Municipales à Paris : face à NKM, à quoi joue Charles Beigbeder ?
L'homme d'affaires, éjecté des places éligibles sur les listes UMP de Nathalie Kosciusko-Morizet, a lancé mardi sa campagne, intitulée "Paris libéré". Un pas de plus vers la division de la droite dans la capitale.
Le symbole est presque trop gros. Pour lancer sa campagne municipale, le dissident UMP Charles Beigbeder avait donné rendez-vous à la presse, mardi 7 janvier, dans un café situé juste en face de l'hôtel de ville de Paris. Comme pour dissiper tout doute sur sa détermination à mener la bataille jusqu'au bout contre Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet.
Et pourtant, tout avait bien commencé avec NKM. Il y a un mois, l'homme d'affaires était encore pressenti pour figurer en deuxième position sur la liste UMP du 8e arrondissement derrière Martine Mérigot. Mais patatras : mi-décembre, le parti a finalement décidé de le rétrograder en quatrième place (donc non éligible au Conseil de Paris), au profit du fillonniste Pierre Lellouche.
Objectif : des listes dans tous les arrondissements
Furieux, Charles Beigbeder, proche de Jean-François Copé, a aussitôt annoncé qu'il mènerait lui-même une liste dissidente dans cet arrondissement, seul espoir pour lui d'être élu. Mais sa colère ne s'est pas arrêtée à son cas personnel. Pour punir NKM, l'entrepreneur s'est mis en tête de devenir la tête de pont des dissidents qui s'étaient déjà lancés dans d'autres arrondissements. Désormais, Charles Beigbeder vise rien de moins que l'hôtel de ville, et projette de présenter une liste dans chacun des vingt arrondissements de la capitale sous la bannière Paris libéré, son slogan.
"Aujourd'hui, dix arrondissements sont représentés", s'est réjoui Charles Beigbeder mardi. En réalité, à ce jour, des têtes de liste ont été désignées dans à peine huit d'entre eux. Ailleurs, "les discussions continuent", reconnaît-il.
Pour l'instant, ses plus grands espoirs se situent dans le 8e, où il se présente, et dans le 15e, où la copéiste Géraldine Poirault-Gauvin défie le maire sortant Philippe Goujon, très proche de François Fillon. La candidate se dit "persuadée d'atteindre les 10%" nécessaires à une qualification pour le second tour. Mi-décembre, un sondage Ifop-JDD ne la créditait cependant que de 2,5%.
Anne Hidalgo ou NKM : qui est l'adversaire ?
Si ses chances d'accéder au fauteuil de maire semblent faibles, Charles Beigbeder peut-il au moins peser sur l'élection ? "Nous ne sommes pas des supplétifs, nous pouvons créer la surprise", veut-il croire. A savoir : franchir les 10% dans certains arrondissements clés pour obliger NKM à accepter un rassemblement au second tour. Entre 5% et 10%, la fusion des listes est théoriquement possible, mais le pouvoir de nuisance des listes Beigbeder ne suffira peut-être pas à faire plier NKM.
Car, officiellement, l'ennemie publique numéro 1 reste la socialiste Anne Hidalgo. Les candidats de Paris libéré jurent la main sur le cœur qu'il ne s'agit pas de faire perdre NKM ("elle a déjà perdu", taclent-ils en privé), mais au contraire "d'élargir le spectre de la droite" afin de capter davantage d'électeurs.
Mais certains signes ne trompent pas. Mardi, lors de leur conférence de presse, Beigbeder et les siens ont multiplié les attaques contre la candidate de l'UMP. Serge Federbusch, tête de liste Paris libéré dans le 10e, a osé une comparaison entre la "marchandise frelatée Hidalgo" et la "marchandise faisandée NKM". Thomas Rebaud, 26 ans, tête de liste dans le 17e arrondissement, a accusé NKM d'avoir investi "un régiment de parachutistes" dans Paris.
En allant au bout de sa démarche, Charles Beigbeder sait qu'il prend le risque d'être mis au ban de sa famille politique et de passer pour le fossoyeur d'une reconquête qui était à portée de main. Mardi, l'UMP a tenté de rabibocher tout le monde en proposant à Beigbeder une place de numéro 3 sur une liste qui serait conduite par Pierre Lellouche. "Je dis 'non' !" a répondu l'intéressé. Il précise s'être "mis en retrait" de l'UMP. "Je vais être suspendu puis exclu", affirme-t-il sans émotion particulière. Jean-François Copé, qu'il a eu au téléphone vendredi, "désapprouve totalement" son initiative. "Après aujourd'hui [mardi 7 janvier], ce sera encore plus le cas", prévoit Charles Beigbeder. Qui semble avoir définitivement choisi son camp.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.