Election présidentielle : que proposent les candidats à la primaire écologiste ?
Delphine Batho, Jean-Marc Governatori, Yannick Jadot, Eric Piolle et Sandrine Rousseau vont se départager fin septembre dans une primaire. Franceinfo résume les programmes des cinq candidats.
Le scrutin est ouvert. Les cinq candidats à la primaire écologiste se soumettent au vote électronique des sympathisants. Le premier tour de ce scrutin auquel 120 000 personnes sont inscrites débute jeudi 16 septembre, jusqu'au dimanche 19. Le second tour se tiendra du 25 au 28 septembre.
Si les programmes se rapprochent sur de nombreux points, chacun tente de se démarquer. Pour convaincre les électeurs écologistes, Delphine Batho, Jean-Marc Governatori, Yannick Jadot, Eric Piolle et Sandrine Rousseau ont par ailleurs échangé au cours de trois débats. Franceinfo détaille les programmes.
Delphine Batho, la décroissante
"100% Ă©cologie intĂ©grale, 100% laĂŻque, 100% Ă©cofĂ©ministe", annonce la prĂ©sidente de GĂ©nĂ©ration Ecologie dans un tract de campagne. Avec l'Ă©cologie intĂ©grale, elle entend aborder tous les enjeux de la sociĂ©tĂ© (Ă©conomiques, sociaux, sanitairesâŠ) sous l'angle environnemental. L'ancienne ministre de l'Ecologie de François Hollande dĂ©fend aussi le concept de la dĂ©croissance dans sa campagne. "La dĂ©croissance est le seul chemin qui permet de rĂ©duire les Ă©missions de gaz Ă effet de serre Ă une rapiditĂ© suffisante au regard du rapport du Giec", explique Delphine Batho Ă franceinfo.
"Chaque fois qu'on parle d'augmenter le PIB, cela revient Ă augmenter la production et la consommation et donc les Ă©missions de gaz Ă effet de serre."
Delphine BathoĂ franceinfo
Pour la candidate, l'écologie n'est pas compatible avec la croissance économique. "Cela me paraßt important de situer le choix de l'élection présidentielle comme un choix du stop ou encore par rapport à un modÚle économique destructeur pour l'environnement, ajoute-t-elle. Beaucoup de gens font de la décroissance tous les jours sans s'en rendre compte, quand on achÚte un objet d'occasion, par exemple."
Delphine Batho n'a pas encore détaillé de propositions concrÚtes. "Pour l'instant, je développe un projet de société et une vision de l'avenir de la France, justifie-t-elle. Comme j'entends abolir le présidentialisme, le programme doit s'écrire par la suite avec les citoyens dans une démarche collective." En cas de victoire à la primaire, elle souhaite ainsi s'appuyer sur des assemblées citoyennes à l'échelle des territoires, guidées par un comité scientifique, pour bùtir son programme.
Jean-Marc Governatori, le centriste
Le coprĂ©sident du parti Cap Ecologie manque de notoriĂ©tĂ©, mais il estime tout de mĂȘme ĂȘtre le seul capable de rassembler les Ă©cologistes. Le conseiller municipal de Nice est pourtant loin de faire l'unanimitĂ© dans sa famille politique, notamment en raison de propos anti-vaccin. EcartĂ© puis rĂ©intĂ©grĂ© par la justice dans la primaire, Jean-Marc Governatori se pose en unique candidat centriste. "Mes quatre concurrents sont tous Ă gauche et ils veulent rassembler la gauche, mais le pays est clairement Ă droite", analyse-t-il auprĂšs de franceinfo.
"Je suis lĂ pour rassembler les Ă©cologistes et seul un Ă©cologiste centriste peut le faire."
Jean-Marc GovernatoriĂ franceinfo
Cet ancien entrepreneur dans les meubles discount mise en premier lieu sur un grand débat national sur l'éducation nationale de six mois, qui concernera à la fois les horaires, les programmes, les systÚmes de notation⊠A l'issue du débat, un référendum sera organisé pour valider les différentes options. Il souhaite aussi promouvoir l'économie circulaire afin de faire en sorte que "100% des déchets soient recyclés au terme du mandat".
Sur le plan des institutions, il souhaite la reconnaissance du vote blanc, la mise en place du référendum d'initiative citoyenne (principale revendication du mouvement des "gilets jaunes"), l'instauration de la proportionnelle aux élections législatives, mais également l'installation d'un triumvirat de Premiers ministres. "On aurait un président de représentation, type Nicolas Hulot qui serait trÚs bien, et trois Premiers ministres élus par l'Assemblée nationale, le Sénat et une troisiÚme assemblée de citoyens tirés au sort", explique-t-il.
Yannick Jadot, le médiatique
Il a le visage le plus connu de la compétition, mais les sympathisants écologistes ont souvent choisi de balayer les favoris lors des primaires. Pour convaincre sa famille politique, l'eurodéputé Yannick Jadot formule sur son site de campagne quinze propositions concrÚtes. Il compte investir 50 milliards par an, dont 20 milliards pour "la reconstruction verte de l'économie". Il s'agit notamment de "rendre la rénovation thermique des logements accessible à tous" ou encore d'interdire "la vente des voitures diesel et thermiques classiques à partir de 2030", et non pas en 2035 comme le souhaite l'Union européenne.
"On a prÚs de 5 millions de passoires thermiques dans notre pays et 12% de la population en précarité énergétique."
