"Gilets jaunes" : pour sortir de la crise, le gouvernement accentue sa politique de main tendue
L'exécutif compte notamment sur les manifestants qui condamnent les violences, pour les inciter à venir participer aux trois mois de concertation initiés par Emmanuel Macron.
Alors que l'acte III de la mobilisation des "gilets jaunes" samedi 1er décembre a engendré des violences, le gouvernement affûte sa stratégie pour tenter de sortir de la crise. Emmanuel Macron a pris la parole depuis l'Argentine, où il se trouve pour la tenue du G20, et a expliqué qu'il "respecterait toujours la contestation [mais qu'il] n'accepterait jamais la violence".
Depuis samedi, la majorité présidentielle se relaie pour dire que les violents, les casseurs ne représentent qu'une minorité dans ces mobilisations : "La violence, il faut la réprimer, elle est inadmissible en état de droit, et elle trahit le mouvement des gilets jaunes, ses revendications et la sincérité de ses participants", a plaidé Gilles Legendre, le président du groupe LREM à l'Assemblée. "C'est à eux que le président de la République, le Premier ministre et la majorité tendent la main pour aller trouver avec eux les bonnes solutions", a-t-il ajouté.
Députés marcheurs et ministres au créneau
Le gouvernement compte sur les trahis, les dépossédés du mouvement. Les nouvelles violences donnent un argument de plus pour les inciter à se désolidariser voire à quitter la rue pour participer aux trois mois de concertation initiés par le chef de l'État. Députés marcheurs et ministres ont pour consigne de monter en première ligne.
"Ce que disent aussi les gilets jaunes, c'est 'ne décidez pas tout dans les bureaux tous seuls, c'est aussi 'faites-le avec nous, avec les citoyens", a souligné Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. "Et c'est pour ça que le président de la République et le Premier ministre ont proposé cette concertation qui ne va pas se passer dans des palais dorés parisiens, mais partout sur le terrain, ça n'est pas pour faire du bla-bla. Moi je crois à l'intelligence de tout le monde".
Après la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a été élu parce que les gens en avaient marre des partis politiques qui parlaient et ne faisaient pas, et puis parce qu'il a eu le talent de réunir et d'embarquer dans cette campagne qui s'est faite sur le terrain, en écoutant les gens
Muriel PénicaudMinistre du Travail
"Marcheurs" et "gilets jaunes", même ADN ?
Certains députés se risquent à plaider un ADN commun entre les "marcheurs" et les "gilets jaunes". "On a été en partie élus par et sur cette colère il y a un an et demi, avec une méthode bien précise de partir de la base pour faire émerger des solutions", explique Thomas Mesnier, député LREM de Charente. "On est les mieux placés pour réussir à parler aux Français, parce qu'on était comme eux il y a 18 mois", renchérit Aurore Bergé, députée LREM des Yvelines. "Quand j'ai des gilets jaunes qui me parlent comme si j'étais un homme politique qui ne pensait qu'à faire carrière en politique, je leur rappelle qu'il y a un an et demi j'étais médecin à l'hôpital et qu'il faut tous ensemble qu'on arrive collectivement à se retrousser les manches", note Thomas Mesnier.
Il n'y a pas un camp contre un autre, on n'est pas face à face, on est ensemble
Aurore BergéDéputée LREM des Yvelines
Des craintes en aparté
Politique de la main tendue jouée à l'extrême, ce n'est qu'en aparté que certains avouent leurs craintes : un mouvement qui engendrerait une hypothétique trêve des confiseurs au moment des fêtes et quoi qu'il arrive, des cicatrices durables dans la société française.
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