Vague de froid : comment faire pour venir en aide aux sans-abri
Dons, collectes, appel au 115... Franceinfo a interrogé plusieurs associations sur ce qu'il convient de faire lorsque l'on croise un sans-abri, alors que la France affronte des températures en forte baisse.
Elle s'est abattue sur l'Hexagone avant le lever du jour. La vague de froid sévit en France depuis la nuit du dimanche 25 au lundi 26 février. Comme prévu par Météo France, les températures ont considérablement chuté en plaine : -10 °C dans l'Ain, -9 °C à l'aéroport de Bâle-Mulhouse, ou encore -8 °C à Strasbourg (Bas-Rhin) et Nancy (Meurthe-et-Moselle).
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Face à ce froid sibérien, les premières victimes sont les sans-abri. Deux personnes ont déjà perdu la vie : un SDF de 35 ans, dimanche, à Valence (Drôme) et un autre de 62 ans dans sa cabane dans les bois dans les Yvelines. Que faire pour venir en aide à ces personnes démunies ? Franceinfo a posé la question à plusieurs responsables associatifs.
Que risque un sans-abri dans la rue par ce froid glacial ?
"Les pathologies sont aggravées", assure Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française. "Il y a un vrai gros risque d'hypothermie par le temps qu'il fait", renchérit Emmanuelle Guyavarch, responsable du 115 et des maraudes au Samu social de Paris. Cette dernière pointe aussi les moyens, pas forcément adéquats, utilisés par les SDF pour se réchauffer. "Ils se mettent sur des plaques chauffantes, or ils peuvent s'y brûler voire contracter des infections. Certains se réchauffent aussi avec l'alcool mais ce n'est pas la bonne solution car la sensation de froid disparaît et on est moins dans une posture de survie".
Pour autant, toutes les associations contactées par franceinfo le rappellent : il n'y a pas plus de décès l'hiver que l'été. "Une personne dans la rue a des problèmes de santé en permanence, qu'il fasse froid ou chaud", affirme Fanny Plançon, chargée de projet au département "De la rue au logement" du Secours catholique.
On a autant de gens qui meurent l'été que l'hiver
Fanny Plançon, du Secours catholiqueà franceinfo
Pour Anne Parisse, responsable des actions contre l'exclusion à l'Ordre de Malte, "c'est la vie dans la rue qui rend vulnérable toute l'année", même si le froid peut venir renforcer les difficultés.
Quel doit être mon premier réflexe quand je croise un sans-abri ?
Faire d'abord preuve de politesse et d'humanité. "Le premier réflexe, c'est de lui dire 'bonjour' et de se mettre à son niveau s'il a envie de parler, bien sûr", indique Fanny Plançon. "Si vous voyez cette personne, c'est que vous êtes déjà un citoyen attentif, salue Jean-Christophe Combe. Si l'on voit qu'elle est en difficulté ou qu'elle demande une mise à l'abri, il faut contacter le 115".
N'importe qui peut appeler le 115, certes les lignes sont saturées, donc il ne faut pas hésiter à rappeler
Emmanuelle Guyavarch, du Samu social de Parisà franceinfo
Emmanuelle Guyavarch rappelle également l'existence du site du Samu social, pour signaler les personnes en difficulté à Paris. Néanmoins, cette dernière précise qu'en cas "d'urgence vitale", il faut appeler les pompiers ou le Samu.
De quoi les associations ont-elles besoin ?
Les besoins divergent selon les associations. Du côté du Samu social, par exemple, on fait appel à la générosité du public plutôt que de demander des dons en nature. "Il est plus simple pour nous d'acheter pour que l'on puisse gérer les stocks. En ce moment, on distribue des polaires, des duvets, des couvertures de survie...", explique Emmanuelle Guyavarch. Même chose pour la Croix-Rouge où "l'on ne fait pas appel, en général, à des dons en nature".
Au Secours catholique, les Français peuvent venir déposer "des vêtements chauds, des couvertures ou des duvets" dans les antennes de l'association. A l'Ordre de Malte, on préconise de se rapprocher des référents départementaux afin de voir ce dont ils manquent. "Il y a les coordonnées sur notre site, il ne faut pas hésiter à les appeler directement", conseille Anne Parisse.
Je souhaite m'engager pour faire une maraude, comment m'y prendre ?
Là encore, tout dépend de l'association. Au Samu social, seuls les professionnels sont acceptés. "Nous ne travaillons pas avec des bénévoles mais avec des professionnels comme des infirmiers ou des travailleurs sociaux", indique Emmanuelle Guyavarch. A la Croix-Rouge, on insiste sur le fait que "l'on ne s'apprivoise pas bénévole". "Le plus simple, c'est de venir rencontrer nos équipes locales, on sera ravis d'accueillir de nouveaux bénévoles et de les former", assure Jean-Christophe Combe. En ce moment, 60 équipes supplémentaires sont venues renforcer les 210 existantes.
Au Secours catholique, où "l'on fait plus de la présence fraternelle" que de la distribution de matériel, on conseille de se rapprocher de l'équipe de Paris ou des antennes locales, qui peuvent mobiliser des bénévoles si besoin.
Il ne faut pas hésiter à se rapprocher d'une association pour apporter une aide concrète, qui permet d'être plus efficace
Anne Parisse, de l'Ordre de Malteà franceinfo
A l'Ordre de Malte, toutes les maraudes travaillent avec le 115 afin de "mieux répartir l'aide". En ce moment, au lieu de tourner quatre fois par semaine, les équipes sont dans la rue tous les jours donc il peut être intéressant "de venir renforcer l'aide existante".
Et pourrait-on mettre tous les SDF à l'abri afin de les préserver de ce froid ?
"Des consignes très fermes ont été données à l’ensemble des préfets pour qu’ils mettent tout le monde à l’abri, c’est-à-dire qu’on va demander aux maires de pouvoir ouvrir des gymnases, des équipements publics pour que personne ne soit ce soir dehors", a assuré Gérard Collomb, le 25 février, sur Europe 1.
Zéro SDF dans les rues pendant cette période de grand froid, est-ce possible ? "Hier, on y est arrivés, sauf pour deux personnes qui avaient des chiens. Le nombre de places supplémentaires ouvertes nous permet de répondre à quasiment l'ensemble des demandes, assure Emmanuelle Guyavarch, du Samu Social. En période hivernale, 1 600 places supplémentaires sont disponibles à Paris et, avec le plan "grand froid", c'est 1 400 autres places qui ont été ouvertes."
Mais d'autres responsables associatifs soulignent l'impossibilité de mettre tout le monde à l'abri. "Il faudrait que l'ensemble des personnes acceptent d'être mises à l'abri, ce qui n'est clairement pas le cas. Elles ne le souhaitent pas car les dispositifs ne sont pas forcément adaptés à leur situation ou elles ont eu par le passé de mauvaises expériences dans les hébergements d'urgence", souligne Jean-Christophe Combe.
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