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"Gilets jaunes" : pourquoi l'augmentation du smic promise par Macron n'en sera pas vraiment une

Lors de son allocution, le chef de l'Etat n'a pas prononcé les mots "prime d'activité". C'est pourtant bien la revalorisation de cette prime qui se cache derrière "l'augmentation de salaire" évoquée par Emmanuel Macron.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des "gilets jaunes" manifestent près de la place de l'Etoile, à Paris, le 8 décembre 2018. (MARC GARVENES / DPA / MAXPPP)

Les téléspectateurs qui ont écouté l'allocution d'Emmanuel Macron d'une oreille distraite, lundi 10 décembre, ont pu croire que le smic allait augmenter de 100 euros par mois au 1er janvier. Mais la formulation choisie par le chef de l'Etat prête à confusion. En réalité, le smic n'augmentera pas : c'est la prime d'activité qui sera revalorisée, un peu plus que prévu et un peu plus rapidement qu'annoncé avant la crise des "gilets jaunes". Explications.

>> REPLAY. "Gilets jaunes" : regardez en intégralité l'allocution d'Emmanuel Macron

Ce qu'a dit Emmanuel Macron

"Le salaire d'un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu'il en coûte un euro de plus pour l'employeur", a déclaré le chef de l'Etat.

Ce que signifie réellement cette annonce

Contrairement à ce que laisse entendre Emmanuel Macron, le montant du smic mensuel net ne sera pas revalorisé de 100 euros au 1er janvier 2019. Le salaire minimum ne bénéficiera que de la hausse légale automatique prévue par la loi, qui devrait être d'environ 1,8% (soit environ 25 euros net).

D'où viennent alors les 80 euros de différence ? Les personnes rémunérées au smic (ou à un salaire légèrement supérieur) vont en fait bénéficier d'une hausse de la prime d'activité "dès 2019". Cette prime d'activité, mécanisme qui a remplacé le RSA en 2016, est versée par l'Etat via les caisses d'allocations familiales. Ce qui explique, comme l'a souligné Emmanuel Macron, que cette mesure sera neutre pour les employeurs.

Emmanuel Macron s'est cependant bien gardé de rappeler qu'une hausse de la prime d'activité était déjà prévue bien avant le mouvement des "gilets jaunes" : 30 euros en avril 2019, 20 euros en octobre 2020 et 20 euros en octobre 2021, soit 70 euros d'ici à la fin du quinquennat (après une première hausse de 20 euros en octobre 2018).

Contacté par franceinfo lundi soir, l'Elysée a confirmé que l'annonce d'Emmanuel Macron correspondait à une accélération du calendrier de la hausse de la prime d'activité. En résumé, au lieu d'être étalée jusqu'à la fin du quinquennat, cette hausse de 70 euros interviendra dès 2019. Couplée aux 25 euros d'augmentation automatique du smic au 1er janvier, on arrive presque aux 100 euros annoncés par le président.

Mardi après-midi, une source gouvernementale jointe par franceinfo apporte quelques précisions. Elle indique que les 100 euros annoncés par Macron se décomposent ainsi : l'augmentation immédiate de la prime d'activité mais aussi l'exonération des cotisations sociales appliquée en 2018 (environ 20 euros pour un smic). Des exonérations qui apparaissaient déjà sur les fiches de paie avant l'allocution d'Emmanuel Macron...

Pourquoi cela ne revient pas au même pour les salariés

Augmentation de salaire ou augmentation de la prime d'activité : sur le compte en banque des bénéficiaires, cela revient au même. Mais à plus long terme, la hausse de la prime d'activité sera moins avantageuse pour les salariés que ne l'aurait été une hausse de leur salaire à proprement parler.

En effet, la prime d'activité n'est pas soumise aux cotisations sociales. Son montant ne sera donc pas pris en compte au moment où le salarié partira à la retraite pour calculer le niveau de sa pension.

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