Réforme des retraites : au lendemain du 49.3, la tentation de la dissolution à l'Elysée
Rien ne va plus, à écouter certains macronistes, depuis le déclenchement du 49.3, jeudi 16 mars, pour faire passer la réforme des retraites sans vote. Le Rassemblement national et le groupe Liot (Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires) ont chacun déposé une motion de censure ce vendredi 17 mars. Si l'une d'elles obtient une majorité, le gouvernement sera renversé.
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Dans la version officielle du gouvernement, après avoir dit qu'on allait au vote de la réforme, on va maintenant au vote de la censure, comme si c'était pareil. On se concentre pour l'instant sur l'obstacle en se disant qu'après, on pourra avancer. Sauf qu'en coulisse, c'est bien plus compliqué. Au-delà de la motion de censure transpartisane, le camp présidentiel se pose beaucoup de questions sur une reconfiguration qui permette de tourner la page. L'utilisation de l'article 49.3, qui a provoqué un tollé dans les rangs des oppositions, a aussi déclenché des rassemblements dans plusieurs villes de France, émaillés d'incidents qui font ressurgir les mauvais souvenirs du mouvement des "gilets jaunes". Pire, le 49.3 a également fragilisé la majorité elle-même.
"La dissolution chatouille sérieusement le Château"
Une majorité "en furie", dit l'un de ses piliers, alors que les députés voulaient aller au vote. "Ils ont le sentiment qu'aux yeux d'Emmanuel Macron, ils ne servent à rien", confie un fidèle du président. Il les décrit si démoralisés, si démobilisés, que, pour lui, tous les prochains textes auront du mal à passer.
La Première ministre aussi est fragilisée, sa méthode ayant échoué, elle, pourtant, qui a tant répété qu'une majorité objective avec les députés Les Républicains existait. Mais les concessions faites par Élisabeth Borne au parti de droite – pas aux syndicats, ni aux manifestants – ne l'ont pas empêché de se débiner.
Si, avant le 49.3, des changements au sein du gouvernement étaient déjà envisagés, là, avec "les motions de censure votées ou rejetées, c'est Élisabeth Borne qui va partir", regrette un ami. Jeudi 16 mars, elle s'est elle-même dit prête à servir de "fusible".
"Elle ne peut pas rester, alors qu'elle a fait du dialogue et de la discussion l'alpha et l'omega."
Un proche de la Première ministreà franceinfo
Mais par qui la remplacer ? Il y a des prétendants, comme par exemple le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, dont la candidature est considérée chez les macronistes comme un secret mal gardé. Et que faire, ensuite, avec cette Assemblée nationale en colère ? "La dissolution chatouille sérieusement le Château", confie un visiteur du soir à franceinfo. Mais, officiellement, du côté de l'Élysée, on temporise : les sondages ne sont pas bons. "Le président ne peut pas appuyer sur le bouton juste pour voir ce qu'il se passe", dit son entourage.
Une réunion des candidats battus aux dernières législatives
Cela n'empêche pas Emmanuel Macron de se préparer. "Soyez en campagne permanente", disait-il à ses troupes dès juillet 2022, après le mauvais résultat aux législatives. Richard Ferrand, l'un de ses plus proches, est même à la manœuvre pour réunir ceux qui, comme lui, ont été battus à l'époque, pour les remettre sous tension et les préparer à repartir au combat. Une réunion, prévue lundi 20 mars à Paris, a été reportée, par crainte de grève des trains, et déjà de manifestations autour du Palais-Bourbon.
En attendant, on fait comme s'il suffisait de laisser passer l'orage. "On reporte toutes les annonces, même bonnes, parce que pour l'instant rien n'est audible", a confié un membre de cabinet ministériel à franceinfo. Élisabeth Borne a annulé son premier rendez-vous à l'agenda du matin, mais a maintenu ce vendredi 17 mars après-midi une réunion de ministres sur la planification écologique.
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