Pourquoi certains "gilets jaunes" veulent désormais poursuivre leurs manifestations la nuit
Des "gilets jaunes" ont appelé à un nouveau rassemblement samedi, la "première nocture 'nuit jaune', place de la République à Paris. Depuis la 9e journée de mobilisation du mouvement, des appels en ce sens se multiplient.
Pyjamas contre "gilets jaunes". Sur les réseaux sociaux, les appels des "gilets jaunes" à manifester en soirée et la nuit se multiplient depuis le 9e samedi de mobilisation, le 12 janvier. Au lieu de se disperser en fin d'après-midi – une initiative présentée par les organisateurs comme un moyen de permettre aux forces de l'ordre d'identifier les casseurs –, les manifestants sont désormais incités à poursuivre l'action le plus tard possible.
Pour la 11e journée de mobilisation, samedi 26 janvier, un appel à une "première nocturne 'nuit jaune'" a ainsi été lancé sur Facebook, et relayé notamment par Eric Drouet, l'une des figures du mouvement. "Nous maintiendrons ces nuits jusqu'à la fin du grand débat. La place de la république [à Paris] sera notre rond-point géant", peut-on lire sur la page Facebook de l'événement, qui annonçait, samedi en milieu d'après-midi, quelque 1 800 participants. Cette nocturne "citoyenne et pacifiste", inspirée des rassemblements de Nuit debout en 2016, "permettra de maintenir des rassemblements dans la durée", écrivent ses organisateurs.
Pourquoi certains "gilets jaunes" ont-ils lancé l'idée de ces manifestations nocturnes ? Quels sont leurs objectifs ? Eléments de réponse.
Fatiguer les forces de l'ordre
L'objectif des premiers appels à des "nuits jaunes" est, dans un premier temps, de "crever [fatiguer] les forces de l’ordre jusqu’au bout", explique dimanche 13 janvier, dans une vidéo Facebook, Maxime Nicolle, alias Fly Rider, une figure du mouvement.
"Les gens ont l’impression de ne pas être écoutés. Après dix semaines de mobilisation et dix 'actes', le gouvernement est encore en train de mentir", explique aussi à franceinfo le jeune homme, pour justifier l'extension des manifestations. Pour Maxime Nicolle,"en général, les violences policières c'est le soir, mais les caméras ne sont plus là". Avec des "nuits jaunes", il estime que "les journalistes seront obligés d'être présents, et peut-être que ça diffusera sur vos réseaux..."
S'il se défend "d'appeler" à ce type de mobilisation, Maxime Nicolle mentionne régulièrement l'existence de ces nocturnes, qui existent déjà à Toulouse, à Tarbes ou à Pau. Lors du 10e samedi de mobilisation à Toulouse, auquel il a participé, certains "gilets jaunes" sont ainsi restés à jouer au chat et à la souris avec les forces de l'ordre jusque tard dans la soirée.
"Les gens veulent plus"
Maxime Nicolle n'est pas la seule figure des "gilets jaunes" à se faire l'écho de ce nouveau type de mobilisation. Le 21 janvier, Eric Drouet a annoncé sur le groupe Facebook La France en Colère !!! l'organisation d'une mystérieuse "nuit jaune".
Ce même jour, il répond au commentaire d'un internaute lui disant qu'une manifestation "la nuit, c'est compliqué, ça va finir mal". Eric Drouet justifie alors ce choix. "Les manifestations en journée, c'est bien, on marche et tout ça, mais après, pour la plupart des gens, c'est pas comme ça que ça va bouger", défend-il. "Les gens veulent plus, ils veulent une grosse mobilisation, partir sur des nocturnes, des 24 heures, des 48 heures", poursuit la figure du mouvement des "gilets jaunes". Et "c'est ce qui se passera", prévient-il. "Les gens veulent mettre un bon coup et que ça continue et qu'enfin on soit écouté."
Dans son live du jour, Drouet lit la remarque d'un internaute."La nuit, c'est compliqué, ça va finir mal". Et répond: "Les manifs en journée, c'est bien et tout mais c'est pas comme ça que ça va bouger. Les gens veulent mettre un bon coup et qu'enfin on soit écouté" pic.twitter.com/XeGskThiBQ
— Vincent Glad (@vincentglad) January 21, 2019
"Echanger et revendiquer nos véritables doléances"
Son appel semble avoir été entendu. Vendredi soir, quelque 400 "gilets jaunes" ont défilé à Dunkerque (Nord) pour une "marche nocturne citoyenne et pacifiste". Ils ont manifesté dans le calme entre 20h30 et 22h30, derrière une banderole "Peuple brise tes chaînes, stop à la dictature financière".
Samedi, les organisateurs de la "nuit jaune", place de la République à Paris, veulent profiter de ce moment pour "débattre, échanger et revendiquer nos véritables doléances", face au lancement du grand débat national qu'ils estiment être une "mascarade", expliquent-ils sur leur page Facebook. "Nous devons organiser une consultation importante citoyenne sur nos revendications et non pas sur les questions qu'Emmanuel Macron a décidé", développent les organisateurs. "Dans cette consultation, nous verrons lesquelles sont les plus populaires. Nous le ferons dans le cadre de nos nuits jaunes", précisent-ils.
Nous profiterons de ces nocturnes "Nuits Jaunes" pour recueillir dans le "Cahier Jaune" nos véritables revendications. Pas celles que nous imposent Emmanuel Macron mais nos véritables revendications à nous !!!!
Les organisateurs de la "première nocturne 'nuit jaune'"sur Facebook
Les "gilets jaunes citoyens", qui organisent l'événement, veulent aussi s'inspirer des manifestations de femmes "gilets jaunes". "Elles ont manifesté sans violence avec des pancartes pour revendiquer en rappelant à tout le monde les Gilets jaunes morts, les Gilets jaunes blessés et les gilets jaunes emprisonnés. C’est l’objectif de nos nuits jaunes à venir", expliquent-ils.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.