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Immobilier : pour les jeunes ménages, l'apport vaut son pesant d'or

Acheter quand on a moins de 30 ans, c'est possible, avec un apport personnel conséquent. Deux couples, l'un avec un enfants, l'autre sans, font part de leur expérience à francetv info.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Philippe a acheté un appartement de 84,5 m2 à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) pour 330 000 euros (hors frais de notaire), grâce à un héritage de 100 000 euros perçu par sa compagne. (PASCALE BOUDEVILLE / FRANCETV INFO)

Comment a évolué votre pouvoir d'achat immobilier depuis 2000 ? Combien avez-vous perdu ou gagné de mètres carrés ? C'est la question à laquelle francetv info va tenter de répondre toute cette semaine à travers une série d'articles et un moteur de recherche exclusif à retrouver ici : "Prix de l'immobilier, calculez l'évolution de votre pouvoir d'achat".

Acheter quand on a moins de 30 ans, impossible ? Pas quand on dispose d'un apport conséquent. "Le profil des primo-accédants a beaucoup changé depuis la fin des années 1990. La proportion de ceux qui ont un apport personnel conséquent est plus forte, au détriment des plus modestes, qui ont disparu", souligne Christian Tutin, directeur du Master 1 ingénierie immobilière à l'université Paris XII Créteil Val-de-Marne, contacté par francetv info. 

Car la hausse des prix de l'immobilier a rendu de plus en plus nécessaire cet apport personnel important, à Paris comme dans toutes les grandes villes, comme l'indiquait Michel Mouillart, professeur d'économie à Paris X Nanterre, sur Atlantico.fr.

"Entre la fin des années 90 et mi-2008, les prix des logements anciens ont augmenté de façon ininterrompue", selon l'Insee. Pour illustrer ce phénomène, francetv info a demandé à des Français de raconter leur expérience dans l'immobilier.

1Après une donation, Cécile, 25 ans, achète une maison 

Il y a un peu plus de six mois, Cécile, 25 ans, journaliste, a reçu une donation anticipée de ses parents. "Je louais avec mon copain depuis deux ans à Paris, quand j'ai appris qu'on devait libérer notre appartement prochainement. On a alors pensé à louer ailleurs. Mais finalement, mes parents m'ont fait une donation. Mon copain avait de l'argent de côté, donc on s'est dit qu'on avait tout intérêt à acheter ensemble", raconte-t-elle.

Le couple a pu se mettre en quête d'un logement avec un apport de 200 000 euros. Il a finalement jeté son dévolu sur une maison de 96 m2 avec un garage et un petit jardin à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), à environ 8 km du centre de Paris. Ils ont acheté cette maison 390 000 euros, 416 000 en comptant les frais de notaire. Leur banquier leur a proposé un crédit sur 15 ans avec un taux d'intérêt de 3,40%. Avec cet achat, Cécile concrétise aussi un désir. "C'est important pour moi, et pour mon copain, de devenir propriétaires. Cela représente une sécurité et une stabilité au quotidien : j'estime que je risque moins de me retrouver à la rue", explique-t-elle.

2Philippe et sa compagne ont acheté grâce à un héritage

Philippe (le prénom a été changé), 29 ans, chef de projet, a multiplié les visites pendant près d'un an. Il a fini par trouver chaussure à son pied. Il y avait urgence : jusqu'ici, il vivait à Paris avec sa compagne et l'enfant de cette dernière, dans un deux-pièces de 30 m2, en location. Philippe a finalement acheté un appartement de 84,52 m2 (loi Carrez) à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne), situé à un peu plus de 12 km du centre de la capitale, au prix de 330 000 euros (352 850 euros en comptant les frais de notaire). Il a pu réaliser cet achat grâce à un héritage de 100 000 euros perçu par sa compagne. C'est cette somme – l'intégralité de leur apport personnel – qui les a convaincus d'acheter un logement plutôt que de louer un appartement plus grand.

"Cet achat nous permet de constituer un capital et de réaliser un investissement sûr avec l'héritage de ma compagne. Acheter maintenant dans l'optique du Grand Paris peut s'avérer payant d'ici quelques années : on pourra réaliser une plus-value conséquente", estime Philippe. "Nous avons aussi décidé d'acheter en 2012 car les taux d'intérêt sont intéressants", poursuit-il. Le couple emprunte sur 25 ans, à 3,70% pendant 17 ans. "Il y a une troisième raison : les prix de l'immobilier en région parisienne ne font qu'augmenter, donc attendre sera sans doute synonyme d'acheter encore plus cher", conclut-il.

Que révèlent ces témoignages ?

Comme l'illustrent les situations de Cécile et Philippe, acheter un logement avec un héritage ou une donation rend les choses plus faciles. "Sur un marché en forte baisse et en pleine mutation (impact de la crise, reconfiguration du prêt à taux zéro +, rabotage du 'Scellier') l'apport personnel enregistre (…) une nouvelle progression (+7,3% en 2012)", indique l'Observatoire Crédit Logement / CSA du financement des marchés résidentiels, pour le deuxième trimestre 2012 (document PDF).

"Aujourd'hui, on peut comparer le marché de l'immobilier à celui de l'emploi. Il est difficile de commencer par décrocher un premier CDI, mais lorsqu'on est titularisé, on est protégé. Pour les primo-accédants, c'est la même chose : le premier achat est difficile à concrétiser, mais une fois qu'il est réalisé, il n'y a plus de problème", explique de son côté Arnaud Simon, directeur scientifique de MeilleursAgents.com, interrogé par francetv info.

Toutefois, si les cas de Cécile et Philippe sont révélateurs, ils n'illustrent pas la situation de tous les jeunes ménages, avec ou sans enfants. Ainsi, en 2012, "les jeunes ont de plus en plus de mal à devenir propriétaires en raison de la suppression du prêt à taux zéro pour l'ancien et de la rigueur accrue des banques", indiquait en septembre Le Figaro Magazine (article abonnés). "Pourtant, l'immobilier reste une valeur refuge qui rassure les jeunes, ils nous le disent dans les bureaux de vente. Il faut arriver à les solvabiliser", observait dans les pages de l'hebdomadaire Christian Louis-Victor, le président de l'Union des maisons françaises.

L'exemple de Julie et Marc (les prénoms ont été changés), respectivement cadre dans l'industrie pharmaceutique et cadre dans la logistique, le montre. Certes, ils ont acheté un appartement de 80 m2 près du centre-ville de Toulouse (Haute-Garonne), lorsque Marc a rejoint Julie après une mutation. Mais ils ont réalisé leur achat sans donation ni héritage, et à 30 ans, plus tard que Cécile ou Philippe. Pour constituer leur propre apport, avec leurs économies, ils ont donc mis un peu plus de temps. Enfin, ils ont acheté un bien moins cher que Cécile ou Philippe, à 280 000 euros.

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