Cet article date de plus de cinq ans.

Annonces d'Edouard Philippe : "Le moratoire était le minimum, mais il faut faire beaucoup plus"

Pour l'économiste Philippe Aghion, il faut un "Grenelle de la fiscalité, du pouvoir d'achat et de l'environnement".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Edouard Philippe sort de l'Assemblée nationale après ses annonces, le 4 décembre 2018 à Paris.  (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Le moratoire était le minimum [...] mais je pense qu'il faut faire beaucoup plus", a estimé sur franceinfo Philippe Aghion, économiste et professeur au Collège de France, ancien conseiller d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. Selon Philippe Aghion, il faut un véritable "Grenelle de la fiscalité, du pouvoir d'achat et de l'environnement".

franceinfo : que pensez vous des mesures annoncées par Edouard Philippe ?

Philippe Aghion : Je pense que le moratoire était le minimum. Donc je suis content qu'il en soit venu à cette position. Mais je pense qu'il faut faire beaucoup plus. Il faut annoncer un véritable Grenelle de la fiscalité, du pouvoir d'achat et de l'environnement,  le préparer, et l'ouvrir en disant : "Nous sommes prêts. Nous arrivons avec la possibilité de vraiment discuter de vos problèmes."

Vous appelez à un vrai virage social ?

Il y a un certain nombre de réformes structurelles qui sont mises en œuvre ou qui doivent être menée : la réforme du marché du travail, la réforme de la formation professionnelle, l'éducation. Maintenant il va y avoir la réforme des retraites, la réforme de l'Etat, la réforme de l'assurance-chômage... Ce sont des grandes réformes qui vont nous mettre sur le chemin de la croissance à long terme. Mais il y a des coûts de transition sociale. Il faut montrer que l'on a les moyens de les payer.  L'argent on peut le prendre ; on peut s'autoriser une augmentation de nos déficits publics pour passer ce cap et sauver notre programme de réformes structurelles. Il y a également à mon avis des sources fiscales que l'on peut explorer. Pendant Mai-68, il a fallu Grenelle. On est comme en Mai-68, donc il faut quelque chose à la hauteur de ce qu'on a fait en Mai-68.

Le gouvernement a beaucoup répété qu'il payait 10, 20, 30 ans de politique précédente. Ca vous semblez juste comme argument ?

Je pense que c'est très juste. Par exemple sur le diesel. On a beaucoup poussé les gens à acheter des voitures diesel et en fait c'était une mauvaise décision. On paye surtout le retard sur les réformes très importantes pour la croissance, que d'autres pays ont faites. C'est vrai que ce gouvernement, avec beaucoup de courage, a fait de grandes réformes qu'il fallait faire depuis très longtemps. Mais à nouveau, le seul moyen d'assurer une augmentation continue du pouvoir d'achat, c'est la croissance à long terme, et la croissance a besoin des réformes structurelles. Mais il ne faut pas faire supporter le coût des réformes de manière injuste et brutale. Et c'est pour ça qu'il faut mettre de l'huile dans les rouages.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.