Élections syndicales pour les VTC et les livreurs : "Cela va dans le bon sens", mais "il y a peut-être un loup", s'interroge la CGT des coursiers de la Gironde
Invité de franceinfo, Arthur Hay, le secrétaire général de la CGT des coursiers de la Gironde, rappelle que les VTC et les livreurs indépendants ont "très peu de droits". Il se réjouit de la proposition faite par le gouvernement mais doute que celle-ci aille au bout.
Le gouvernement est favorable à ce que les chauffeurs VTC ou livreurs indépendants puissent voter à des élections syndicales. Chaque travailleur des plateformes, s’il cumule un minimum d’ancienneté qui reste à fixer, pourra voter pour l’une des cinq grandes confédérations syndicales, ou bien pour un collectif déjà constitué. "Cela va dans le bon sens", mais "je me dis qu'il y a peut-être un loup", a réagi, vendredi 5 mars sur franceinfo, Arthur Hay, secrétaire du syndicat CGT des coursiers de la Gironde.
franceinfo : Est-ce une bonne nouvelle pour vous ?
Arthur Hay : Cela va dans le bon sens. On a très peu de droits en tant que travailleurs de plateformes que ce soit chez les VTC ou les livreurs, mais aussi dans d'autres catégories de travailleurs ubérisés qui ne sont pas pris en compte dans ces prévisions d'ordonnances. Tout est dans les modalités. Qui va pouvoir se présenter ? On a déjà vu dans certains pays des syndicats sans travailleurs à l'intérieur présenter des conventions collectives préparées main dans la main avec les plateformes sans consultation des travailleurs. On va vraiment regarder le détail. On lutte depuis des années contre des plateformes et contre un gouvernement qui aide ces plateformes à mettre en place la paupérisation du travail. Je me dis qu'il y a peut-être un loup, cela ne nous surprendrait pas. Après, s'il y a des élections qui permettent de mettre en place une vraie représentation et qu'on peut négocier certaines de nos revendications, c'est très bien.
Quel est le premier sujet à négocier ?
Le prix. Comment est-ce qu'on est rémunéré par rapport à la valeur que l'on crée pour les plateformes, évidemment c'est extrêmement important. Cela doit nous permettre de vivre correctement et puisque les plateformes ne nous paient pas d'assurance, de protection sociale, ou de retraite, ils doivent être plus élevés. On veut avoir accès à toutes les branches de la sécurité sociale. On a un métier qui est assez dangereux où il y a peu de surveillance en termes de santé au travail. On veut que les plateformes soient rendues responsables de cette santé et sécurité au travail. Je pense que la reconnaissance du statut d'employeur des plateformes permettrait une plus grande avancée.
La plateforme Just Eat lance une flotte de coursiers en CDI. Est-ce une bonne chose ?
On surveille ça de près évidemment. Cela prouve une chose, c'est que le modèle salarié n'est pas incompatible avec le marché de la livraison de repas, ce que longtemps les plateformes nous ont fait croire. Aujourd'hui, on a un gros investissement d'une entreprise pour embaucher en CDI des livreurs. On va regarder ça attentivement et on verra à quel point les conditions de travail reflètent nos aspirations en tant que livreurs.
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