Cet article date de plus de deux ans.

Carburants : "Il faut être capable d'accompagner les entreprises de l'automobile", plaide Luc Chatel

Le président de la Plateforme de l'automobile réagit lundi à l'annonce par Jean Castex, le Premier ministre, de financer une remise de 15 centimes par litre de carburant alors que les prix à la pompe explosent avec la guerre en Ukraine.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Luc Chatel, le 26 avril 2021, à Paris. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

"Il faut être capable d'accompagner les entreprises" de l'automobile, plaide lundi 14 mars sur franceinfo, Luc Chatel le président de la Plateforme de l'automobile, alors que les prix du carburant explosent avec la guerre en Ukraine. Le gouvernement a lui décidé de financer une remise de 15 centimes par litre de carburant.

franceinfo : Y avait-il urgence pour le gouvernement à prendre une telle mesure ?

Luc Chatel : Il est clair que l'augmentation massive de l'énergie au sens large, c'est-à-dire des carburants, mais aussi du gaz et de l'électricité, a des conséquences pour les consommateurs et il est important que le gouvernement puisse faire un geste en la matière. Mais elle a aussi d'énormes conséquences pour les entreprises de la filière. Quand vous voyez -par exemple- que le gaz a été multiplié par dix en un an, une forge du secteur de l'automobile qui produit des pièces de sous-traitance, aujourd'hui, ne peut plus faire tourner ses usines si elle est en train de renégocier ses contrats de gaz. Donc, on a des conséquences absolument ravageuses.

Est-ce que ça accélère encore ce mouvement que l'on observait déjà avec la transition vers la voiture électrique ?

Oui et non. Le mouvement est parti. L'automobile a pris une décision majeure il y a déjà quatre ans qui est d'accompagner le changement climatique et d'être porteuse de solutions. Le virage vers l'électrique a été pris. Nous sommes même en France, en avance sur la feuille de route qui avait été fixée en 2008. Simplement, il n'est pas complètement maîtrisé. C'est-à-dire qu'il a des conséquences, là aussi sur l'ensemble de la filière industrielle et des services de l'automobile. Il a des conséquences sur nos entreprises. Quand vous êtes une entreprise historique qui a un savoir-faire unique dans les moteurs thermiques en France et que vous savez que votre activité va disparaître, il faut anticiper. Il faut être capable d'accompagner ces entreprises.

C'est une question que nous poserons aux candidats [à la présidentielle auditionnés] aujourd'hui. C'est évidemment des conséquences sociales. Et puis, il y a une conséquence en matière de pouvoir d'achat. Un véhicule électrique, c'est plus cher qu'un véhicule thermique de 40% à 50%. Donc, comment on fait pour encaisser si vous voulez amortir cette augmentation sur quatre ou cinq ans pour que le consommateur la paye le moins possible ? Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a un différentiel de prix au moment où on a du mal à vendre des voitures. Vous voyez donc les conséquences sont très importantes.

Vous attendez des candidats à la présidentielle des engagements pour accompagner encore plus votre secteur ?

Nous entendons actuellement beaucoup parler de réindustrialisation, de souveraineté, mais aussi de changement climatique ou encore de pouvoir d'achat. Ce sont les thèmes de la campagne présidentielle du moment. La filière automobile est à la croisée de tous ces sujets. Et la vraie question, c'est est-ce que le virage vers l'électrique qu'on vient d'évoquer va avoir comme conséquence de réindustrialiser la France ? Ou, encore une fois, de laisser partir, d'entraîner des délocalisations ? Et là, les politiques publiques qui seront menées dans les cinq prochaines années sont absolument capitales. En gros, l'avenir de l'automobile va se décider dans les cinq prochaines années. Si on veut que le virage à l'électrique soit un nouveau départ pour l'automobile en France, il va falloir des investissements massifs dans la filière française.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.