: Vidéo Attaque à Paris : "A Charlie, on a toujours gardé à l'esprit que des choses comme cela étaient possibles", réagit le dessinateur Riss
Riss, le caricaturiste et directeur de publication de Charlie Hebdo, s'exprime jeudi sur France Inter à l'occasion des 50 ans du journal satirique, après l'attaque à Paris, près de ses anciens locaux.
"Depuis 5 ans, à Charlie, on a toujours gardé à l'esprit que des choses comme cela étaient possibles" réagit Riss, le caricaturiste et directeur de publication de Charlie Hebdo, invité jeudi 1er octobre de France Inter à l'occasion des 50 ans du journal satirique, après l'attaque à Paris, près des anciens locaux du journal.
"Deux choses, d'abord, vis à vis des victimes, c'est une tragédie de subir une telle agression et tout ce que l'on peut espérer c'est qu'elles s'en tirent le mieux possible", indique tout d'abord Riss. "A la limite je n'étais pas trop surpris non plus, ajoute Riss. Depuis 5 ans, à Charlie, on a toujours gardé à l'esprit que des choses comme cela étaient possibles. On le voit à l'étranger il y a eu déja des attaques au couteau, alors que des gens comme cela dans la rue, s'en prennent, pas forcément à des journalistes mais à des badauds, cela peut arriver. je n'ai jamais pensé que plus rien ne pouvait arriver.''
Nous, dans tous les cas, à Charlie, on a toujours dans un coin de notre tête que quelque chose peut toujours arriver. Les gens comme cela, cela existe, il faut faire avec.
Rissà France Inter
Alors que l'assaillant a expliqué avoir voulu cibler Charlie Hebdo en raison de la republication des caricatures de Mahomet, le directeur de la publication assume. Après les attentats de 2015, "des gens tout de suite nous ont demandé pourquoi on ne republiait pas les caricatures ? Moi j'étais contre. Je ne voulais pas que ce soit la raison d'être du journal. On ne recréé pas ce journal pour cela. Pendant 5 ans, je me suis opposé à ce que l'on publie ces caricatures, car je trouvais que cela n'avait aucun sens, je trouvais, et je voulais que le journal retrouve son identité sans cela", explique Riss. ''On va parler de beaucoup de choses dans ce procès'', continue Riss, alors que le procès des attaques de janvier 2015 s'est ouvert devant la cour d'assises spéciale de Paris.
C'est un événement public, où l'on dévoile tout, tout ce qui est dans le dossier d'instruction est mis sur la table.
Rissà France Inter
''On a même ouvert des scellés qui ne l'avaient jamais été, on a vu des images que l'on avait jamais vu, et on ne verra pas ces caricatures." ''Or c'est le mobile du crime", poursuit le directeur de publication de Charlie Hebdo.
Le dessinateur revient sur la première publication des caricatures. "Elles ont été publiées en 2006, et j'ai parfois l'impression que depuis, les gens fantasment, estime le dessinateur. Ils ont du oublier ce que c'était. Peut-être même que certains ne les ont jamais vu. Ils vont peut être s'imaginer que ce sont des dessins abominables, des choses atroces. Quand on les voit, c'est dérisoire, et je pense qu'il fallait voir à quel point ce crime est d'autant plus atroce que les dessins sont dérisoires. Je pense que c'est presque un devoir d'information de les publier à ce moment là."
Ce procès permet une chose, c'est d'officialiser ce qu'il s'est passé.
Rissà France Inter
Pour le dessinateur, ce procès permet de "rendre public ce qu'il s'est passé, parce que, même pour nous ce n'est pas évident de parler de ce que chacun a vécu le 7 janvier''. ''On en parle pas trop au journal, pas en détail. Bien sûr que l'on évoque le 7 janvier, mais on entre pas souvent dans ce que l'on a vécu."
"Finalement, poursuit le dessinateur, je pense que cela nous a fait du bien de voir que, sur la place publique, tout le monde a pu dire ce qu'il avait vécu, on a pu entendre les autres victimes de cette vague d'attentats et c'était interessant que ce qu'ils avaient vécu, c'était très proche de ce que l'on avait vécu nous." "Ca nous rend peut être un peu moins seuls, conclut Riss. C'est vrai que pendant ces 5 années parfois on se sent un peu seul avec ce que l'on a vécu, finalement, comme là tout est dit sur la place publique, cela nous réconforte un peu."
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