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Face à l’envolée des prix des carburants, le bioéthanol "beaucoup moins polluant et pas trop cher" a ses partisans

Le super éthanol E85 commence à être de plus en plus visible dans les stations-service. Ses promoteurs le présentent comme le carburant du pouvoir d'achat par rapport au gazole et au super. Pourtant, il peine encore à convaincre les consommateurs.

Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un pompe à essence fournissant du carburant bioéthanol (illustration). (ROMAIN DÉZÈQUE / RADIO FRANCE)

Dans cette station-service située à une porte de Paris, rares sont les voitures à faire le plein de super éthanol, en cette fin octobre. Pourtant, les pompes siglées E85 sont nombreuses mais en pleine journée, la plus utilisée reste encore celle qui délivre du diesel, alors que la différence de prix est saisissante. "Quand on voit 0,79 centime alors que je viens de mettre le litre à 1,71 euro !", s'exclame, consterné, un client à la pompe.Ce client explique travailler dans le transport public des personnes. "J’ai beaucoup de collègues qui sont passés à l’éthanol. J’ai l’intention d’y passer aussi", assure-t-il. 

>> Comment convertir sa voiture au bioéthanol pour payer moins cher à la pompe

Moins de 80 centimes le litre de super éthanol ici, moins de 70 centimes en cherchant un peu, contre un euro de plus en moyenne pour les autres carburants : même s'il fait surconsommer, le super éthanol a en effet tout pour séduire. En moyenne, le prix du litre d'E85 au 20 octobre est de 0,714 euro ; il est de 1,587 euro pour le gazole, 1,667 euro pour le SP95 et 1,750 euro pour le SP98., 

"C'est 1% des carburants consommés en France"

Ce carburant E85 est composé de 60 à 85% d'éthanol issu de la fermentation des sucres et de l'amidon des betteraves et de céréales. Un débouché qui fait la fierté des agriculteurs, comme Guillaume Gandon, betteravier dans l'Aisne : "Clairement, il y a une fierté de pouvoir produire une énergie. C’est assez rare, on n’a pas énormément de moyens de produire de l’énergie en France. Et en plus, c’est une énergie beaucoup moins polluante et pas trop chère !"   

Selon ses promoteurs le super éthanol permet de réduire de moitié les émissions de CO2, et de 90% les émissions de particules par rapport à un carburant classique. Reste qu'il a du mal à trouver son public. D'abord, parce qu'il faut s'équiper d'un boîtier électronique qui coûte autour de 1 000 euros. Ensuite, parce qu'aujourd'hui seul un quart des stations-service propose de l'E85. Un marché de niche donc, détaille Nicolas Rialland, de la collective du bioéthanol. "Si on prend l’ensemble des carburants, c’est 1% des carburants consommés en France. Mais c’est effectivement un carburant dont la part de marché augmente progressivement. Pour l’année 2021, on s’attend à une augmentation de consommation qui devrait avoisiner les 20%."

Cette hausse, le marché pourra parfaitement la digérer, assure Nicolas Rialland. "La France est le premier producteur européen de bioéthanol et on exporte aujourd’hui un quart de la production. On peut donc tout à fait réduire ce courant d’exportation pour accompagner la demande croissante pour ce carburant." De toute façon la production d'éthanol ne pourra pas dépasser 7% des surfaces agricoles, c'est une règle européenne, pour éviter que l'on produise davantage pour l'énergie que pour l'alimentation.

Le bioéthanol, le carburant du pouvoir d'achat ? Reportage de Guillaume Gaven.

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