séquence gauche après la séquence droite.

Est-ce le signe d'une crainte chez le président sortant que tout n'est pas acquis ?

Il y a une certaine fébrilité chez le candidat-président parce qu'il sait que le rapport de force peut être serré. Ce n'est pas gagné, même si sur le papier, l'équilibre des forces lui est plutôt favorable.

Il sait que cette problématique du pouvoir d'achat qui s'est imposée à la fin de la campagne de premier tour, et qui est toujours là, est une problématique qui ne lui est pas très favorable.

Pascal Perrineau

à franceinfo

La question des retraites, c'est un dossier inflammable. Il suffit de penser à ce qui s'était passé au début de l'année 2020 juste avant la pandémie [avec plusieurs semaines de manifestations], pour voir qu'il y a là un marqueur symbolique surtout pour les électeurs de gauche dont Emmanuel Macron a besoin. Il y a 10 à 11 millions d'électeurs qui se sont retrouvés à gauche au premier tour et c'est dans ses réserves de gauche que le président-candidat a besoin de puiser.

La question de la réforme des retraites est-elle une question d'équilibre à trouver entre ses électeurs pour Emmanuel Macron ?

Il faut en effet mettre le régleur là où il doit être. On a vu que chacun fait des efforts. Il y en a un [Emmanuel Macron] qui passe de 65 à 64 ans, une [Marine Le Pen] qui passe de 60 ans pour tous à un régime beaucoup plus différencié. On a même un candidat-président qui propose un référendum, c'est assez étonnant : quelle serait la question ? C'est étrange, mais ça tombe dans l'air du temps. L'électorat de gauche, particulièrement l'électorat mélenchoniste, est assez sensible à cette démarche où on consulterait directement le peuple, en se disant que le peuple sera défavorable à un changement drastique des règles sur l'âge légal de départ à la retraite.

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