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Vidéo Grève à la SNCF : "Perturber les épreuves du bac, ce n'est pas défendre le service public", estime Elisabeth Borne

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Article rédigé par franceinfo
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La ministre des Transports Elisabeth Borne a estimé mardi sur franceinfo que le gouvernement a "quand même réalisé un effort considérable que personne n'avait fait" dans le cadre de la réforme de la SNCF et en appelle à la responsabilité des syndicats.

Dans le cadre du 15e épisode de grève à la SNCF, l'intersyndicale appelle à une "journée de la colère cheminote". La ministre des Transports "en appelle", quant à elle, "à la responsabilité des syndicats", mardi 12 juin sur franceinfo. Elisabeth Borne pense "en particulier pour la semaine prochaine, où l'on a plus de 700 000 candidats qui vont passer le bac".

La ministre des Transports est également revenue sur la réforme. Elle assure qu'elle a eu lieu dans un climat de concertation et que les amendements des syndicats ont été pris en compte. Le gouvernement entend maintenant préparer les accords de branches, pour amorcer l'ouverture à la concurrence. Les partenaires sociaux se réuniront au ministère des Transports à partir de vendredi. Lundi, députés et sénateurs sont parvenus à une version commune du projet de loi de réforme ferroviaire. L'adoption définitive devrait suivre cette semaine.

franceinfo : Est-ce un échec pour le gouvernement de ne pas avoir réussi à désamorcer le conflit ?

Elisabeth Borne : Je note que ce processus législatif et la réforme arrivent à leur terme. Il y a trois mois, on nous disait que c'était impossible, on nous suspectait de vouloir passer en force. En réalité, il y a eu un dialogue permanent avec les organisations syndicales. Je le dis aux cheminots et aux syndicats : il y a des garanties de haut niveau qui sont apportées aux cheminots, notamment en cas de perte de marché par la SNCF et de transfert des cheminots. Cette réforme a été bâtie dans la concertation, dans un travail de fond avec le Parlement et elle sera votée d'ici la fin de la semaine.

C'est le volet législatif, mais les syndicats sont toujours unis. N'est-ce pas un échec ?

J'en appelle à la responsabilité des syndicats. Tout est sur la table aujourd'hui : le projet de loi qui va être adopté définitivement apporte des éléments importants pour les Français. C'est pour ça qu'on fait cette réforme, parce que ce sera un meilleur service public ferroviaire, ce sera plus de trains, des trains moins chers avec l'ouverture à la concurrence. C'est un engagement sans précédent en faveur du transport ferroviaire.

Je le redis et je pense que c'est important que les cheminots regardent ce qu'il y a dans ce texte de loi.

Elisabeth Borne

à franceinfo

Dans ce texte de loi, il y a des garanties de haut niveau. J'entendais sur votre antenne un cheminot qui disait qu'il allait perdre beaucoup dans la concurrence. C'est faux ! On a voté, et ça va être confirmé demain [mercredi] et après-demain [jeudi], des garanties de haut niveau. Les cheminots qui seraient transférés emportent la garantie de l'emploi, le régime de retraite, le maintien intégral de la rémunération... Donc, j'invite chacun à regarder ce qu'il y a dans le texte de loi et les syndicats à prendre leurs responsabilités.

Prendre leurs responsabilités, est-ce que cela veut dire "ça suffit maintenant" ?

Cela veut dire que les syndicats sont dans leur droit, mais il faut aussi prendre en compte la lassitude des usagers. Ils doivent être conscients aussi de l'impact sur certains secteurs économiques. Je pense aux céréales, aux matériaux de construction, à la sidérurgie... Que chacun soit conscient de l'impact de cette grève. Les éléments sont sur la table. Le gouvernement s'engage en faveur du transport ferroviaire comme personne ne l'avait fait avant nous. On a annoncé la reprise de la dette de 35 milliards d'euros. C'est quand même un effort considérable que personne n'avait fait. On va investir plus que jamais dans le transport ferroviaire. On était déjà à un niveau record de 3,6 milliards d'euros tous les ans pour remettre en état le réseau ferroviaire. On a annoncé qu'on allait mettre 200 millions d'euros de plus, à partir de 2020. Chacun doit entendre l'engagement du gouvernement et les garanties qui sont apportées aux cheminots.

Malgré ce que vous présentez comme des avancées, aucun syndicat ne recule, y compris ceux que l'on présente comme réformistes. La CFDT affirme par exemple que la sortie de la grève n'est pas à l'ordre du jour. Que leur répondez-vous ?

Il y a des postures... On a tous en tête qu'il y a des élections professionnelles à la SNCF à la fin de l'année. Mais, la CFDT sait très bien que l'on a intégré beaucoup des amendements qu'ils avaient proposés, que le texte va être voté, que la loi va s'appliquer. Donc, il faut entendre la lassitude des usages. Et en particulier pour la semaine prochaine, où l'on a plus de 700 000 candidats qui vont passer le bac. Moi, j'appelle vraiment les syndicats à prendre leur responsabilité. Perturber les épreuves du bac, ce n'est pas défendre le service public. Dans cette réforme, il y a eu du dialogue social. On a intégré les amendements proposés par les syndicats qui se sont inscrits dans la concertation. Je pense que les Français peuvent attendre que les épreuves du bac ne soient pas perturbées.

Donc, c'est fini ?

Maintenant, il va y avoir des discussions qui vont s'ouvrir au niveau de la branche pour définir les garanties communes à tous les salariés de toutes les entreprises ferroviaires. Je réunirais les partenaires vendredi. On ne va pas refaire la réforme, mais des garanties doivent être données au niveau de la branche. Le gouvernement attend des partenaires sociaux, y compris du patronat, qu'on donne des garanties de haut niveau. Il faut relancer les discussions pour avoir une convention collective prête fin 2019.

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