Cet article date de plus d'un an.

Surtourisme en France : comment le gouvernement veut lutter contre les pics de fréquentation de certaines destinations

Afin d'éviter un trop grand afflux de visiteurs, qui menace la préservation de ces lieux, l'exécutif présente un plan pour mieux analyser les données touristiques, sensibiliser les touristes et associer les acteurs locaux.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Les visiteurs du château de Versailles (Yvelines), le 10 juillet 2022. (GARDEL BERTRAND / HEMIS.FR / AFP)

Calanques de Marseille, Mont-Saint-Michel, falaises d'Etretat (Seine-Maritime), zoo de Beauval Chaque année, des milliers de touristes se ruent vers ces destinations emblématiques. Pour lutter contre cet afflux de visiteurs, le gouvernement a présenté, dimanche 18 juin, un plan visant à contrôler les flux touristiques et les pics de fréquentation qui surchargent les sites français les plus populaires à certaines périodes de l'année.

L'exécutif veut notamment créer "un observatoire national des sites touristiques majeurs" pour recenser et centraliser les informations et les indicateurs afin de faciliter "le travail d'analyse des flux", a expliqué la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, dans une interview au Figaro. Franceinfo récapitule ce que contient ce plan.

Récolter des données sur les lieux les plus visités

"La France est la première destination touristique au monde, mais nous manquons cruellement de données", constate Olivia Grégoire. Si elle réfute le terme "surtourisme", elle évoque un problème "conjoncturel""Il s'agit de pics de fréquentation à des moments précis et à des endroits spécifiques." Ces pics de fréquentation concernent des villes, des monuments, des manifestations et des sites naturels "où l'afflux des touristes constitue parfois une menace pour la préservation même de ces destinations", assure Olivia Grégoire. Le château de Versailles, les Calanques de Marseille, les falaises d'Etretat ou encore le Mont-Saint-Michel, assailli de visiteurs le vendredi du week-end de l'Ascension, en sont des exemples.

D'après l'Organisation mondiale du tourisme, 95% des touristes mondiaux visitent moins de 5% des terres émergées, dont la France. "En France, 80% de l'activité touristique se concentre sur 20% de notre territoire", détaille la ministre.

Toutefois, il est difficile de cartographier précisément les sites qui souffrent d'une trop grande affluence. Le gouvernement veut donc mettre en place un observatoire national des sites touristiques majeurs "pour créer une base d'information et des indicateurs partagés qui faciliteront le travail d'analyse des flux". L'exécutif va également débloquer des aides aux territoires "pour muscler leur ingénierie" afin de faciliter l'analyse des données et les exploiter. 

Sensibiliser les touristes

Pour mieux réguler l'afflux des visiteurs, le gouvernement veut lancer en mars 2024 une campagne de communication nationale "pour sensibiliser la clientèle étrangère et française aux enjeux d'une meilleure répartition des flux et des pratiques touristiques", dévoile Olivia Grégoire. Cette campagne, qui coûtera un million d'euros, ira, selon Le Monde, "au-delà des actions de promotion d'un tourisme 'quatre saisons', de circuits alternatifs, en dehors des sentiers battus".

"Personne n'a intérêt à ces pics de fréquentation, qui empêchent tout dépaysement aux visiteurs. Ils ne profitent à personne : ni aux habitants, ni aux touristes, ni à l'environnement, ni aux commerçants, ni aux artisans."

Olivia Grégoire, la ministre déléguée au Commerce

au Figaro

Le gouvernement veut notamment faire appel à des influenceurs "pour qu'ils participent à la sensibilisation aux impacts de la surfréquentation touristique et qu'ils favorisent la promotion de certaines destinations touristiques moins connues", précise-t-elle.

Une plateforme des bonnes pratiques et des réglementations en matière de gestion des flux va également être créée d'ici la fin 2023 par un groupe de travail constitué d'acteurs d'horizons variés (institutionnels, chercheurs, fédérations professionnelles) pour définir les notions de "surtourisme", "surfréquentation" et "pics de fréquentation" afin de permettre une meilleure compréhension du phénomène.

Coopérer avec les acteurs locaux

L'Etat va cofinancer "les outils concrets de gestion des flux et mobiliser ainsi plus de 2 millions d'euros afin d'accompagner plus d'une trentaine de sites et territoires les plus fréquentés", dévoile Olivia Grégoire. Un appel à projet sera lancé fin 2023. Mais "ce n'est pas à l'Etat de tout réguler d'en haut", affirme la ministre déléguée. "Il n'y a pas de compétence aussi partagée que le tourisme, entre l'Etat, les régions, les départements et les communes", justifie-t-elle. Le plan du gouvernement prévoit donc d'associer les départements et les communes. Un groupe de travail avec les offices de tourisme va voir le jour pour mieux intégrer les attentes des populations locales dans les politiques touristiques.

Le gouvernement veut développer avec les régions des circuits touristiques, pour éviter une offre locale foisonnante et donc "illisible", d'après la ministre déléguée. "Nous souhaitons proposer, d'ici les Jeux olympiques 2024, une quarantaine de 'French Tours' (trois par région) qui permettront d'offrir aux touristes des circuits alternatifs", explique-t-elle. Le gouvernement, enfin, ne s'interdit pas d'avoir recours à des mesures coercitives dans certains cas, même si "c'est aux communes concernées de prendre la décision", assure Olivia Grégoire.

"Il ne s'agit pas de les rendre inaccessibles aux touristes, mais d'en limiter l'accès à certaines périodes et uniquement lorsque cela s'avère nécessaire."

Olivia Grégoire, ministre déléguée au Commerce

au "Figaro"

Reste que des mesures de ce type existent déjà : la métropole de Toulon limite par exemple à 6 000 visiteurs par jour l'accès aux îles du parc de Port-Cros, Marseille restreint l'accès à la calanque de Sugiton avec un système de réservation et une jauge de 400 personnes par jour et, dans les Côtes-d'Armor, l'accès à l'île de Bréhat va être limité à 4 700 personnes quotidiennement entre le 14 juillet et le 25 août cet été.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.