Résultats des européennes 2024 : les écologistes en recul au Parlement européen, la formation perd sa quatrième place
L'échec était attendu. Le groupe des Verts et de l'Alliance libre européenne (ALE) obtient 53 sièges dans l'hémicycle de Strasbourg et Bruxelles à l'issue des élections européennes, dimanche 9 juin, selon une nouvelle projection publiée par le Parlement européen lundi. Le groupe arrive ainsi sixième, loin derrière le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes et Démocrates (S&D), le groupe centriste Renew et les deux formations d'extrême droite (Conservateurs et réformistes européens, et Identité et Démocratie). Les Verts et l'Alliance libre européenne étaient jusque-là la quatrième force politique avec 72 députés issus de 17 pays, mais la percée écologiste lors des européennes de 2019, avec un gain d'une vingtaine de sièges, semble désormais lointaine.
Selon les projections du Parlement européen, la formation perd 19 sièges dans l'hémicycle. Les délégations allemande et française, les plus importantes du groupe des Verts et de l'ALE avec respectivement 25 et 12 élus au sein du Parlement européen sortant, sont en net recul.
La délégation allemande perd neuf sièges, tandis que la composante française du groupe perd sept sièges, tandis que la délégation espagnole gagne deux sièges, et les délégations néerlandaise et danoise un siège chacune.
Une campagne difficile
Les écologistes ont fait face à des vents contraires, dans une campagne dominée par de nombreux sujets internationaux : la guerre en Ukraine et dans la bande de Gaza, le pouvoir d'achat, la colère agricole ou encore l'immigration. Les enjeux liés au climat et à l'environnement ont été moins visibles, bien qu'ils restent une préoccupation majeure des Européens. Selon un Eurobaromètre publié en mai, 78% des Européens sondés pensent que les questions environnementales ont "un effet direct sur leur vie quotidienne et leur santé". Ils sont 84% à juger "nécessaire" une législation européenne visant à protéger l'environnement.
Les écologistes ont aussi pu pâtir de l'offensive de l'extrême droite contre des mesures pro-climat en Europe. Ces partis "focalisent dorénavant leurs critiques sur les mesures prises par les gouvernements et sur les acteurs de la lutte contre le climat", analysait auprès de franceinfo Lluis de Nadal Alsina, sociologue à l'université de Glasgow. En Allemagne, par exemple, l'AfD a fustigé les politiques écologistes au cours des derniers mois, notamment une loi pour réduire les installations de chaudières à gaz et au fioul. Plus globalement, l'extrême droite s'est attaquée aux mesures du Pacte vert, et la droite a aussi opéré un glissement sur le sujet. Des élus du PPE ont ainsi rejeté la loi européenne de restauration de la nature. "L'AfD a été très vocalement anti-Pacte vert, tout comme (le parti de droite) l'Union chrétienne-démocrate", confirme Catherine Fieschi, spécialiste des droites radicales européennes.
Outre-Rhin, les Verts payent aussi peut-être leurs compromis et leur participation à la coalition au pouvoir, avec le Parti social-démocrate (SPD) et le Parti libéral-démocrate (FDP). "Il y a eu un rejet très profond du gouvernement, de la coalition actuelle", poursuit la chercheuse. En France, l'eurodéputée Marie Toussaint a eu des difficultés à convaincre malgré sa connaissance des sujets, et a échappé de peu à une élimination synonyme de disparition au sein du Parlement européen.
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