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Document franceinfo Réforme des retraites : l'âge légal de départ à 64 ans "n'est plus négociable", affirme Elisabeth Borne

Elisabeth Borne a assuré à franceinfo que l'âge légal de départ à la retraite fixé par la réforme à 64 ans n'était "plus négociable". La Première ministre est aussi revenue sur la retraite des femmes au cœur du débat ces derniers jours.
Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Elisabeth Borne, en déplacement dans sa circonscription du Calvados samedi 28 janvier. (JULIE MARIE-LECONTE / FRANCEINFO)

L'âge légal de départ à la retraite à 64 ans "n'est plus négociable", a affirmé sur franceinfo, Elisabeth Borne, alors que le projet de loi sera examiné à l'Assemblée nationale à partir du 6 février.

La Première ministre souligne que 64 ans est "le compromis proposé" après les discussions avec les syndicats et le patronat. Elisabeth Borne dénonce par ailleurs des "inexactitudes" sur la situation des femmes dans le projet de loi. La réforme "protège les femmes, notamment celles qui ont des carrières interrompues", précise la cheffe du gouvernement. 

franceinfo : Est-ce que l'âge légal de départ à la retraite est encore négociable ?

Elisabeth Borne : Non, ça n'est plus négociable. La retraite à 64 ans et l'accélération de la réforme Touraine, c'est le compromis que nous avons proposé après avoir entendu les organisations patronales et syndicales, après avoir échangé avec les différents groupes parlementaires. Et, je vous le dis, c'est nécessaire pour assurer l'équilibre du système.

Les Républicains, mais aussi certains de vos alliés, le MoDem notamment, demandent une clause de revoyure, soit à la fin du mandat, soit au début du prochain. Est-ce que vous êtes prête à l'accorder ?

À la fin du mandat, il y a une clause de revoyure par nature qui est l'élection présidentielle et les élections législatives. Si on peut introduire le fait qu'il y aura par exemple, en transparence, un point d'étape sur où on en est dans le retour à l'équilibre de notre système, on pourra avoir ce débat au Parlement.

Est-ce que ce n'est pas une manière de reconnaître que, soit cette réforme-là est inutile, soit qu'elle est inefficace s'il faut se revoir encore à la fin du mandat ou au début du suivant ?

Tous les ans le Cor, le Conseil d'orientation des retraites, produit un rapport. Et on regarde tous les ans quelle est l'évolution de notre système de retraite. Si les parlementaires souhaitent particulièrement qu'il y ait un débat en 2027 sur cette question, ce sera leur choix. Pourquoi pas. Je dis simplement que nous, notre objectif, c'est assurer qu'en 2030, on a un système à l'équilibre.

Plusieurs députés de la majorité des députés Renaissance, Horizon, MoDem, proposent de permettre aux mères de partir avant l'âge de départ à 64 ans. Est-ce que vous y seriez plutôt favorable ?

Le système de retraite qui est le nôtre repose sur un âge de départ à la retraite et une durée de cotisation. Et ce sont ces deux paramètres qui assurent l'équilibre du système de retraite. Dans le système, il y a des gens qui atteignent l'âge légal et qui n'ont pas la durée de cotisation requise, et qui doivent travailler plus longtemps pour ne pas avoir une décote sur leur retraite. Cet âge, il est de 67 ans. Aujourd'hui, on a fait le choix de ne pas le décaler, parce qu'on pense que ça concerne notamment des femmes qui ont des carrières interrompues, pour qui c'est difficile d'avoir tous les trimestres demandés. On n'a pas voulu leur demander de travailler plus longtemps. On a aussi des gens qui ont le nombre de trimestres voulus et qui ont à travailler un peu plus longtemps pour avoir l'âge légal. Le système, c'est comme ça qu'il s'équilibre. Et je pense que c'est important d'avoir en tête que, si on avait qu'un seul paramètre, alors ce ne serait pas 43 ans de cotisation et 64 ans pour pouvoir partir à la retraite. Par exemple, ça pourrait être 45 ans de durée de cotisation, ce qui nous semble impossible de demander aux Français.

Est-ce que vous entendez les voix qui disent que les femmes sont les grandes perdantes de la réforme ?

J'ai entendu beaucoup d'inexactitudes. Cette réforme, elle protège les femmes, notamment celles qui ont des carrières interrompues, en ne décalant pas l'âge où vous pouvez partir sans décote, quel que soit le nombre de trimestres. Elle protège les femmes qui ont des plus petits revenus tout au long de leur vie professionnelle et qui sont largement majoritaires dans celles qui ont la retraite minimale en revalorisant cette retraite minimale. Les deux tiers des retraités qui vont bénéficier d'une revalorisation, ce sont des femmes. Les deux tiers des retraités qui, demain, partiront avec 100 euros de plus par mois, ce sont des femmes. Donc on a été très attentifs à la situation de ces femmes qui ont des carrières difficiles. Comme on est attentif aussi, pour les femmes et pour les hommes, à ceux qui ont des carrières dans des métiers pénibles, où vous pouvez avoir de l'usure professionnelle, comme on est attentif à ceux qui ont commencé à travailler tôt.

Donc, dans la réforme, il y a des personnes qui vont devoir travailler plus longtemps. Ce sujet des trimestres qui s'appellent maternité, éducation, dès aujourd'hui, il y a beaucoup de femmes qui ne peuvent pas les utiliser à plein. On regarde de qui il s'agit. Est-ce que ce sont des petites pensions ? Est-ce que ce sont des femmes qui ont commencé à travailler tôt ? Est-ce que ce sont peut-être des personnes, comme vous et moi, pour lesquelles, quand on est dans un métier de cadres supérieurs avec une perspective d'une bonne pension, peut-être qu'on fait partie des gens qui peuvent avoir à travailler un peu plus longtemps. Donc, cette analyse est en cours.

DOCUMENT FRANCEINFO. Entretien avec Elisabeth Borne lors de son déplacement dans le Calvados.

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