Présidentielle 2022 : à quoi pourrait ressembler le nouveau gouvernement d'Emmanuel Macron après sa réélection ?
Le président réélu pour un second mandat va désormais s'atteler à la nomination d'un nouveau Premier ministre et à la composition du gouvernement. Emmanuel Macron a promis "un nouvel élan".
"Je vais faire mes cartons, ça permet toujours de faire du tri, de ranger ses affaires, ça ne fait jamais de mal", souriait, sous les ors de son ministère, un membre du gouvernement, à quelques jours du second tour de la présidentielle. Emmanuel Macron a été réélu président de la République, dimanche 24 avril, mais une bonne partie de ses troupes est sur le départ.
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Le Premier ministre, Jean Castex, avait annoncé la couleur, dès le 19 avril sur France Inter. "Après cette réélection [d'Emmanuel Macron], dans les jours qui suivent, comme le veut la tradition, je présenterai ma démission et celle du gouvernement au président de la République", avait-il déclaré, sans attendre donc les résultats des élections législatives des 12 et 19 juin.
L'ancien maire de Prades (Pyrénées-Orientales), comme bon nombre de ministres, devrait quitter son poste. S'il peut théoriquement être reconduit, il a lui-même affirmé qu'il était "de ceux qui pensent qu'une impulsion nouvelle après la réélection du président doit être trouvée". Des propos qui résonnent avec ceux d'Emmanuel Macron dans un entretien au Figaro, le 6 avril. "Il faut toujours choisir celui ou celle qui apparaît comme le plus compatible avec ce que l'on souhaite porter à une période donnée. Cela supposera en tout cas de continuer à avancer dans le dépassement", avait-il livré à propos du choix du locataire de Matignon.
Christine Lagarde, une option trop à droite ?
En mars 2017, le candidat Macron avait émis le souhait de nommer une femme Première ministre. Un vœu pieux puisque deux hommes – Edouard Philippe et Jean Castex – se sont succédé au poste de chef de gouvernement. Cinq ans plus tard, la rumeur selon laquelle une femme pourrait être nommée à Matignon revient avec insistance. Des noms circulent sans que cela soit forcément une bonne nouvelle pour les intéressées, car les prédictions des uns et des autres se réalisent rarement.
Le nom de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE) et ex-directrice du Fonds monétaire international (FMI), a longtemps été cité. "Elle a la compétence incontestablement mais bon, j'ai l'impression que l'hypothèse s'éloigne", livre un ministre. Un proche d'Emmanuel Macron est bien plus cinglant.
"Christine Lagarde ? L'hypothèse est aussi crédible que Jean-Christophe [le président de l'UDI]."
Un proche d'Emmanuel Macronà franceinfo
Le profil de Christine Lagarde, ancienne ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, est marqué à droite. Or, Emmanuel Macron a opéré dans l'entre-deux-tours un virage à gauche dans le but de séduire l'électorat de Jean-Luc Mélenchon. Il a ainsi promis de nommer un Premier ministre "directement chargé de la planification écologique", un concept cher au leader de La France insoumise.
Elisabeth Borne, "à disposition" pour Matignon
Un autre nom est revenu dans les conversations : celui de la ministre du Travail, Elisabeth Borne. L'ex-patronne de la RATP, passée par le cabinet de Lionel Jospin à Matignon, a des arguments à faire valoir : elle est une femme identifiée à gauche et avec une sensibilité écolo après son passage au ministère de la Transition écologique. "Les deux réformes considérées comme 'impossibles" du quinquennat, sur la SNCF et l'assurance-chômage, c'est Elisabeth Borne qui les pilotait", constatait le patron des députés LREM, Christophe Castaner, dans Le Figaro.
"Cela fait cinq ans que j'accompagne Emmanuel Macron, je suis à sa disposition et il le sait", a fait savoir l'intéressée sur Sud Radio. Mais, dans les rangs de la macronie, on relativise la probabilité qu'elle soit désignée.
