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Infographies Remboursement de la dette souveraine : qui sont les bons et les mauvais élèves des agences de notation ?

L'agence S&P Global doit rendre vendredi son verdict sur la dette publique française. Mais qu'en est-il des autres pays du monde ?
Article rédigé par Léa Prati
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
La façade du siège de Standard & Poor's, à New York (Etats-Unis), en avril 2010. (JUSTIN LANE / EPA / MAXPPP)

La note de la France va-t-elle être une nouvelle fois dégradée ? S&P Global (anciennement Standard's & Poor's Global), l'une des trois agences reconnues par les organisations internationales, doit actualiser sa notation sur la dette publique française, vendredi 2 juin. Jusqu'à présent, l'économie française était classée en "AA" avec une perspective négative par l'agence. Et la menace d'une dégradation de la note rend le gouvernement fébrile, un mois après un premier coup de semonce de l'agence Fitch, qui a abaissé le 28 avril la note de la France de "AA" à "AA -", avec une perspective stable.

Ces notations de la dette souveraine ont été créées durant la crise bancaire de 1907 afin d'éclairer les investisseurs sur la capacité des Etats à rembourser leur dette. Les agences affectent deux notes aux pays : une sur le court terme et une sur le long terme. C'est la seconde, particulièrement scrutée par les investisseurs et par les banques, qui est la plus significative. Elle conditionne la capacité d'emprunt d'un État et, dans une certaine mesure, les taux d'intérêt proposés par les investisseurs sur le marché des obligations. Mais comment la France se compare-t-elle au reste du monde dans ce domaine ?

Huit pays européens au sein du club des triples A

L'agence S&P Global attribue des notes allant du triple "A", qui constitue le Saint-Graal de la solidité économique, à "D" (pour "défaut de paiement") à 130 pays présents sur tous les continents. A ce jour, 11 pays possèdent la meilleure note, dont huit se situent sur le continent européen : l'Allemagne, le Danemark, le Liechtenstein, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse. A leurs côtés, on retrouve l'Australie, le Canada et Singapour.

Outre-Atlantique, l'agence S&P est plus sévère que ses concurrentes envers les États-Unis. Alors que le pays est noté "AAA" par Moody's et Fitch, Standard's & Poor's le classe depuis 2011 en "AA+" avec une perspective stable. À l'époque, elle avait justifié cette dégradation par la persistance d'un déficit budgétaire élevé et de la montée de la dette publique.

A l'autre bout du classement, Porto Rico et le Liban sont actuellement en défaut souverain. Cela signifie qu'ils n'ont pas honoré les remboursements attendus auprès de leurs créanciers, qu'il s'agisse d'Etats, d'institutions financières (Fonds monétaire international, Banque mondiale, etc.) ou de simples investisseurs sur les marchés financiers. Le Liban, englué dans une crise économique majeure depuis plus de trois ans et demi, a annoncé en mars 2020 le premier défaut sur la dette de son histoire.

Six autres pays sont "en défaut sélectif", c'est-à-dire qu'ils n'ont remboursé que partiellement leur dette. Il s'agit de la Biélorussie, du Ghana, de Grenade, du Sri Lanka, du Suriname et de la Zambie.

Une Europe coupée en deux

Sur le Vieux Continent, on observe, à l'ouest, des pays en bonne santé économique avec des notes allant du triple A au "BBB" qui signifie une qualité moyenne inférieure pour l'état de la dette. La France, la Belgique, le Royaume-Uni, l'Irlande sont classés "AA". De leur côté, l'Islande et l'Espagne se sont vues octroyer la note A. Enfin, le Portugal et l'Italie possèdent un "BBB".

À l'est, on retrouve des pays avec des difficultés financières plus importantes. La Biélorussie est le seul pays sur le continent européen à être en défaut sélectif. S&P Global a rétrogradé sa note en août 2022 passant de "CC" à "SD" (pour "selective default"), pour avoir choisi de rembourser sa dette souveraine en roubles biélorusses et non plus en dollars. Cette technique, aussi utilisée par la Russie, a pour but de soutenir le cours de la monnaie locale. Jugeant qu'il s'agissait d'une rupture des conditions du contrat et du prêt, l'agence a noté le pays en défaut sélectif.

D'autres pays comme l'Ukraine, en plein conflit contre la Russie, ou encore la Turquie se sont vus attribuer des notes pour lesquelles le remboursement de la dette est jugé comme étant particulièrement spéculatif.

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