Résultats des législatives 2024 : Les Républicains limitent la casse au premier tour, mais restent en sursis
Après une campagne éclair pourrie par l'alliance explosive entre leur président, Eric Ciotti, et le Rassemblement national (RN), Les Républicains (LR) et le bloc divers droite sont parvenus à engranger 10,2% des suffrages au premier tour des élections législatives, dimanche 30 juin, selon des résultats quasi définitifs communiqués lundi par le ministère de l'Intérieur.
Ce score leur permet d'espérer 41 à 61 sièges, selon une estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP, alors que LR comptait 61 députés sortants. Même s'il peut encore sauver les meubles à l'issue du second tour, dimanche 7 juillet, le parti de droite risque de se retrouver plus isolé dans la prochaine Assemblée nationale.
"LR maintient sa position, comme lors des européennes [7,25%], et fait même légèrement mieux que ce qu'indiquaient les sondages", note le politologue Olivier Rouquan. "C'est dû à l'ancrage territorial et à la bonne implantation que conserve ce parti", explique le chercheur associé au chercheur associé au Centre d'études et de recherches de sciences administratives et politiques (Cersa).
Ces atouts permettent à la droite de limiter la casse au soir du premier tour, alors que l'alliance nouée par Eric Ciotti avec le RN a fait imploser le parti à moins de vingt jours du scrutin. Les cadres ont rejeté cet accord et tenté en vain d'exclure leur président. En catastrophe, ils ont investi les 59 députés sortants ayant refusé de suivre Eric Ciotti, et quelque 300 autres.
Des sortants confrontés à la poussée du RN
Plusieurs élus sortants sont arrivés en tête devant le RN, dimanche soir, comme l'ancien président du parti et actuel président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, en Haute-Loire, ou la secrétaire nationale du parti, Annie Genevard, qui devance de justesse la candidate d'extrême droite dans le Doubs. Ou encore Aurélien Pradié, qui a annoncé jeudi son départ de LR et se retrouve en ballottage favorable dans le Lot. D'autres députés sortants sont mis en difficulté par le RN, comme l'ex-président du groupe à l'Assemblée, Olivier Marleix, en Eure-et-Loir, ou Julien Dive dans l'Aisne. En ballottage défavorable derrière des candidats RN, ils auront besoin du soutien de leurs rivaux de gauche et du camp macroniste pour espérer sauver leur siège.
"LR aura des députés, mais ils ne pourront pas prétendre être la force principale d'une coalition."
Olivier Rouquan, politologueà franceinfo
Voilà LR à nouveau réduit à être une force d'appoint, comme à l'issue des législatives de 2022. Mais pour qui ? Le parti se retrouve sous pression, courtisé à sa droite par un RN en quête d'alliés pour décrocher la majorité absolue et à sa gauche par une majorité présidentielle qui cherche, elle aussi, à limiter la casse et appelle à faire barrage à l'extrême droite.
La coalition macroniste n'a d'ailleurs pas présenté de candidat face à certains sortants LR, comme dans les Hauts-de-Seine, où un accord local a été noué, et désapprouvé par la direction du parti. Il permet au sortant Philippe Juvin d'être réélu dès le premier tour. Quant à Eric Ciotti, il a dès dimanche soir appelé les candidats LR à "suivre le chemin" qu'il a ouvert en s'alliant au RN. Dans sa circonscription des Alpes-Maritimes, il a rassemblé 41,04% des suffrages, quand le candidat investi par Les Républicains, Virgile Vanier-Guérin, a plafonné à 5,78%.
Divisions sur la stratégie à adopter face à l'extrême droite
Le parti reste traumatisé par les deux dernières années de législature, durant lesquelles le groupe LR à l'Assemblée n'a cessé de se fracturer, sur le vote de la réforme des retraites ou des motions de censure contre le gouvernement d'Elisabeth Borne. Symptomatique de la fragmentation du parti, la divergence de positions quant à la stratégie à adopter en vue du second tour a éclaté au grand jour dès dimanche soir.
Comme en 2022, la direction par intérim du parti a refusé d'appeler à voter contre le RN le 7 juillet. "Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s'exprimer en conscience", écrit-elle dans un communiqué. Mais l'eurodéputé François-Xavier Bellamy, codirecteur par intérim, a, pour sa part, estimé que "le danger qui guette notre pays aujourd'hui, c'est l'extrême gauche". Florence Portelli, vice-présidente des LR, a pour sa part déclaré qu'elle "voterait blanc".
"Ces divergences montrent que les leaders nationaux sont obligés de tenir compte des réalités locales, alors que leurs élus locaux font face à la montée du RN", estime Olivier Rouquan, qui note que le message envoyé aux électeurs, c'est que "le front républicain, au sens où l'entendait Jacques Chirac, n'existe plus". Un signal qui tend à valider la stratégie d'alliance menée par Eric Ciotti, qui a franchi la digue pour rallier l'extrême droite.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.