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Le Foll sur France Info : "Je n'ai pas d'outil légal pour faire payer tel ou tel prix"

En pleine crise de l'élevage, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a accordé une interview à France Info lundi en fin de journée. Il plaide pour une démarche globale, concernant l'ensemble des filières agro-alimentaires pour faire monter les prix. Mais il reconnaît la complexité de la négociation, qui implique de nombreux acteurs.
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  (Stéphane Le Foll se dit prêt à recevoir les éleveurs en colère à Paris mais ne peut pas avancer de proposition concrète avant de s'être mis d'accord avec l'ensemble da la filière © Maxppp)

Pour faire monter les prix au bénéfice des éleveurs, le ministre de l'Agriculture a décidé de soulever toute la montagne de la filière qui va de l'animal au consommateur. C'est à dire principalement trois étages : les éleveurs, les transformateurs et les distributeurs. Dans une interview exclusive qu'il a accordée à France Info alors que les éleveurs du Calvados et de la Manche ont lancé un mouvement qui pourrait bien s'étendre, le ministre explique qu'il n'a pas le choix : "Je n'ai pas aujourd'hui d'outil légal direct pour aller demander à quelqu'un de faire payer tel ou tel prix ". Traduction, le gouvernement ne peut pas faire monter les prix payés aux éleveurs par la contrainte. Il faut donc, explique-t-il, en passer par la négociation.

"On n'a récupéré que 5 à 7 centimes en moyenne"

Et il tient à rappeler qu'il l'a déjà fait : "c'est un travail de conviction qui date de plusieurs mois ". Il met en particulier le doigt sur la réunion du 17 juin, qui a rassemblé les filières autour d'une table, mais qui est loin de faire l'unanimité. Des engagements sont ressortis des 3h30 de réunion. Mais les éleveurs dénoncent leur non-respect : "Ils ont en partie raison ", reconnaît Stéphane le Foll. Il souligne que concernant le porc, les engagements sont presque tenus : "On est à 1,38 euros le kilo. L'engagement était à 1,40 euros. On est parti d'1,20 euros le kilo ". Mais pour le boeuf, on est "loin de l'objectif ", admet-il. "On n'a récupéré que 5 à 7 centimes en moyenne ".

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"Je ne peux pas annoncer des choses tant que je n'ai pas tous les détails "

Alors que les éleveurs répètent sans cesse qu'il y a urgence, le ministre explique que la complexité de la filière et la "multiplicité des opérateurs " empêchent de voir clairement où sont les freins à une augmentation des prix payés aux éleveurs : "On est aux côtés des éleveurs mais on est face à des filières globales, organisées depuis des années, qui ont des relations commerciales entre elles depuis longtemps. Il faut faire bouger les choses dans leur ensemble ".

Le médiateur a notamment pour mission d'y voir clair. Son rapport devrait être sur le bureau du ministre mercredi. En attendant, Stéphane Le Foll se dit "prêt à recevoir les éleveurs ", du moins à Paris. Mais il reconnaît ne pas avoir grand-chose de concret à leur dire : "Je ne peux pas annoncer des choses tant que je n'ai pas tous les détails et que tous ceux qui étaient autour de la table le 17 juin ne sont pas autour de la table pour valider les propositions ". 

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