"C'est vrai qu'Elisabeth Borne fait campagne mais je trouve que ce n'est jamais bon signe de faire campagne pour être Premier ministre."
Un ministreà franceinfo
"Borne, ne m'en parlez pas, je n'ai pas envie d'être méchant. Les Français l'ont trop vue en tant que ministre et elle est trop technique", lâche carrément un chef de file LREM.
Julien Denormandie, un Macron "en plus jeune"
Un autre fidèle a, en ce moment, le vent en poupe : Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation. Ce fidèle d'Emmanuel Macron a les faveurs du président avec qui il travaille de longue date. Directeur de cabinet adjoint d'Emmanuel Macron à Bercy, il a démissionné en mars 2016 pour participer à la création d'En Marche !. Le quadragénaire a été de tous les gouvernements, occupant les fonctions de secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires, de ministre chargé de la Ville et du Logement, avant donc l'Agriculture depuis juillet 2020. Il avait été pressenti pour être le directeur de la campagne d'Emmanuel Macron, mais la guerre en Ukraine a empêché une formalisation des rôles de chacun.
"Julien coche toutes les cases, il tient la corde pour moi", glisse un ministre, qui se reprend tout de suite : "Ensuite, je n'ai pas envie de faire campagne, ça pourrait lui porter malheur." D'autres mettent néanmoins en garde contre le côté "copie conforme d'Emmanuel Macron". "Denormandie a un très bon profil mais il est trop semblable au chef de l'Etat, c'est le même en plus jeune", assure un historique de la macronie.
Or Emmanuel Macron a besoin de se réinventer. Lui-même a promis une nouvelle méthode de gouvernement qui associe davantage les citoyens dans la prise de décisions. Pour incarner les nouveaux visages de son second quinquennat, le président a promis, dans son interview au Figaro, "des figures qui permettent de continuer à donner une dynamique" mais aussi de "continuer de faire émerger une nouvelle génération".
"Il faudra un sursaut au lendemain de la présidentielle pour donner un nouvel élan."
Emmanuel Macronau Figaro
Combien de ministres resteront-ils à leur poste ? Combien gagneront des galons ? Ou quitteront le gouvernement ? Nul ne le sait. Un très proche d'Emmanuel Macron plaidait, avant le premier tour, pour un profond remaniement avec des profils qui ne soient pas des technocrates.
La Santé et l'Education, deux ministères qui aiguisent les appétits
Dans les couloirs des ministères, les rumeurs et les ambitions vont bon train. Les portefeuilles de la Santé et de l'Education aiguisent les appétits. "Tout le monde veut y être, c'est là où il y aura le plus de moyens", glisse une secrétaire d'Etat. Durant la campagne, Emmanuel Macron a d'ailleurs suggéré qu'il pourrait expérimenter sa nouvelle méthode de gouvernement sur ces deux thématiques. Or, à l'Education, le poste pourrait être laissé libre par Jean-Michel Blanquer après son record de longévité, selon le JDD. Olivier Véran, ministre de la Santé, pourrait quant à lui rester au gouvernement, mais à un autre poste, selon France Inter.
Plusieurs autres poids lourds seraient aussi sur le départ, selon ces deux médias : la ministre des Armées, Florence Parly, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, ou encore le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti. Les deux ministres venus de la droite, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances et Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, espèrent eux rester.
Parmi les entrants, le JDD et France Inter citent des élus locaux comme le maire d'Angers (Maine-et-Loire), Christophe Béchu, ou celui de Poissy (Yvelines), Karl Olive. Des députés LREM, tels les fidèles Roland Lescure ou Yaël Braun-Pivet, sont aussi cités. Un ministre, croisé sur le Champ-de-Mars dimanche 24 avril au moment de l'annonce de la réélection d'Emmanuel Macron, résumait, un brin ironique : "C'est le président qui décidera."
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