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Train de nuit : "Voyager la nuit, c'est gagner du temps", rappelle un chercheur-historien du rail

Selon Georges Ribeill, chercheur, historien et sociologue, les trains de nuit offrent des qualités énergétiques et écologiques indéniables.

Article rédigé par franceinfo
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Un passager sur le quai de la gare de Lyon, le 18 décembre 2020. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Voyager la nuit, c'est gagner du temps", s'enthousiasme ce jeudi sur franceinfo Georges Ribeill. Le chercheur, historien et sociologue du rail voit d'un bon oeil la relance du train de nuit en France, avec le départ jeudi 20 mai du premier Paris-Nice de nuit depuis plus de trois ans

franceinfo : La train de nuit est un mode de transport chargé d'histoire ?

Georges Ribeill : Oui, quasiment deux siècles d'histoire, en commençant par les bancs de bois en troisième classe et les lits aménagés en deuxième et première classe, longtemps réservés à des gens privilégiés. Le premier train de nuit a circulé entre Paris et Bruxelles en octobre 1846. Il mettait 12 heures pour rejoindre les deux capitales. Jusqu'en 1939, il y avait des trains-charters qui permettaient aux Parisiens originaires d'Auvergne et du Cantal de voyager à des conditions tarifaires très intéressantes. Ils arrivaient vers 4 heures du matin à Limoges, et vers 6 heures à Capdenac, puis prenaient le bus pour aller dans tous les petits villages. L'âge d'or des trains de nuit en France, c'était les Trente Glorieuses, avec les congés payés. À partir de 1957, les trains auto-couchettes ont déversé des Belges et des Anglais accompagnés de leur voiture sur la Riviera. C'est un âge d'or important qui va pérécliter avec l'arrivée du TGV en 1981.

Est-ce que seuls le TGV et l'avion suffisent à expliquer les suppressions de trains de nuit ?

Les TGV sont des trains diurnes et il a fallu laisser les voies la nuit pour les travaux d'entretien. Il y a eu aussi les avions low-cost, l'automobile, les vacances de moins en moins domestiques et de plus en plus exotiques... Il y a une évolution largement sociétale qui explique en partie le faible remplissage des trains de nuit. Je crois qu'aujourd'hui, il est important de rappeler que voyager la nuit, c'est gagner du temps. Le temps de sommeil est économisé.

Il y a également la préoccupation écologique...

En Europe centrale, d'autres pays plus attachés aux problèmes d'écologie et de préservation de la nature ont plus entretenu que la SNCF une offre de trains de nuit. Aujourd'hui, il est de bon ton de rappeler que ces trains de nuit offrent des qualités énergétiques, écologiques indéniables qui permettent de remplacer les avions à très courte portée qui, eux, polluent. Comme l'a dit le Emmanuel Macron le 14 juillet, le train de nuit rime avec révolution écologique.

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