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Municipales 2020 à Nice : tout savoir sur les enjeux du scrutin, même si vous étiez parti vivre sur une île déserte

Depuis que son ennemi juré Eric Ciotti s'est mis hors course, le maire sortant LR Christian Estrosi a un boulevard (pardon, une promenade) devant lui pour décrocher un troisième mandat.

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La baie des Anges à Nice (Alpes-Maritimes), le 5 avril 2019. (CAVALIER MICHEL / HEMIS.FR / HEMIS.FR)

"Je vous propose de continuer ensemble." C'est avec une vidéo de 57 secondes, où il apparaît à la toute fin, que Christian Estrosi a annoncé qu'il était candidat à sa réélection pour les élections municipales à Nice (Alpes-Maritimes), les 15 et 22 mars. Soutenu par Les Républicains, il fait une nouvelle fois figure d'ultra-favori. Aucun des sept candidats sur sa route ne semble en mesure de faire tomber l'ancien champion de moto. Franceinfo vous aide à y voir plus clair.

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Qui est le maire en place (et veut-il rester) ?

Voilà douze ans que Christian Estrosi, élu en 2008 puis réélu en 2014, est fidèle au poste à la mairie de Nice. Aucun accroc, si ce n'est en juin 2016, lorsque ce Niçois d'origine a dû laisser le fauteuil à son premier adjoint, loi sur le cumul des mandats oblige. Il le récupérera onze mois plus tard, après avoir abandonné la présidence du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur. 

Christian Estrosi se sent tellement bien à la tête de la cinquième ville de France qu'il a décidé mi-janvier de se représenter pour un troisième mandat. A vrai dire, sa candidature ne faisait aucun doute. On attendait simplement de savoir si son ennemi juré, Eric Ciotti, allait oser se mettre en travers de sa route. Finalement non : le député LR de la première circonscription des Alpes-Maritimes a préféré descendre du ring avant que le match commence. Pour rester six ans de plus à la tête de Nice, Christian Estrosi peut compter sur le soutien des Républicains et des centristes. 

Qu'est-ce qu'on retient de son mandat ?

Son deuxième mandat a essentiellement été marqué par l'achèvement des lignes 2 et 3 du tramway. "C'est quand même l'investissement le plus lourd, le chantier le plus complexe qui nécessitait de ma part beaucoup d'attention", explique-t-il à 20 minutes.

Christian Estrosi, le maire de Nice (Alpes-Maritimes), inaugure une station de la ligne 2 du tramway, le 21 mars 2019.  (MAXPPP)

L'ex-ministre sarkozyste se dit aussi fier de sa cuisine centrale zéro plastique, "la première en France", "qui sert aujourd'hui 28 000 repas par jour." "C'est l'investissement le plus lourd de la municipalité parce que, pour moi, la nutrition des enfants dont j'ai la charge, c'est une priorité", se félicite l'ancien quadruple champion de France de moto entré au conseil municipal en 1983. A la mi-octobre 2019, un sondage Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo, France Bleu et Nice-Matin faisait ressortir que huit Niçois sur dix jugeaient son bilan positif. 

Et l'opposition, qu'est-ce qu'elle en dit ?

Quand Christian Estrosi s'est déclaré, l'opposition a fait mine d'être étonnée. "Quelle surprise", a tweeté Philippe Vardon, le candidat du Rassemblement national. "C'est un non-événement", a jugé de son côté le socialiste Patrick Allemand.

Sur le bilan de son mandat, ce dernier est beaucoup plus dur. Pour lui, les baisses d'impôts adoptées dès 2020 par le maire sortant se font sur le dos des autres habitants de l'agglomération. "Il y a deux ans, il y a eu la création d'un impôt important : la part métropolitaine dans la taxe foncière sur les propriétés bâties. Cela correspond au prélèvement dans la poche des contribuables de toute la métropole de 63 millions d’euros", a-t-il assuré sur France BleuDit autrement, ce sont les contribuables des communes d'Eze, Isola ou Saint-Martin-Vésubie qui mettent la main à la poche pour financer les projets de Christian Estrosi.

Benoît Kandel est entièrement d'accord. "L'état de la ville de Nice paraît très inquiétant. Christian Estrosi a endetté la Métropole et la ville de Nice", s'agace le candidat du Centre national des indépendants et paysans (Cnip). Dans La Croix, le RN Philippe Vardon va même jusqu'à comparer le maire de Nice avec la maire de Paris, Anne Hidalgo.

Christian Estrosi veut transformer à marche forcée Nice en une métropole comme une autre, sans âme ni caractère, y chassant les familles et les automobilistes : c'est Estrosidalgo !

Philippe Vardon, candidat RN

à "La Croix"

Qui veut devenir maire à la place du maire ?

Ils sont sept face à Christian Estrosi. A commencer par l'iconoclaste Jean-Marc Governatori, choisi par EELV pour mener la bataille verte. A l'extrême gauche, la liste Viva !, soutenue par La France insoumise et le PCF, est portée par Mireille Damiano, l'avocate emblématique de la cause des migrants. Estelle Jaquet, enseignante dans la vie, porte la liste Lutte ouvrière. Quant à Patrick Allemand, seul rescapé du cru 2014, il a fini par être investi par le Parti socialiste après quelques péripéties internes. 

