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Election présidentielle : que proposent les candidats à la primaire écologiste ?

Delphine Batho, Jean-Marc Governatori, Yannick Jadot, Eric Piolle et Sandrine Rousseau vont se départager fin septembre dans une primaire. Franceinfo résume les programmes des cinq candidats.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8 min
Montage de Jean-Marc Governatori, Delphine Batho, Yannick Jadot, Eric Piolle et Sandrine Rousseau (de gauche à droite), lors des journées d'été des écologistes, le 20 et le 21 août 2021, à Poitiers (Vienne). (MAXPPP)

Le scrutin est ouvert. Les cinq candidats à la primaire écologiste se soumettent au vote électronique des sympathisants. Le premier tour de ce scrutin auquel 120 000 personnes sont inscrites débute jeudi 16 septembre, jusqu'au dimanche 19. Le second tour se tiendra du 25 au 28 septembre.

Si les programmes se rapprochent sur de nombreux points, chacun tente de se démarquer. Pour convaincre les électeurs écologistes, Delphine Batho, Jean-Marc Governatori, Yannick Jadot, Eric Piolle et Sandrine Rousseau ont par ailleurs échangé au cours de trois débats. Franceinfo détaille les programmes.

Delphine Batho, la décroissante

Delphine Batho lors d'une distribution de tracts, le 31 août 2021, à la gare du Nord, à Paris. (ISA HARSIN / SIPA)

"100% écologie intégrale, 100% laïque, 100% écoféministe", annonce la présidente de Génération Ecologie dans un tract de campagne. Avec l'écologie intégrale, elle entend aborder tous les enjeux de la société (économiques, sociaux, sanitaires…) sous l'angle environnemental. L'ancienne ministre de l'Ecologie de François Hollande défend aussi le concept de la décroissance dans sa campagne. "La décroissance est le seul chemin qui permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre à une rapidité suffisante au regard du rapport du Giec", explique Delphine Batho à franceinfo.

"Chaque fois qu'on parle d'augmenter le PIB, cela revient à augmenter la production et la consommation et donc les émissions de gaz à effet de serre."

Delphine Batho

à franceinfo

Pour la candidate, l'écologie n'est pas compatible avec la croissance économique. "Cela me paraît important de situer le choix de l'élection présidentielle comme un choix du stop ou encore par rapport à un modèle économique destructeur pour l'environnement, ajoute-t-elle. Beaucoup de gens font de la décroissance tous les jours sans s'en rendre compte, quand on achète un objet d'occasion, par exemple."

Delphine Batho n'a pas encore détaillé de propositions concrètes. "Pour l'instant, je développe un projet de société et une vision de l'avenir de la France, justifie-t-elle. Comme j'entends abolir le présidentialisme, le programme doit s'écrire par la suite avec les citoyens dans une démarche collective." En cas de victoire à la primaire, elle souhaite ainsi s'appuyer sur des assemblées citoyennes à l'échelle des territoires, guidées par un comité scientifique, pour bâtir son programme.

Jean-Marc Governatori, le centriste

Jean Marc Governatori lors des journées d'été des écologistes, le 20 août 2021, à Poitiers (Vienne). (HARSIN ISABELLE / NOSSANT / SIPA)

Le coprésident du parti Cap Ecologie manque de notoriété, mais il estime tout de même être le seul capable de rassembler les écologistes. Le conseiller municipal de Nice est pourtant loin de faire l'unanimité dans sa famille politique, notamment en raison de propos anti-vaccin. Ecarté puis réintégré par la justice dans la primaire, Jean-Marc Governatori se pose en unique candidat centriste. "Mes quatre concurrents sont tous à gauche et ils veulent rassembler la gauche, mais le pays est clairement à droite", analyse-t-il auprès de franceinfo.

"Je suis là pour rassembler les écologistes et seul un écologiste centriste peut le faire."

Jean-Marc Governatori

à franceinfo

Cet ancien entrepreneur dans les meubles discount mise en premier lieu sur un grand débat national sur l'éducation nationale de six mois, qui concernera à la fois les horaires, les programmes, les systèmes de notation… A l'issue du débat, un référendum sera organisé pour valider les différentes options. Il souhaite aussi promouvoir l'économie circulaire afin de faire en sorte que "100% des déchets soient recyclés au terme du mandat".

Sur le plan des institutions, il souhaite la reconnaissance du vote blanc, la mise en place du référendum d'initiative citoyenne (principale revendication du mouvement des "gilets jaunes"), l'instauration de la proportionnelle aux élections législatives, mais également l'installation d'un triumvirat de Premiers ministres. "On aurait un président de représentation, type Nicolas Hulot qui serait très bien, et trois Premiers ministres élus par l'Assemblée nationale, le Sénat et une troisième assemblée de citoyens tirés au sort", explique-t-il.

Yannick Jadot, le médiatique

Yannick Jadot lors des journées d'été des écologistes, le 20 août 2021, à Poitiers (Vienne). (FREDERIC PETRY / HANS LUCAS / AFP)

Il a le visage le plus connu de la compétition, mais les sympathisants écologistes ont souvent choisi de balayer les favoris lors des primaires. Pour convaincre sa famille politique, l'eurodéputé Yannick Jadot formule sur son site de campagne quinze propositions concrètes. Il compte investir 50 milliards par an, dont 20 milliards pour "la reconstruction verte de l'économie". Il s'agit notamment de "rendre la rénovation thermique des logements accessible à tous" ou encore d'interdire "la vente des voitures diesel et thermiques classiques à partir de 2030", et non pas en 2035 comme le souhaite l'Union européenne.

