À Gardanne, les salariés de la centrale ne veulent pas "qu'environnement rime avec chômage"
Dans cette commune des Bouches-du-Rhône, la centrale est menacée de fermeture d'ici 2022.
Après la grève des lycéens pour le climat, vendredi 15 mars, une centaine d'associations sociales, syndicales et environnementales appellent à une marche du siècle samedi. Plus de 200 événements sont prévus partout en France pour demander au gouvernement de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais la transition énergétique s'avère parfois compliquée à mettre en place. À Gardanne (Bouches-du-Rhône) - où les mines de charbon ont fermé au début des années 2000 - la centrale est aujourd'hui menacée par la promesse présidentielle de fermer les quatre dernières centrales à charbon françaises d'ici 3 ans.
L'environnement oui, le chômage non
Cela fait cinq mois que les salariés de la centrale de Gardanne tiennent un piquet de grève devant l'entrée de leur usine. Un campement de fortune avec une tente, un brasero et une voiture retournée où l'on peut lire : "on veut un avenir, pas un moratoire". Fermer les centrales d'ici 2022, c'est trop brutal, estime Michel, dans le charbon depuis vingt ans. "Moi je suis petit-fils, fils et frère de mineur."
Je fais quoi à 54 ans moi, maintenant ? J'aime mon métier et je veux continuer.
Michel, salarié de la centraleà franceinfo
"Mon fils travaille là. On est pour le charbon parce qu'on est des fils de mineurs, c'est notre culture, explique Michel. Mais demain si on brûle des noyaux d'olive, ça ne nous changera pas. Nous, ce qu'on veut, c'est travailler dans l'énergie."
Pas question pour la CGT d'entamer des discussions sur un plan de départ pour les 90 salariés de l'unité charbon, mais pas question non plus de nier le changement climatique. "On pousse un peu plus la réflexion. On dit : 'est-ce qu'environnement rime avec chômage ?' Parce que si c'est ça, je pense qu'aucun citoyen ne va partager [l'avis du gouvernement, ndlr] même ceux qui marcheront samedi", explique le représentant du syndicat Nadir Hadjali.
Une situation injuste selon le maire
Le maire de la ville, Roger Meï, 83 ans, vient d'écrire au chef de l'État pour demander plus de temps et des moyens pour la reconversion du site. Il trouve sa situation injuste par rapport aux autres centrales à charbon françaises."Il y a deux centrales à charbon en France qui vont être préservées. Celles de Cordemais, près de Nantes [d'où vient le ministre de la Transition écologique François de Rugy] et une autre au Havre" où était maire "un certain Édouard Philippe (...) mais là ce n'est pas acceptable."
On va avoir deux poids, deux mesures. Ça va mal se passer.
Roger Meïà franceinfo
Sur l'ancien puit de la mine de Gardanne se dresse aujourd'hui une pépinière d'entreprises mais la culture du charbon reste forte. Le grand-père d'Helena, en formation d'aide-soignante, était mineur. Elle voudrait que le climat et l'emploi soient pris en compte."Si la centrale à charbon ferme, Gardanne va perdre son histoire. Si on la ferme et qu'on en fait un musée, ça ne touchera plus le climat, on sera tranquille. En plus, ça sera plus connu. Il y aura des touristes, ce sera bien, s'amuse la jeune femme. Et les gens seront contents de venir à Gardanne pour visiter."
Aucune marche pour le climat n'est prévue samedi à Gardanne, mais d'autres doivent avoir lieu à Martigues, Aix et Marseille pour que la fin du monde et la fin du mois relèvent du même combat.
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