"Coup de poker", "anticonformisme" : l'Allemagne réagit à l'annonce de dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron
L'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron, après les élections européennes, dimanche 9 juin, provoque une onde de choc. La vague populiste ne touche pas uniquement la France : à Bruxelles, à Berlin et à Rome, l'extrême droite réalise également une poussée.
Les partis nationalistes et eurosceptiques réalisent une nette percée dans de nombreux pays arrivant en tête, par exemple en Autriche, où le FPO, qui siège avec le Rassemblement national, est crédité de 27% des voix et devient pour la première fois le premier parti du pays. Cette poussée se vérifie également en Allemagne, où l'AFD se hisse en deuxième position derrière la droite. Aux Pays-Bas, le Parti pour la liberté de l'europhobe Geert Wilders est second, juste après l'Alliance des socialistes et des Verts. Enfin en Italie, Fratelli d'Italia, de la Première ministre Giorgia Meloni, remporte également cette élection.
"Quelle solution restait-il à un président impopulaire ?"
En Allemagne, le parti au pouvoir, la coalition du chancelier Olaf Scholz a également subi un revers. Les réactions se multiplient Outre-Rhin au sujet de la dissolution de l'Assemblée nationale en France. Pour l'agence DPA, c'est un "coup de poker" que vient de réaliser Emmanuel Macron. Mais bon nombre d'éditorialistes estiment que le chef de l'État n'avait plus guère le choix face à la poussée du Rassemblement national et à une France devenue ingouvernable. Avec une Assemblée nationale où on crie, où on se dispute, beaucoup de Français "ont le sentiment qu'on n'agit pas d'une manière digne du lieu", note la presse. Contrairement à l'Allemagne, c'est plutôt une culture de combat et de confrontation.
Quelle solution restait-il à un président impopulaire "dans une grande partie de la France rurale, loin de Paris, qui se sent délaissée, oubliée par la politique", note le Süddeutsche Zeitung. Évidemment, la manœuvre est risquée, mais "c'est le côté anticonformiste de Macron", souligne encore Der Spiegel. Agir, oser, en prenant le risque que les choses tournent mal.
Ne pas rester un spectateur passif comme Olaf Scholz, le chancelier dont le camp vient d'enregistrer le plus mauvais score de son histoire aux européennes : 14% des voix, soit 2 points de moins par rapport à 2019, et moins 12 points par rapport aux élections fédérales de 2021 qui l'ont porté au pouvoir. Friedrich Merz, le président du Parti conservateur arrivé en tête, a qualifié ce résultat de désastre pour la coalition et appelle à un changement politique en Allemagne. Olaf Scholz ferait-il lui aussi une dissolution, interroge DPA, la principale agence de presse allemande ? Non, répond le journaliste. Dimanche soir, Olaf Scholz a pris tranquillement des selfies avec ses camarades, comme si de rien n'était.
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