Trois questions sur le placement en redressement judiciaire de British Steel, le repreneur de l'ex-aciérie Ascoval
Les autorités britanniques ont annoncé le placement sous contrôle judiciaire du sidérurgiste désigné mi-mai comme repreneur du site de Saint-Saulve.
Le groupe sidérurgique British Steel a été placé en redressement judiciaire, mercredi 22 mai, faute d'avoir obtenu un soutien financier du gouvernement britannique. Cette annonce a suscité des inquiétudes quant à l'avenir de l'ex-aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord), tout juste rachetée par la maison mère de British Steel. Franceinfo répond à trois questions sur cette procédure et ses répercussions pour le site français.
Quelle est la situation de British Steel ?
Le sidérurgiste britannique British Steel a été placé mercredi 22 mai sous le contrôle d'un administrateur judicaire. Toutefois, l'entreprise "poursuit son activité et fournit ses clients" pendant que l'administrateur "réfléchit aux options la concernant". "Le personnel a été payé et continuera à être employé", a-t-il indiqué à Reuters.
Greg Clark, le secrétaire d'Etat chargé de la Stratégie industrielle, a pour sa part déclaré que le gouvernement britannique s'efforcerait d'assurer l'avenir du sidérurgiste dans les semaines à venir, ajoutant qu'il aurait été contraire à la loi de lui consentir un prêt. Mais il a indiqué que British Steel était ouvert à de nouveaux repreneurs.
Le groupe emploie directement 5 000 personnes, essentiellement à Scunthorpe, dans le centre du Royaume-Uni. Après avoir dégagé un bénéfice en 2017, British Steel a supprimé en 2018 environ 400 emplois, en raison notamment de la faiblesse de la livre et des incertitudes concernant le calendrier du Brexit qui ont, selon l'entreprise, fait fondre son carnet de commandes.
Quelles sont les conséquences pour Ascoval ?
British Steel a été désigné début mai comme repreneur d'Ascoval, qui était en redressement judiciaire depuis 2017. L'exécutif a tenté de rassurer les salariés du site de Saint-Saulve (Nord) après l'annonce des autorités britanniques. La procédure de redressement judiciaire "n'inclut pas l'aciérie de Saint-Saulve qui est détenue par une autre société du groupe", à savoir la maison-mère Olympus Steel Ltd, a indiqué le ministre de l'Economie dans un communiqué. Bruno Le Maire a précisé que "le plan d'affaires" du site français, qui compte 270 salariés, ne dépendait pas des activités britanniques, "ni industriellement, ni pour son financement".
L'Etat français avait décidé, une semaine plus tôt, le déblocage de 15 millions d'euros de prêt pour le site. La partie britannique avait, elle, annoncé 5 millions. Bruno Le Maire avait précisé que cette dernière avait en outre signé un "prêt d'actionnaires de 40 millions d'euros". Le conseil régional des Hauts-de-France a de son côté voté mardi pour octroyer 12 millions d'euros de prêt pour l'aciérie de Saint-Saulve, comme il s'était engagé à le faire.
La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a assuré mercredi que la reprise d'Ascoval allait "se poursuivre". "Les engagements du gouvernement et de l'Etat français seront respectés et donc les crédits débloqués" en faveur de British Steel, a-t-elle ajouté. "De la même manière, du côté de British Steel, les engagements qui ont été pris, sont aujourd'hui en train d'être tenus, a poursuivi Sibeth Ndiaye. C'est une situation que nous suivons avec énormément d'attention, compte tenu des enjeux en terme d'emplois pour le territoire."
Comment réagissent les employés ?
Les déclarations du ministère de l'Economie n'ont pas suffi à rassurer les salariés du site de Saint-Saulve. "Nous sommes bien conscients qu'il y aura des conséquences et qu'elles vont être lourdes", a déclaré sur franceinfo Bruno Kopczynski, porte-parole de l'union syndicale chez Ascoval. "Les financements ne sont pas arrivés complètement contrairement à ce qui est dit. Il reste encore un peu plus de 42 millions qui doivent arriver, a-t-il martelé. Nous ne savons pas si cet argent arrivera bien, par qui et quand. Donc, nous ne sommes pas financièrement autonomes." Il a estimé que cette annonce aurait des retombées sur les fournisseurs et sur les salariés.
Les employés d'Ascoval ont brièvement arrêté le four de l'aciérie, mercredi, avant de le remettre en route à l'issue d'un comité d'entreprise extraordinaire. "La direction a en partie répondu à nos questions", a déclaré à l'AFP Nacim Bardi, délégué CGT. Le syndicaliste a demandé que "les fonds privés, soit environ 40 millions d'euros qui devaient être échelonnés dans le temps, soient disponibles immédiatement pour mettre en route les investissements". Face aux députés, la secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher a annoncé que "le ministre de l'Economie et des Finances recevrait [les salariés d'Ascoval] d'ici la fin de la semaine".
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