Cet article date de plus de sept ans.

Plan logement : "Il va dans le bon sens, mais nous avons de grosses inquiétudes sur les APL"

Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre, a réagi mercredi au plan logement présenté par le gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un immeuble collectif à Bourtzwiller, dans le Haut-Rhin, le 28 novembre 2016. (MAXPPP)

Le gouvernement a présenté mercredi 20 septembre son plan logement. Il souhaite baisser les prix des loyers en France en créant notamment un bail étudiant de un à dix mois sans dépôt de garantie, ou des allègements d'impôts sur les plus-values pour la vente de terrain dans les zones tendues. Les dispositifs Pinel et prêt à taux zéro (PTZ) sont également reconduits pour quatre ans, mais ils seront désormais plus ciblés.

Pour Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre interrogé sur franceinfo, "cela va dans le bon sens". Mais cela ne l'empêche pas d'avoir "de grosses inquiétudes sur les APL".

franceinfo : quelle est votre réaction après l'annonce de ce plan logement du gouvernement ?

Christophe Robert : L’objectif qui vise à construire plus dans les secteurs tendus, à rénover aussi les quartiers prioritaires de la politique de la ville, tout cela va dans le bon sens, et la fiscalité qui vise à libérer le foncier également. Par contre on ne sait pas du tout quels moyens financiers vont être déployés pour atteindre ces objectifs. Le gouvernement avait évoqué quatre milliards d’euros sur la rénovation thermique, mais on ne sait pas ce qu'il en est. Tout l’enjeu sera le projet de loi de finances, même si sur ce volet là, ça part dans la bonne direction. Par contre nous avons une énorme inquiétude sur les APL : on nous avait annoncé des baisses de cinq euros pendant trois mois pour boucler le budget, mais ça devrait continuer en 2018 pour faire 400 millions d’euros d’économie sur les plus modestes.

Le gouvernement promet que la baisse des APL sera compensée par une baisse des loyers, cela ne vous convainc pas ?

Si le résultat est qu’on arrive à faire baisser les loyers dans le parc privé comme dans le parc social, sans mettre en péril les bailleurs sociaux -qu’ils puissent continuer à rénover leurs logements et à construire dans les années à venir- il n’y aura pas de problème. Mais que se passe-t-il ? On nous annonce [les baisses des APL] sur 2018 et on ne sait pas encore comment on va réussir à faire baisser les prix [des loyers]. C’est très préoccupant. C’est 13 millions de personnes, 6,5 millions de ménages, des personnes pauvres. La baisse des APL, on nous a dit qu’on le ferait tout de suite, pour le reste on ne sait pas. Ces APL sont fondamentales pour aider les personnes et les maintenir dans leurs logements. 

Les APL et le logement social sont les réponses à ceux qui n’arrivent pas à se loger dans le marché : les pauvres, les sans-abris, les retraités pauvres, les femmes seules avec enfant

Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre

à franceinfo

Ce sont quand même les instruments de la solidarité qui sont directement mis en cause. Si le résultat [des annonces du gouvernement] c’est que ça n’a pas de conséquence sur les ménages, et que ça ne met pas en difficulté les bailleurs, alors parfait ! Mais ce n’est pas ce qui a été annoncé jusqu’à présent.

Le gouvernement a annoncé la création d’un bail mobilité de un à dix mois sans dépôt de garantie pour les étudiants et les jeunes, cela répond-t-il aux problèmes propres à cette population ?

Il y a des annonces pour produire du logement destiné aux étudiants et aux jeunes qui vont dans le bon sens. Il faut que l’on prolonge cet effort mis en place depuis sept ans, et d’ailleurs le gouvernement semble vouloir aller encore plus loin. Mettre en place ce bail pour les étudiants, alors qu’il existe la location meublée : on ne comprend pas bien quel peut être l’avantage pour les jeunes puisqu’ils peuvent quitter leur logement assez rapidement. Le risque ce serait de mettre en cause un équilibre mis en place depuis 1989 avec le bail de trois ans. On ne voit pas bien où ça peut mener, et il ne faut surtout pas fragiliser ces rapports locatifs.

Bail mobilité : "On ne voit pas bien où ça peut mener" Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.