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"Gilets jaunes" : "Il ne faut pas de violence" mais "il y a une violence sociale" qui "les met en colère", juge Alexis Corbière

Le député La France insoumise "condamne" les violences commises samedi en marge de la troisième mobilisation des "gilets jaunes", tout en relevant "la colère" de ceux qui veulent de la "justice fiscale".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Alexis Corbière, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

"La question est de savoir pourquoi il y a une telle colère, voire même une rage dans certains endroits, contre l'action du gouvernement", a déclaré à franceinfo Alexis Corbière, député La France insoumise, samedi 1er décembre. La journée de mobilisation des "gilets jaunes" a été marquée par des violences à Paris et dans plusieurs villes en région. 

franceinfo : Condamnez-vous les violences en marge du mouvement des gilets jaunes ?

Alexis Corbière : Nous, on a toujours dit qu'il faut des manifestations pacifiques, il ne faut pas de violence. Mais la question, c'est de s'interroger, de savoir pourquoi il y a cette explosion de violences, pourquoi il y a une telle colère, voire même une rage dans certains endroits, contre l'action du gouvernement, contre les politiques de manière générale. C'est quelque chose qui vient de loin, qui est profond et je crois qu'on aurait tort de passer notre temps à mettre un coup de loupe sur ces actes de violences sans voir déjà que dans le pays, il y a eu beaucoup d'endroits où les choses quand même se sont bien passées.

Dénoncez-vous, comme Jean-Luc Mélenchon, un acharnement des forces de l'ordre à l'encontre des "gilets jaunes" ?

Il y a eu une gestion de la police un peu curieuse. Beaucoup de témoignages amènent à penser que même des gens qui étaient arrivés, assez rapidement se sont retrouvés sous les tirs de lacrymogènes. On n'a pas bien compris. La place des Champs-Élysées, la place de l'Étoile devaient être bien protégées, les gens pouvaient y rentrer, mais ils se sont retrouvés massés. Franchement, on peut parler pendant des heures des violences, il ne faut pas de violence. Mais, pour arrêter ce mouvement des "gilets jaunes" il faut lui donner une issue. Depuis le début, le gouvernement dit en gros 'circulez, il n'y a rien à voir', le président de la République l'a exprimé, le Premier ministre aussi, ils ne bougeront pas disent-ils : le diesel va continuer à augmenter, on ne reviendra pas sur les stupidités fiscales de suppression de l'ISF... Donc, les gens se sentent en situation de non-écoute et de colère, c'est ça qu'il faut regarder.

Mais cela justifie-t-il les violences ?

Il ne faut pas de violence, mais vous avez aussi des gens qui répondent qu'il y a une violence sociale, dans certaines mesures, qui les met en colère. Quand des gens sont obligés de prendre leur voiture pour aller travailler, pour aller faire leurs courses, qu'on augmente le diesel et qu'en plus on les traite de beaufs, de pollueurs, les gens n'en peuvent plus, ils en ont assez. Beaucoup de questions sont posées. La question démocratique est posée. J'ai beaucoup discuté aujourd'hui et aussi la semaine dernière, il y a un refus de plus en plus profond du consentement à l'autorité. Les gens disent 'ce n'est pas mon président'. Même quand ils parlent à un homme comme moi ils disent 'vous êtes un politicien, je ne vous sers pas la main'. Il faut voir ça.

Quelle est la solution ?

Il faut tout remettre à plat. Je pense que ce que nous avions porté pendant la campagne présidentielle, l'idée d'une assemblée constituante pour discuter de nouvelles institutions afin que les citoyens deviennent acteurs, contrôlent les élus, puissent les révoquer si besoin, c'est au cœur de la discussion. Ce n'est pas seulement un problème d'augmentation du diesel, c'est un problème en général d'une défiance vis-à-vis du pouvoir et c'est très profond. Emmanuel Macron n'en est pas le seul responsable, mais dans la mesure où c'est le continuateur de ce qu'avaient fait François Hollande, Nicolas Sarkozy, finalement de l'utilisation monarchique de cette Ve République qui concentre beaucoup de pouvoirs sur un homme, et qui finalement dit aux électeurs vous m'avez élu, rendez-vous dans trois ans, rentrez chez vous, l'affaire est entendue. Les gens disent non. Bien sûr que je condamne les violences, mais aujourd'hui, je regarde un peuple qui est en colère, qui veut de la justice fiscale, qui ne comprend pas pourquoi on a supprimé l'ISF qui a coûté 4,5 milliards d'euros et qu'on augmente à la pompe le prix du diesel qui va faire payer les plus modestes de manière injuste.

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