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Le décryptage éco. Just Eat bouscule le modèle de la livraison à domicile en recrutant des livreurs en CDI

La plateforme de livraison de repas propose un statut de salarié en contrat à durée indéterminée à ses livreurs, contrairement à ses concurrentes Deliveroo ou Uber Eats. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Illustration de la plateforme de livraison Just Eat (ANTOINE WDO / HANS LUCAS)

C’est une petite révolution dans le monde de la livraison. Just Eat, filiale de l'entreprise européenne Takeaway.com, va recruter au total 4 500 personnes en CDI, en contrat à durée indéterminée, cette année dans une trentaine de villes françaises. Dans un secteur où les livreurs sont d'habitude indépendants ou auto-entrepreneurs, Just Eat s’offre un joli coup de pub en tant que multinationale, avec des moyens importants, qui veille aux bonnes conditions de travail de ses collaborateurs. La plateforme adresse en même temps un message positif à ses clients et aux restaurateurs faisant appel à elle, qui sont de plus en plus attachés à la responsabilité sociale des entreprises. 

Un bon signal dans un secteur critiqué pour sa précarité

Just Eat propose à ses livreurs des contrats pérennes avec toutes les garanties qui vont avec : la couverture sociale, les perspectives d’évolution dans le groupe, une rémunération à l’heure et non pas à la course légèrement au-dessus du SMIC, à 10,30 euros de l'heure. La vague de recrutement a déjà commencé puisque la marque a déjà embauché 350 CDI à Paris. Les recrutements en région vont suivre.

Dans un secteur où la concurrence est féroce, où les livraisons de repas à domicile ou au bureau explosent en raison du couvre-feu, cette décision pourrait mettre la pression aux concurrents de Just Eat comme Uber Eats et Deliveroo qui soignent certes leurs prix mais aussi leur réputation.

D'autant que la multiplication des manifestations et grèves de livreurs à Lyon, Reims ou en Bretagne font mauvais effet. Des livreurs Uber Eats ont encore dénoncé leurs bas revenus et leur manque de protection sociale vendredi 29 janvier à Nancy, car le secteur a beau être en pleine expansion, il continue d'offrir des conditions de travail très précaires.

Ce sujet est discuté depuis plusieurs années maintenant, des collectifs de livreurs se forment, le gouvernement cherche une voie de sortie, commande des rapports. Le dernier en date, le rapport Frouin, rendu au début du mois de décembre 2020, préconise notamment de créer une sorte de statut intermédiaire pour ces travailleurs en les salariant mais via des coopératives ou des sociétés de portage salarial. Mais les solutions piétinent, ce pourquoi la proposition de Just Eat pourrait changer le modèle. 

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