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Présidentielle 2017 : les cinq points faibles du candidat Macron

Sans passer par la case de la primaire à gauche, l'ancien ministre de l'Economie a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, ce mercredi 16 novembre.

Article rédigé par Ilan Caro, Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Emmanuel Macron, le 20 octobre 2016, lors d'un colloque à l'Assemblée nationale, à Paris. (MAXPPP)

Le chemin s'annonce long et semé d'embûches. Emmanuel Macron doit s'attendre à une campagne rude. La candidature de l'ancien ministre de l'Economie à la présidentielle, officialisée mercredi 16 novembre lors d'une déclaration à Bobigny (Seine-Saint-Denis), souffre de plusieurs faiblesses.

Franceinfo liste les cinq équations que devra résoudre Emmanuel Macron s'il veut devenir président de la République.

Son espace politique : saturé

Comment sortir du lot lorsque votre espace politique (situé quelque part entre le centre-droit et le centre-gauche) promet déjà d'être occupé par d'autres lors de la campagne présidentielle ? Au moment où nous écrivons ces lignes, il semble probable que son ancien mentor, François Hollande, se jettera début décembre dans la bataille de la primaire à gauche. De l'autre côté de l'échiquier politique, c'est Alain Juppé, le plus modéré des candidats de droite, soutenu par la quasi-totalité des centristes, qui fait figure de favori, tant de la primaire à droite que de l'élection présidentielle elle-même.

La date choisie par Emmanuel Macron pour officialiser sa candidature ne doit rien au hasard. En se déclarant un mois avant la date limite de dépôt des candidatures à la primaire à gauche (fixée au 15 décembre), il tente de décourager François Hollande d'y participer. Mais l'annonce est aussi une bombe vis-à-vis du calendrier de la droite, dont il espère influencer le résultat de la primaire. Concrètement, il s'agirait d'attirer à lui de potentiels électeurs d'Alain Juppé afin de favoriser une victoire de Nicolas Sarkozy. Un adversaire bien plus commode pour Emmanuel Macron. Même si cette hypothèse provoquerait également une candidature de François Bayrou, susceptible de brouiller l'offre politique au centre. Saturé, l'espace, on vous dit...

Son positionnement : ambigu

Ni vraiment à gauche, bien qu'ayant passé presque tout le quinquennat au côté de François Hollande (comme conseiller ou comme ministre), ni vraiment à droite, malgré des propositions économiques libérales… L'électron libre Macron affirme parfois "être de gauche", mais les enquêtes d'opinion montrent qu'il a davantage de succès chez les sympathisants de droite. Un paradoxe qui explique peut-être son niveau dans les sondages, qui oscille entre 10% et 15%.

Loin de susciter une large adhésion, Emmanuel Macron n'apparaît pour l'heure que comme une énième tentative centriste de briser le système bipartisan à l'œuvre depuis le début de la Ve République. Or, presque toutes ont échoué avant lui si l'on excepte Valéry Giscard d'Estaing en 1974 : Jean Lecanuet en 1965, Jacques Chaban-Delmas en 1969, Raymond Barre en 1988, François Bayrou en 2007 et 2012… "Je ne suis pas un centriste", affirmait-il début septembre au JDD. A lui de faire comprendre aux Français ce qu'il est vraiment.

Son programme : trop clivant

Le jeune candidat à l’élection présidentielle va devoir convaincre les Français avec son programme, qui oscille entre libéralisme et renouvellement du système politique. Dans une longue interview à L'Obs, l’ancien ministre a commencé à détailler les grandes pistes de son programme : flexibilité au sujet de l’âge du départ à la retraite, évolution de la carte scolaire ou encore sélection à l'université. Le libéralisme assumé est teinté de nouvelles protections, notamment pour les indépendants et tous "ceux qui, aujourd'hui, ne sont pas couverts" face aux aléas de la vie professionnelle.

Mais les propositions d’Emmanuel Macron risquent aussi de bousculer une opinion française jugée conservatrice, à l'image de son idée de modulation des 35 heures en fonction de l’âge. "On peut ainsi imaginer que les branches professionnelles négocient une possibilité pour les salariés qui le souhaiteraient de travailler moins à partir de 50 ou 55 ans (...) En revanche, quand on est jeune, 35 heures, ce n'est pas long", a déclaré à L’Obs l’ancien ministre.

Son expérience électorale : inexistante

Emmanuel Macron n’a jamais participé à la moindre élection et n’a donc jamais remporté le moindre scrutin. Ce manque d’expérience pourrait se révéler dommageable. Jamais dans l’histoire de la Ve République un candidat n’est parvenu à remporter une élection présidentielle sans être passé par une autre élection pour faire ses armes.

Dans un entretien à Yahoo!, l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing avait d’ailleurs conseillé à Emmanuel Macron d'acquérir de "l'expérience" et de mener une longue carrière de ministre avant de se présenter. Emmanuel Macron a bien été conseiller à l’Elysée et ministre de l’Economie pendant vingt mois, mais il n’a pas connu les coups bas et les épreuves d’une campagne électorale.

Ses soutiens : trop rares

Le mouvement En Marche ! revendique plus de 90 000 adhésions en ligne, indique Le Monde. Mais ce bilan chiffré est à prendre avec prudence puisqu’il s’agit d’adhésions gratuites et que rien n’indique que ce bataillon se transformera en militants de terrain le moment venu. Si Emmanuel Macron bénéficie de ses réseaux dans les milieux d'affaires, le vrai problème de l’ancien ministre reste le manque de poids lourds politiques qui ont rejoint son écurie, comme le soulignait déjà franceinfo en septembre.

L’ancien banquier a bien dévoilé un organigramme complet, avec des députés PS comme Richard Ferrand et Stéphane Travert, et peut bien se targuer de quelques soutiens politiques d’expérience, comme le maire de Lyon Gérard Collomb et le sénateur PS François Patriat. Mais l’ensemble de l’équipage semble bien léger pour manœuvrer par gros temps dans une campagne de longue durée.

Le manque d’élus dans l’équipe du mouvement En Marche ! va compliquer la tâche de l’ancien conseiller de François Hollande dans sa quête des 500 signatures, nécessaires pour déposer son dossier de candidature. La carence de soutiens politiques fait aussi planer le doute sur la capacité de l’ancien ministre à obtenir une majorité à l'Assemblée en cas de victoire, et donc à gouverner.

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