"On a près de 5 millions de passoires thermiques dans notre pays et 12% de la population en précarité énergétique."

Yannick Jadot

sur franceinfo

Yannick Jadot compte aussi sortir "progressivement" de l'élevage industriel, sanctuariser la biodiversité et approvisionner l'ensemble des cantines scolaires avec des "produits biologiques, de qualité et locaux". Le député européen propose de conditionner la totalité des aides publiques aux entreprises "au respect du climat, du progrès social et de l'égalité entre les femmes et les hommes".

En matière d'emploi, il souhaite "créer un contrat de sécurisation et de transition professionnelle" pour lutter contre le chômage dans les secteurs en conversion. Il défend aussi un droit au télétravail et l'idée d'un revenu citoyen dès 18 ans, en fusionnant le RSA et la prime d'activité. "Le socle est immédiatement porté à 665 euros, dans une première étape, pour une personne seule", selon le candidat. A terme, le montant doit progressivement atteindre 860 euros, au-dessus du seuil de pauvreté.

Au niveau de la fiscalité, il réclame un nouvel impôt sur le patrimoine et une baisse de la TVA sur "les produits et services contribuant à des objectifs sanitaires, culturels et environnementaux". Enfin, sur le plan des institutions, il suggère un scrutin proportionnel aux élections législatives.

Eric Piolle, le challenger

Eric Piolle lors d'une dédicace pour son livre "De l'espoir ! - Pour une république écologique" aux journées d'été des écologistes, le 21 août 2021, à Poitiers (Vienne). (HARSIN ISABELLE / NOSSANT / SIPA)

Le maire de Grenoble a dévoilé son programme mi-août à travers un plan (PDF)  "pour une transition écologique génératrice d'emplois et de justice sociale". Pour lutter contre le réchauffement climatique, la France doit atteindre une neutralité climatique dès 2045, selon le candidat. Il prévoit pour cela de diminuer de 55% les émissions nationales et de 27% les émissions importées de la France dès 2030. "Aujourd'hui, il y a une majorité culturelle dans notre pays (…) qui souhaite un vrai changement", confie le candidat aux journaux du groupe Ebra (lien abonnés).

"Le sentiment d'insécurité climatique est majeur et les Français attendent des actions."

Eric Piolle

aux journaux du groupe Ebra

Pour cela, il souhaite "sortir de l'élevage industriel d'ici à 2030", rendre obligatoires les options végétariennes en restauration collective et limiter l'usage des engrais de synthèse aux agriculteurs. Côté énergie, le candidat à la primaire propose d'interdire l'installation des chaudières au fioul dès 2022, de stopper les dernières centrales à charbon du pays, de développer l'éolien et d'"accompagner la sortie du nucléaire en soutenant la reconversion". Il souhaite aussi investir trois milliards d'euros supplémentaires par an pour le ferroviaire et interdire les vols aériens intérieurs si les trajets peuvent se faire en moins de 4h30 en train (contre 2h30 pour la loi Climat).

Sur le plan économique, l'ancien ingénieur table sur la création de 1,5 million d'emplois "grâce à la transition écologique", propose un "ISF climatique pour taxer les plus 'pollueurs' des particuliers", et prévoit d'"augmenter drastiquement l'impôt sur les revenus les plus hauts". Il prône aussi un revenu minimum garanti dès 18 ans et une revalorisation des salaires "d'au moins 10%". Il propose également d'instaurer le référendum d'initiative citoyenne (principale revendication du mouvement des "gilets jaunes") et compte allouer une enveloppe d'un milliard d'euros pour lutter contre les violences faites aux femmes.

Sandrine Rousseau, l'écoféministe

Sandrine Rousseau lors des journées d'été des écologistes, le 20 août 2021, à Poitiers (Vienne). (HARSIN ISABELLE / NOSSANT / SIPA)

L'ancienne numéro 2 d'Europe-Ecologie Les Verts a développé son programme autour de quatre thèmes, avec en premier lieu "la radicalité environnementale". "La radicalité renvoie au terme de racine, explique la candidate à franceinfo. Il s'agit notamment de réfléchir à ce qui est indispensable à nos vies, ce qui est superflu et dont on doit apprendre à se passer."

La vice-présidente de l'université de Lille alerte l'opinion sur l'urgence climatique. "Nous avons cinq ans si nous voulons protéger nos enfants et nos vies, explique-t-elle à France Bleu. On l'a vu cet été, les catastrophes naturelles partout dans le monde se sont exacerbées, ont augmenté, se sont aggravées, donc on n'a pas tellement de choix."

"Toutes les mesures à prendre ne seront pas forcément des mesures très agréables."

Sandrine Rousseau

à France Bleu

L'économiste souhaite mettre "en place une taxation carbone des entreprises, remplaçant une partie des taxes sur la production", et vise la production d'une énergie d'origine 100% renouvelable d'ici à 2050. Elle compte également reprendre "sans filtre" l'ensemble des propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Elle propose aussi un revenu d'existence dès 18 ans, au moins du niveau du RSA, et milite pour une réduction du temps de travail en allant notamment vers la semaine de quatre jours.

Sandrine Rousseau souhaite également une réforme des institutions via une convention citoyenne chargée de réfléchir à une nouvelle République. Elle propose ainsi de créer une chambre citoyenne au Parlement composée de personnes tirées au sort. Elle appuie aussi son discours autour de "l'écoféminisme". "L'écologie, ce n'est pas des hommes blancs à vélo dans les villes", déclare la candidate. "Il n'y a pas de transformation d'ampleur sans transformation de la structure du pouvoir, qui est aujourd'hui dominée par les hommes et cela fait partie du problème", explique-t-elle à franceinfo.

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