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"On achète toujours l'essence plus cher que les grosses stations" : le blues des petites stations en zone rurale face à la hausse des prix du carburant

Dans les zones rurales, les pompistes indépendants ne parviennent plus à faire le plein de clients et beaucoup de stations ont dû fermer. Un phénomène qui pénalise les habitants de ces villages même si parfois des communes trouvent des solutions. Reportage dans la Drôme et le Vaucluse.

Article rédigé par Alain Gastal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Illustration station-essence et augmentation prix. (ST?PHANIE PARA / MAXPPP)

Il n'arrive plus à faire le plein de clients. Il y a un an, Bernard a racheté la seule station-service d’un village isolé de la Drôme provençale. Mais depuis les prix des carburants se sont envolés, le client se fait donc rare et adieu la bonne affaire. "Les petites stations, on achète toujours l'essence plus cher que les grosses stations, explique Bernard. Automatiquement, dans ces périodes où les gens font davantage attention, on est encore plus pénalisé. La marge est petite, une station comme ça peut faire entre 800 et 1 000 euros par mois. On ne vit pas avec ça." 

La hausse des prix des carburants est souvent une double peine pour ceux qui vivent à la campagne : l’essence y est plus cher et, aussi, souvent plus loin. Parfois, les grandes surfaces qui proposent les prix les plus bas sont à 20 km ou plus des villages isolés.

Sauver la station pour préserver les commerces

Il n'est pas sûr que Bernard continue longtemps. Sa station risque de se rajouter à la liste de celles qui ont déjà fermé dans les zones rurales. Le nombre de stations a baissé drastiquement en France. Il y en avait 41 000 il y a quarante ans, il n'en existe pas plus de 11 000 aujourd’hui.

Il y a quelques années, la station de Villes-sur-Auzon dans le Vaucluse a dû fermer, sauf que la municipalité a décidé de la racheter. Le maire Frédéric Rouet est devenu gérant de station-service mais avec les obligations d'un service public. "On dépasse les deux millions d'euros de chiffre d'affaire sur quatre ans, donc on est obligé de faire un appel d'offre européen, développe Frédéric Rouet.Quand on a besoin de faire le plein, on envoie aux deux entreprises qui ont été retenues et on choisit la moins chère."

"On n'est pas au tarif d'une grande surface mais on arrive à avoir des prix corrects pour une petite station."

Frédéric Rouet, maire de Villes-sur Auzon

à franceinfo

Ici, c’est le maire qui fixe les prix. Il ne fait aucun bénéfice mais une marge pour payer les frais d’entretien et la sécurité. Une marge qui varie à la baisse quand les prix augmentent et inversement pour limiter un tant soit peu "l'effet yoyo".

Toujours est-il que la station rend service a Esteban venu remplir le réservoir de son scooter : "Pour 5 euros je fais le plein, comme ça je n'ai pas besoin d'aller dans le village d'à côté." Elle rend aussi service aux clients du bistrot. "Heureusement qu'elle y est, ça dépanne les gens", explique un habitant. "On n'y fait pas le plein mais ça permet un très bon à point", ajoute un autre.

Le maire Frederic Rouet à la station service 100%municipale de Villes-sur-Auzon dans le Vaucluse, le 13 février 2022. (ALAIN GASTAL / RADIO FRANCE)

Seule l'aide-soignante du village n’y va jamais. Elle parcourt une centaine de kilomètres par jour et préfère chasser les prix coûtants au risque de la panne. "J'attends presque la réserve pour justement regarder sur internet où cela coûte le moins cher. Des fois, je fais même 20 voire 30 km pour pouvoir faire le plein ailleurs sinon cela me revient trop cher." La station-service a quand même participé au maintien des 27 commerces dans ce village de 1 300 habitants.

Dans les zones rurales, la double peine de la hausse des prix du carburant - Reportage Alain Gastal

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