L'AFP se justifie après avoir retiré une photo de Hollande tout sourire
Le cliché a été pris lors d'une visite du chef de l'Etat dans une école de Denain (Nord), à l'occasion de la rentrée des classes. Sa suppression a provoqué de nombreux commentaires.
Assis derrière le bureau d'une salle de classe, François Hollande affiche un très large sourire. Derrière lui, ces quelques mots soigneusement calligraphiés en lettres cursives sur le tableau noir : "Aujourd'hui, c'est la rentrée des classes". Le chef de l'Etat se trouve dans une école de Denain (Nord), mardi 3 septembre, à l'occasion de la rentrée, où il fait l'éloge de la réforme des rythmes scolaires.
L'Agence France-Presse (AFP), qui fournit les médias en dépêches et en images, immortalise le moment. Mais dans la soirée, elle décide de retirer cette photo de son stock de clichés. Malgré une première explication, l'agence est accusée de censure. Elle doit alors se justifier une seconde fois, et reconnaît une "erreur", mercredi après-midi.
Francetv info revient sur cette polémique en trois actes.
Acte 1 : une photo "peu flatteuse" de Hollande supprimée
Mardi soir, un responsable du département photo de l'AFP décide de retirer la photo. Pour le faire comprendre à ses clients, il la barre – comme il est de coutume dans les agences – d'une croix rouge et l'accompagne de la mention "Mandatory kill", qui se traduit par "effacement obligatoire" en français.
La décision obéit à des considérations purement éditoriales. "En raison d'un problème éditorial, cette photo a été retirée. Veuillez l'enlever de tous vos systèmes. Nous sommes désolés pour ce désagrément, merci de votre coopération", indique alors l'AFP, à côté de la photo.
Dans la foulée, 20 Minutes.fr contacte l'AFP. L'agence "a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une censure et que la photo n'avait pas été retirée à la demande de l'Elysée mais sur 'décision éditoriale de l'agence, qui s'excuse auprès de ses clients'", écrit le site d'information. L'agence souligne que "c'est régulièrement le cas pour des photos qui ont été mal traitées ou mal filtrées, notamment dans le domaine international". L'AFP préfère retenir d'autres photos de cette visite présidentielle.
Acte 2 : l'AFP est accusée de censure
Mais cet article, suivi par d'autres mis en ligne sur les sites d'information, jette de l'huile sur le feu. Le fait que cette photo ait été supprimée attire l'attention. Les médias se montrent sans concessions : "La photo de Hollande que vous ne deviez pas voir", titre, par exemple, Le Parisien. Sur Twitter, certains internautes expriment leur désapprobation en mettant en ligne le cliché.
Comme l'Afp a interdit cette photo...Ben, je la publie #Hollande pic.twitter.com/k66BIKsuR4
— Viard Pierrick (@pierrick_viard) September 4, 2013
Conséquence, la photo devient rapidement virale.
Acte 3 : l'AFP se défend, mais reconnaît une "erreur"
Face à ces accusations, le directeur de l'information de l'AFP, Philippe Massonnet, réfute toute censure. Mais fait son mea culpa : "Notre décision d'éliminer la photo a posteriori était, de toute évidence, une erreur." Il raconte ensuite ce qui s'est réellement passé, dans un post de blog mis en ligne mercredi en début d'après-midi.
"L'AFP a pour règle de ne jamais diffuser d'image qui ridiculise gratuitement les gens. On prend la décision de publier une photographie pour sa valeur informative, jamais pour la violence ou, en l'occurrence, le ridicule qu'elle peut générer. Par exemple, il arrive fréquemment que nos photographes (...) surprennent les dirigeants mondiaux (...) en train de se mettre le doigt dans le nez ou autre", explique-t-il, pour justifier le geste du responsable du département photo.
L'auteur du cliché était de "pool" ce jour-là (c'est-à-dire qu'il travaillait pour plusieurs agences), et avait donc une "responsabilité particulière", poursuit Philippe Massonnet. "Il faut éviter les angles insolites ou trop réducteurs, susceptibles de sortir l'image de son contexte ou d'en détourner le sens, détaille-t-il. Dès lors, la décision de retirer cette photo obéit à des considérations purement éditoriales. Elle a été prise en toute indépendance. Nous n'avons fait l'objet d'aucune pression. Jamais la présidence française n'a exigé que nous prenions cette mesure."
"Cette image, somme toute assez banale et très loin d'être scandaleuse en soi, serait sans doute passée plutôt inaperçue (...) si nous n'avions pas attiré l'attention sur elle en demandant à nos clients de l'éliminer", conclut Philippe Massonnet, en citant "l'effet Streisand", dont cet incident est une illustration.
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