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Réforme des retraites : Emmanuel Macron n'exclut pas de dissoudre l'Assemblée nationale en cas de motion de censure contre le gouvernement

Le président anticipe un possible échec des débats sur la réforme des retraites dans les prochains mois. 

Article rédigé par franceinfo - Paul Barcelonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Emmanuel Macron à Saint-Nazaire, le 22 septembre 2022.  (STEPHANE MAHE / POOL)

Emmanuel Macron n'exclut pas de dissoudre l'Assemblée nationale pour provoquer de nouvelles élections législatives si les débats sur la réforme des retraites n'aboutissent pas et qu'une motion de censure est votée contre le gouvernement, a appris jeudi 29 septembre franceinfo auprès de participants au dîner de travail de la majorité présidentielle organisé à l'Élysée mercredi soir.

>> "Si une motion de censure est votée, je dissous dans la minute" : les coulisses du dîner à l'Elysée autour des retraites

L'hypothèse de la dissolution a été confirmée par le ministre du Travail Olivier Dussopt, jeudi matin : "Si toutes les oppositions se coalisaient pour adopter une motion de censure et faire tomber le gouvernement, Emmanuel Macron s'en remettrait aux Français et les Français trancheraient et diraient quelle est la nouvelle majorité qu'ils veulent."

Un texte voté d'ici la fin de l'année

À l'issue de cette réunion entre les ministres concernés par le dossier des retraites et les responsables des composantes de la majorité, la Première ministre a annoncé le lancement, dès la semaine prochaine, d'une nouvelle concertation sur la future réforme, alors qu'une journée de mobilisation est prévue ce jeudi à l'appel de plusieurs syndicats.

Cette nouvelle concertation, avec les partis politiques et avec les partenaires sociaux, sera menée sur la base des promesses de campagne électorale d'Emmanuel Macron, à savoir le recul de l'âge de départ à la retraite à 65 ans en 2031. Les discussions porteront ainsi sur la fin des régime spéciaux, la retraite minimale à 1 000 euros ou la question des carrières longues ou de la pénibilité. "On ne peut pas réformer le pays en se passant des syndicats", justifie à franceinfo un parlementaire proche d'Emmanuel Macron. Tandis qu'un autre s'agace : "Personne ne changera d'avis, la réforme a déjà été concertée sans jamais trouver de compromis".

Selon les participants à cette réunion, un consensus a été trouvé pour que le texte soit voté avant la fin de l'année par les parlementaires, en vue d'une entrée en vigueur à l'été 2023. "Aucune voix dissonante" ne s'est fait entendre, selon un des participants.

Le chiffon rouge de la dissolution

Sur la méthode, Emmanuel Macron n'a pas vraiment tranché. C'est pourtant cette fameuse méthode qui a mis le feu aux poudres ces deux dernières semaines dans la majorité. Le chef de l'Etat marche sur des œufs, tiraillé entre les partisans d'une réforme ultra rapide, et ceux – comme François Bayrou, le patron du Modem – qui s'inquiètent d'un passage en force. Selon plusieurs participants au dîner, l'hypothèse privilégiée depuis mercredi soir est plutôt celle d'une loi spécifique aux retraites, débattue à la fin de l'année en décembre, pour un vote début 2023. Plusieurs avantages à cette stratégie : d'abord, elle contente le camp d'Emmanuel Macron, ensuite elle permet de tenir le calendrier : une entrée en vigueur de la réforme des retraites à l'été prochain.

Mais le risque, c'est que cette loi sur les retraites soit rejetée. Et dans ce cas de figure, le gouvernement serait obligé de dégainer le fameux 49.3 : une adoption sans vote, mais en engageant sa responsabilité. Si d'aventure une motion de censure était adoptée et renversait le gouvernement, Emmanuel Macron n'exclut donc pas de dissoudre l'Assemblée nationale, provoquant de nouvelles éléctions législatives. Un chiffon rouge agité par le chef de l'Etat : une menace pour les oppositions tentées par une alliance de circonstance, mais aussi pour son camp qui ne dispose que d'une majorité très relative à l'Assemblée.

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