A l'extrême droite, Philippe Vardon prend cette année le relais de Marie-Christine Arnautu. L'actuel conseiller régional, qui a déjà tenté sa chance en 2008 (3,03%) et 2014 (4,43%), trouvera sur sa droite Valery Sohm pour l'Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau, et Benoît Kandel qui a reçu le soutien de Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan. 

En bref, qui propose quoi ?

Les Niçois veulent de la sécurité. C'est en tout cas ce qui ressortait du sondage Ipsos-Sopra Steria publié mi-octobre dernier. Ils étaient 45% à mettre cette thématique en tête de leurs attentes. Derrière, viennent la circulation et le stationnement (39%), la propreté (38%), l'environnement et la lutte contre la pollution (32%). A titre de comparaison nationale, les attentes des habitants des grandes villes de plus de 50 000 habitants sont la sécurité (44%), l'environnement et la lutte contre la pollution (39%) et la circulation et le stationnement (36%).

S'il est réélu pour un troisième mandat, le maire sortant promet moins de gros travaux... mais il envisage de raser le célèbre palais Acropolis et le théâtre national de Nice pour pouvoir poursuivre sa coulée verte. Une annonce qui a fait l'effet d'une petite bombe. "C'est un nouveau gouffre financier qui s'annonce, rit jaune le socialiste Patrick Allemand. On pensait en avoir terminé avec la folie des grandeurs avec le souterrain de la ligne 2 du tram qui a endetté la ville et la métropole à hauteur de deux milliards d'euros, mais le père de la dette est de retour !" 

Le théâtre national de Nice (Alpes-Maritimes), le 2 février 2017. (MAXPPP)

L'écolo Jean-Marc Governatori a lui aussi en travers de la gorge le chantier du tramway, "ce tram qui a ruiné le commerce de centre-ville et qui pourrit la vie des Niçois", s'énerve-t-il dans 20 minutes. Il aurait préféré "des lignes de bus en site propre et qui fonctionnent à l'éthanol." Le cofondateur de l'entreprise d'ameublement Fly veut doter Nice "d'une monnaie locale forte", "développer l'agriculture urbaine""multiplier les Amap, les ressourceries et les recycleries" et "mettre en avant l'autopartage individuel." 

Il ne faut pas croire qu'on est des magiciens, donc on ne va pas tout résoudre d'un seul coup. Mais en un mandat, on peut faire plus que ce qu'a fait monsieur Estrosi en deux.

Jean-Marc Governatori, candidat écologiste

à "20 minutes"

L'avocate et syndicaliste Mireille Damiano veut, elle, "porter la parole citoyenne". Son programme, dont le slogan est "Démocratie, Ecologie, Solidarité", s’oppose ouvertement à la politique de l'actuel maire. "Bétonisation forcenée, extension de l'aéroport, basculement dans le sur-tourisme, fuite en avant dans le tout sécuritaire, exclusion des plus démunis et rejet de l'autre... Nous refusons cette logique du pire", annonce-t-elle dans un post de blog publié sur Mediapart

Enfin, Philippe Vardon a choisi, lui, de mettre le paquet sur l'insécurité, l'un des thèmes de prédilection de son parti, le Rassemblement national. "Avec nous, les dealers ne feront plus la loi dans certains quartiers, promet-il. Il n'y aura plus de mosquée dans des locaux municipaux", détaille-t-il dans Nice-Matin. Avant d'ajouter : "Moi, mon modèle, c'est [l'Italien Matteo] Salvini, qui a permis de diminuer de 85% le nombre de migrants en Italie et de diminuer de moitié le nombre de morts en Méditerranée. Pas Sarkozy, qui a supprimé 70 000 postes dans les forces de l'ordre." 

Philippe Vardon, candidat du Rassemblement national à Nice (Alpes-Maritimes), le 10 septembre 2019. (MAXPPP)

Qui a ses chances d'être élu ?

Depuis que son ennemi juré Eric Ciotti s'est mis hors course, Christian Estrosi a clairement un boulevard (pardon, une promenade) devant lui pour conserver son fauteuil de maire dans cette ville qui vote traditionnellement à droite. Le sondage Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo, France Bleu et Nice-Matin publié mi-octobre 2019 le plaçait largement en tête, quel que soit le cas de figure. Il pourrait même être élu dès le premier tour, ce qu'il n'avait pas réussi à faire en 2014. Cette année-là, le scrutin avait débouché, au second tour, sur une quadrangulaire. L'intéressé avait décroché son deuxième mandat avec 48,61% des suffrages.

Pour la petite histoire...

Juste le temps de vous glisser que Christian Estrosi a passé les toutes premières heures de sa campagne au côté d'un ancien président de la République. Dès le lendemain de sa candidature officielle, c'est en effet en compagnie de son ami Nicolas Sarkozy (dont il a été ministre) qu'il a inauguré le parc du Ray. Il est fort possible que tous les deux aient parlé vélo, leur passion commune. Et peut-être même du prochain départ du Tour de France qui aura lieu, devinez où : à Nice, le 27 juin. 

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