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Après la gifle des européennes, comment Hollande peut rebondir

Francetv info liste les possibilités qui s'offrent au président pour tenter de sauver son quinquennat après deux défaites électorales successives.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le président de la République, François Hollande, le 8 mai 2014 à Paris. (PHILIPPE WOJAZER / AFP)

Une double gifle. Après la débâcle des municipales, l'impopularité de François Hollande s'est concrétisée une seconde fois dans les urnes, dimanche 25 mai, lors des élections européennes. Pour la première fois dans ce type de scrutin, le Parti socialiste ne termine que troisième avec 13,97% des voix, derrière l'UMP et le Front national. A trois ans de la fin de son mandat, comment François Hollande peut-il espérer rebondir ? Francetv info liste les possibilités – plus ou moins probables – qui s'offrent à lui.

En travaillant son image

Longtemps, les conseillers élyséens se rassuraient comme ils pouvaient. Depuis le début du quinquennat, la popularité du chef de l'Etat chutait certes beaucoup, mais la personne de François Hollande n'était pas en cause – les Français étaient encore 52% à le trouver "sympathique" en avril 2013. Ce n'est plus vrai : en janvier 2014, ce "capital sympathie" a chuté à 45% selon l'Ifop.

Derrière une impopularité qui bat tous les records, ce sont les attributs même de la fonction présidentielle qui atteignent des niveaux de perception inédits. Selon cette même enquête, seuls 13% des Français estiment ainsi que François Hollande "a de l'autorité", 19% qu'il "sait où il va".

Pour le directeur de l'institut OpinionWay, Bruno Jeanbart, le salut de François Hollande ne pourra venir que d'une évolution de son image. "Il doit donner à voir une nouvelle façon d'exercer la fonction", affirme-t-il à francetv info. Comment ? "En communiquant mieux et plus directement, en raccourcissant le délai entre les annonces et les décisions."

"François Hollande ne peut pas espérer inverser la tendance à court terme", tempère Bruno Jeanbart. C'est sa capacité à montrer ce nouveau visage dans la durée qui sera jugé. "Si les Français se rendent compte que pendant six mois, un an, deux ans, il n'y a plus de couacs, alors ils se diront peut-être que quelque chose a changé", pronostique le sondeur. Une reconquête de l'opinion longue et ardue, car "le moindre incident est susceptible de venir ruiner des semaines d'efforts".

En accélérant les réformes

Par effet de contraste, l'arrivée tonitruante de Manuel Valls à Matignon donne aux deux premières années du quinquennat une impression d'immobilisme. Deux ans pour rien ? Les trois suivantes doivent rattraper le temps perdu. Peu après l'annonce des résultats, le Premier ministre, le visage dur après le "séisme" de ce dimanche soir, a promis aux électeurs des résultats en matière d'emploi et de croissance.

François Hollande sait que s'il veut avoir une chance de gagner en 2017, il doit augmenter le tempo et provoquer l'arrivée de résultats économiques qui se font attendre. "Il doit accélérer les réformes", plaide le député PS de l'Ardèche Pascal Terrasse, pour qui "les orientations déclinées par Manuel Valls sont les bonnes".

En réalité, François Hollande n'a pas attendu la défaite (prévisible) des européennes pour appuyer sur l'accélérateur. Car le temps presse : les prévisions économiques, qu'elles proviennent de la Commission européenne ou de l'OCDE, ne sont guère optimistes. Difficile de savoir si l'état de la France en 2017 sera meilleur ou pire que celui trouvé en 2012.

"D'ici à 2017, il va se passer beaucoup de choses, veut croire Pascal Terrasse. François Hollande sera jugé sur son bilan. A la fin du quinquennat, si les comptes du pays sont redressés, si le chômage baisse et si la cohésion sociale est maintenue, alors ce sera projet contre projet. Et on verra si les Français sont prêts à accepter les idées de l'UMP, qui veut faire non pas 50, mais 130 milliards d'économies et repousser l'âge de la retraite à 65 ans."

En changeant de politique

C'est la demande formulée par l'aile gauche du parti, mais aussi par le Front de gauche et Europe Ecologie-Les Verts. "Il n'y aura pas de rebond pour François Hollande sans la reconstruction d'une alliance majoritaire avec ceux qui l'ont élu en 2012", estimait peu avant les élections la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann. C'est-à-dire avec les communistes, les mélenchonistes et les écologistes.

L'élue, qui est l'une des principales animatrices de l'aile gauche du parti, en appelle à un "vrai tournant politique à gauche", avec l'adoption d'"une réforme fiscale" et d'"un plan de relance". Ces demandes n'ont que peu de chances d'être entendues par François Hollande. Mercredi, en meeting à Barcelone, le Premier ministre avait d'ailleurs prévenu qu'en cas de défaite du PS, il n'y aurait "pas de changement de gouvernement", ni de "majorité", ni de "ligne économique".

Reste que l'exécutif doit composer avec une majorité bien peu docile, en témoignent les 41 abstentions enregistrées sur les bancs du PS lors du vote sur le pacte de responsabilité. Si un changement de cap semble exclu, ces frondeurs pourraient obliger le gouvernement à faire des concessions, notamment lors du vote du budget rectificatif 2014, en juin, et du budget 2015, à la fin de l'année.

François Hollande et Manuel Valls ont déjà fait un geste en amplifiant les baisses d'impôts promises aux plus modestes. Les députés ne s'en satisferont peut-être pas : "Nous entendons apporter des amendements substantiels pour réduire par exemple le montant des aides attribuées aux entreprises sans contrepartie dans le cadre du CICE, et les reventiler sur les ménages", affirmait il y a quelques jours à l'AFP Laurent Baumel, l'un de ces 41 députés abstentionnistes. Charge ensuite à François Hollande de tirer un bénéfice politique de ces décisions.

En annonçant une dissolution de l'Assemblée nationale

Marine Le Pen l'a réclamé dès les résultats connus : la présidente du Front national veut que François Hollande prenne "les dispositions qui s'imposent pour que l'Assemblée devienne nationale, représentative du peuple et à même de mener la politique d'indépendance que le peuple a choisi ce soir"

L'hypothèse d'une dissolution apparaît très peu probable, mais un député PS contacté par francetv info admet qu'elle "circulait" peu avant l'élection dans les rangs de la majorité.

Deux situations pourraient amener François Hollande à dissoudre l'Assemblée nationale. Premier scénario : les discussions budgétaires virent au clash entre le gouvernement et la majorité. François Hollande constate qu'il n'a plus la capacité de mettre en œuvre sa politique et se trouve contraint de provoquer de nouvelles élections législatives. La droite remporte largement le scrutin et Jean-François Copé gouverne la France jusqu'en 2017. Un jeu d'alternance qui pourrait permettre à François Hollande de se faire réélire, tel François Mitterrand en 1988 après la cohabitation avec Jacques Chirac.

Second scénario : cette dissolution est "provoquée" par François Hollande justement dans le but de perdre les législatives pour mieux gagner la présidentielle. Mais la manœuvre serait tellement grossière qu'elle risquerait de se retourner contre lui. Dans une tribune publiée mi-avril, Bernard Accoyer, ancien président de l'Assemblée nationale, et Gérard Larcher, ancien président du Sénat, estimaient que l’opposition, si elle remportait les élections législatives, "devrait refuser de cohabiter avec un président de la République ayant mis en jeu sa légitimité à travers la dissolution et l’ayant perdue dans les urnes".

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