Yannick Jadotsur franceinfo
Yannick Jadot compte aussi sortir "progressivement" de l'élevage industriel, sanctuariser la biodiversité et approvisionner l'ensemble des cantines scolaires avec des "produits biologiques, de qualité et locaux". Le député européen propose de conditionner la totalité des aides publiques aux entreprises "au respect du climat, du progrÚs social et de l'égalité entre les femmes et les hommes".
En matiÚre d'emploi, il souhaite "créer un contrat de sécurisation et de transition professionnelle" pour lutter contre le chÎmage dans les secteurs en conversion. Il défend aussi un droit au télétravail et l'idée d'un revenu citoyen dÚs 18 ans, en fusionnant le RSA et la prime d'activité. "Le socle est immédiatement porté à 665 euros, dans une premiÚre étape, pour une personne seule", selon le candidat. A terme, le montant doit progressivement atteindre 860 euros, au-dessus du seuil de pauvreté.
Au niveau de la fiscalité, il réclame un nouvel impÎt sur le patrimoine et une baisse de la TVA sur "les produits et services contribuant à des objectifs sanitaires, culturels et environnementaux". Enfin, sur le plan des institutions, il suggÚre un scrutin proportionnel aux élections législatives.
Eric Piolle, le challenger
Le maire de Grenoble a dĂ©voilĂ© son programme mi-aoĂ»t Ă travers un plan (PDF) "pour une transition Ă©cologique gĂ©nĂ©ratrice d'emplois et de justice sociale". Pour lutter contre le rĂ©chauffement climatique, la France doit atteindre une neutralitĂ© climatique dĂšs 2045, selon le candidat. Il prĂ©voit pour cela de diminuer de 55% les Ă©missions nationales et de 27% les Ă©missions importĂ©es de la France dĂšs 2030. "Aujourd'hui, il y a une majoritĂ© culturelle dans notre pays (âŠ) qui souhaite un vrai changement", confie le candidat aux journaux du groupe Ebra (lien abonnĂ©s).
"Le sentiment d'insécurité climatique est majeur et les Français attendent des actions."
Eric Piolleaux journaux du groupe Ebra
Pour cela, il souhaite "sortir de l'élevage industriel d'ici à 2030", rendre obligatoires les options végétariennes en restauration collective et limiter l'usage des engrais de synthÚse aux agriculteurs. CÎté énergie, le candidat à la primaire propose d'interdire l'installation des chaudiÚres au fioul dÚs 2022, de stopper les derniÚres centrales à charbon du pays, de développer l'éolien et d'"accompagner la sortie du nucléaire en soutenant la reconversion". Il souhaite aussi investir trois milliards d'euros supplémentaires par an pour le ferroviaire et interdire les vols aériens intérieurs si les trajets peuvent se faire en moins de 4h30 en train (contre 2h30 pour la loi Climat).
Sur le plan économique, l'ancien ingénieur table sur la création de 1,5 million d'emplois "grùce à la transition écologique", propose un "ISF climatique pour taxer les plus 'pollueurs' des particuliers", et prévoit d'"augmenter drastiquement l'impÎt sur les revenus les plus hauts". Il prÎne aussi un revenu minimum garanti dÚs 18 ans et une revalorisation des salaires "d'au moins 10%". Il propose également d'instaurer le référendum d'initiative citoyenne (principale revendication du mouvement des "gilets jaunes") et compte allouer une enveloppe d'un milliard d'euros pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Sandrine Rousseau, l'écoféministe
L'ancienne numéro 2 d'Europe-Ecologie Les Verts a développé son programme autour de quatre thÚmes, avec en premier lieu "la radicalité environnementale". "La radicalité renvoie au terme de racine, explique la candidate à franceinfo. Il s'agit notamment de réfléchir à ce qui est indispensable à nos vies, ce qui est superflu et dont on doit apprendre à se passer."
La vice-présidente de l'université de Lille alerte l'opinion sur l'urgence climatique. "Nous avons cinq ans si nous voulons protéger nos enfants et nos vies, explique-t-elle à France Bleu. On l'a vu cet été, les catastrophes naturelles partout dans le monde se sont exacerbées, ont augmenté, se sont aggravées, donc on n'a pas tellement de choix."
"Toutes les mesures à prendre ne seront pas forcément des mesures trÚs agréables."
Sandrine RousseauĂ France Bleu
L'économiste souhaite mettre "en place une taxation carbone des entreprises, remplaçant une partie des taxes sur la production", et vise la production d'une énergie d'origine 100% renouvelable d'ici à 2050. Elle compte également reprendre "sans filtre" l'ensemble des propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Elle propose aussi un revenu d'existence dÚs 18 ans, au moins du niveau du RSA, et milite pour une réduction du temps de travail en allant notamment vers la semaine de quatre jours.
Sandrine Rousseau souhaite également une réforme des institutions via une convention citoyenne chargée de réfléchir à une nouvelle République. Elle propose ainsi de créer une chambre citoyenne au Parlement composée de personnes tirées au sort. Elle appuie aussi son discours autour de "l'écoféminisme". "L'écologie, ce n'est pas des hommes blancs à vélo dans les villes", déclare la candidate. "Il n'y a pas de transformation d'ampleur sans transformation de la structure du pouvoir, qui est aujourd'hui dominée par les hommes et cela fait partie du problÚme", explique-t-elle à franceinfo.
Commentaires
Connectez-vous Ă votre compte franceinfo pour participer Ă la conversation.