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Manifestations contre la réforme des retraites : sur les réseaux sociaux, les guides pour "se protéger des armes de la police" se multiplient

Dispositifs d'alerte auprès des proches, équipements contre les gaz lacrymogènes ou coups de matraque, enregistrement d'une arrestation... Des militants et collectifs dispensent leurs conseils aux manifestants sur Twitter.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dans le cortège de la manifestation contre la réforme des retraites à Marseille, jeudi 23 mars 2023. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

"Je vois beaucoup de nouveaux manifestants d’une force et d’un courage incroyable, mais les amis, je vous invite à vous protéger un maximum", écrit "Nrgss", un opposant à la réforme des retraites, sur Twitter. Puis il déroule toute une série de conseils adressés à celles et ceux qui ont prévu de descendre dans la rue jeudi 23 janvier pour la journée de mobilisation interprofessionnelle : "Contactez des amis pour ne pas y aller seul·e ou via les réseaux un groupe déjà constitué", "Mettez une tenue sans signes distinctifs, sombre, n'oubliez pas masques foulard, masque FFP2".

>> Manifestations contre la réforme des retraites : dans quel cadre un policier peut-il faire usage de la force physique ?

Des manifestants, des élus, des avocats et des magistrats dénoncent depuis plusieurs jours des violences policières et des interpellations arbitraires . Ils pointent aussi un usage disproportionné de la force. Pourtant, ce dernier doit répondre à un cadre spécifique, prévu pour les forces de l'ordre, qui "ont un devoir d'exemplarité", a martelé la Première ministre, Élisabeth Borne, mardi 22 mars, à l'Assemblée. Invité de franceinfo, Laurent Nuñez, préfet de Police de Paris, a affirmé que si des " gestes" sont reprochés à des policiers, il demandait à chaque fois " un rapport". " A minima, il y a une enquête administrative et l'IGPN (police des polices)" peut intervenir " en judiciaire". " Quand il y a des gestes extrêmement limites, la police doit rendre des comptes", a-t-il assuré. 

Parmi les premières questions posées par les manifestants, celle de l'arrestation arrive en tête. Alors, que faire si un policier intervient ? Si de nombreuses fausses informations quant au droit de manifester spontanément circulent, un schéma partagé sur Twitter offre un aperçu plus rapide.

Réagissant à des témoignages de manifestants frappés par des policiers ou aspergés de gaz lacrymogènes lors des derniers rassemblements, des associations, collectifs ou simples citoyens rédigent des guides pour défiler "en sécurité". Cela va du rappel des droits du manifestant jusqu'au "kit de protection" le plus élaboré.

Les "bases de survie" du collectif "Désarmons-les" pour "se protéger des armes de la police" sont, par exemple, largement relayée sur Twitter . " Que l’on soit favorable ou non à l’action directe en manifestation ou à la confrontation avec les forces de l’ordre, expliquent les militants sur leur site, la protection et l’autodéfense sont une question indépendante de toute stratégie offensive, qu’on se doit d’aborder de manière pragmatique et rationnelle".

"Désarmons-les" propose même une sorte de "crash-test" de l'équipement du manifestant : des modèles de "protections oculaires", "protections de la tête", "protections respiratoires" et "protections auditives" sont évalués. Ainsi, le port du masque de chantier est "très conseillé" par le collectif quand les lunettes de type "industrie" sont déconseillées.

"Enregistrez votre interpellation"

Certains twittos partagent également une sorte de "guide du manifestant blessé ou témoins de blessures", publié par le site Information Anti Autoritaire Toulouse et Alentours. L'article explique notamment comment agir si un manifestant est victime de saignements, de brûlures, de coups de matraques... Et détaille toute une série de remèdes anti-gaz lacrymogènes : "pulvérisation de Maalox dilué", "sérum physiologique", "pleurer".

D'autres comptes s'intéressent aux moyens de documenter les rassemblements et les violences policières. "Vous pouvez mettre en place une automatisation sur votre téléphone pour enregistrer votre interpellation en cas de problème", affirme par exemple AVA MIND. Dans son tuto, la streameuse explique notamment comment déclencher via un iPhone avec "la localisation par vos proches ou encore un SMS automatique aux personnes de confiance pour les prévenir de la situation".

L'association Nothing2hide relaie un guide de protection numérique destiné aux journalistes professionnels et aux apprentis reporters : "Si vous allez manifester aujourd'hui #Greve23Mars, sortez couverts et prenez connaissance de notre guide de protection des smartphones en manif". Il donne à la fois des conseils aux manifestants pour protéger leurs données et leurs images, mais, aussi, pour faire de leur téléphone un outil d'alerte.

Entre 600 000 et 800 000 manifestants étaient attendus ce jeudi 23 mars en France pour la 9e journée de grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites, selon une note des renseignements territoriaux, que franceinfo a pu consulter ce mercredi. À la suite du recours au 49.3, et du " climat insurrectionnel qui s'est instauré ces derniers jours ", les renseignements craignent notamment des débordements dans une dizaine de villes en France comme à Paris, Lyon, Nantes, Rennes, Lille ou encore Caen.

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