Cet article date de plus d'un an.

Reportage "Les clients ne vont pas l'accepter" : l'augmentation de la taxe de séjour en Île-de-France inquiète les acteurs du tourisme

La taxe de séjour pourrait tripler en Île-de-France en 2024. Cette hausse doit permettre de financer les transports en commun, mais cela suscite la grogne des professionnels du tourisme.
Article rédigé par franceinfo - Valentin Houinato
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Illustration de touristes devant la Tour Eiffel, le 20 aout 2016. (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

Derrière son comptoir, Nabil Aitali sort sa calculette. Ce directeur d'hôtel de 55 chambres dans le 11e arrondissement redoute une augmentation de la taxe de séjour : "Par exemple en ce moment, pour une chambre double, si vraiment l'augmentation de 200% est appliquée, il faut multiplier par trois. Cela fait 11,28 euros et ce sera la taxe pour une chambre et par nuit."

La taxe de séjour pourrait tripler en Île-de-France en 2024. Cet impôt qui vient alourdir un petit peu la facture à l'hôtel. Elle est actuellement de 1,88 euro pour un hôtel trois étoiles. Pour les professionnels, cette hausse sera difficile à mettre en place. "En pratique, c'est très compliqué parce que certains clients refusent de payer, explique Qin Wu, directeur général du groupe Hipotel. Il faut vous mettre dans l'esprit que les clients n'acceptent pas ça."

Une augmentation pour financer les transports

Attention à ne pas égratigner l'image de la France à l'étranger explique Jean-Virgile Crance, président de la Confédération des acteurs du tourisme (CAT) : "On voit se dessiner une sensibilité aux prix beaucoup plus importante que nous pouvions avoir dans le passé. Et le consommateur, en effet, peut être amené à faire des arbitrages par rapport au prix en choisissant une autre destination. À l'heure où on a une concurrence qui n'a jamais été aussi vive, en particulier avec l'Espagne, nous disons aujourd'hui attention, nous sommes en train de donner un coup à la compétitivité de notre destination."

"L'industrie touristique représente plus de 8% du PIB et plus de 2 millions d'emplois directs et indirects."

Virgile Crance, président de la CAT

à franceinfo

Cette hausse de la taxe de séjour, qui ne s'applique pas aux personnes mineures, doit servir à financer les transports franciliens. Le but est d'éviter de faire peser une nouvelle augmentation du pass Navigo aux usagers explique Île-de-France Mobilités. "Ce qui est proposé dans le protocole avec l'Etat, ce sont des ressources qui pourraient apporter à terme 200 millions d'euros de plus par an à Île-de-France Mobilités, explique Grégoire de Lasteyrie, vice-président d'IDF Mobilités. Si on n'avait pas cette ressource, cela équivaudrait à 7 euros sur le pass Navigo. C'est normal que chacun prenne sa part et les touristes aussi."

La hausse reste modeste selon le vice-président d'IDF Mobilités, pour une taxe de séjour de 2 euros aujourd'hui, elle passerait au plus à 6 euros en 2024. La mesure doit encore être adoptée. Les députés voteront lors du vote de projet de loi de finance cet automne.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.