: Vidéo Une honorable banquière britannique aurait-elle servi de paravent à un système de fraude fiscale international?
En avril 2019, les "Dubaï Papers", une fuite de 200 000 fichiers et documents, ont mis au jour un vaste système d'évasion fiscale dont un prince belge serait le cerveau. Dans cette masse de documents, un nom émerge : celui d'une banquière à la retraite au-dessus de tout soupçon... Quel était son rôle dans ce réseau ? Extrait d'une enquête de "Pièces à conviction".
Près de 200 000 documents, des mémos, des fax, des mails, et surtout des listes de noms... Ils étaient contenus dans un disque dur informatique remis par un détective privé à la justice. Cette fuite a permis de mettre au jour un réseau financier international soupçonné de fraude fiscale, opérant depuis vingt-cinq ans entre la Belgique, la Suisse et les Emirats arabes unis. Avec des journalistes de L'Obs et de Radio France, "Pièces à conviction" a enquêté et remonté le fil de la fraude présumée.
Dans cette masse de documents, un nom émerge. C'est celui d'une banquière à la retraite, au-dessus de tout soupçon : Geraldine Whittaker. Un fax daté de mai 2016 conseille explicitement de mettre ce nom en avant pour rassurer un client inquiet. Il a été envoyé par Henri de Croÿ, un prince belge soupçonné d'être à la tête du réseau. Il rappelle à ses salariés qu'après le scandale des "Panama Papers", Geraldine Whittaker est précisément là pour ça : calmer les craintes. "Il y a vraiment la volonté de l'utiliser comme paravent", selon Abdelhak el Idrissi, journaliste de la cellule investigation de Radio France.
Caution morale, ou numéro un du réseau ?
Geraldine Whittaker n'est pas n'importe qui. Cette honorable banquière galloise, à la tête d'une fondation caritative, a été reçue par la reine d'Angleterre, le président Sarkozy lui a remis la Légion d'honneur en 2010... Elle figure parmi les invités au château d'Azy, où le prince de Croÿ donne ses réceptions. Elle serait même l'une de ses amies les plus proches. "Ce qui est sûr, affirme la journaliste de L'Obs Caroline Michel-Aguirre, c'est que depuis 1994, date où la banquière a officiellement pris sa retraite, ils sont alliés." Geraldine Whittaker serait-elle plus qu'une caution pour ce réseau de fraude présumée ? Et si c'était elle son véritable numéro un ?
Le journaliste de "Pièces à conviction" a rencontré l'avocat de Geraldine Whittaker. Après avoir nié tout lien de sa cliente avec les sociétés du groupe d'Henri de Croÿ, soupçonné d'être au cœur du système de fraude, l'avocat finit par plaider l'abus de confiance. Selon lui, sa cliente aurait été abusée à un moment où elle avait de gros problèmes de santé, et utilisée malgré elle comme prête-nom...
Extrait de "Le prince et la banquière : enquête sur un club financier très privé", à voir dans "Pièces à conviction" le 29 mai sur France 3.
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