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Logement social : "On est en dessous de ce que nous avons à faire", reconnaît Emmanuelle Wargon

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Article rédigé par franceinfo
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"2,2 millions de familles" sont en attente d'un logement social, a détaillé la ministre du Logement. "Il faut faire plus", lui a répondu le directeur général de la fondation Abbé Pierre, qui plaide entre autres pour plus de contraintes sur les communes.

"Sur les logements sociaux, on est en dessous de ce que nous avons à faire" et "il faut en construire plus", a reconnu la ministre chargée du Logement, Emmanuelle Wargon, mercredi sur franceinfo, lors d'un débat avec le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert. "On sait qu'on a 2,2 millions de familles qui sont en attente de logement social et on en agrée environ 100 000 par an en ce moment", a-t-elle indiqué.

Dans son rapport annuel sur le mal-logement, dévoilé le même jour, la Fondation Abbé Pierre dénonce la baisse du nombre de logements sociaux autorisés chaque année, continue pendant le quinquennat d'Emmanuel Macron jusqu'à un rebond en 2021 : 104 800, nettement moins que les 150 000 annuels réclamés par la fondation. "Le point positif, c'est qu'on a un joli rebond sur les logements très sociaux", a souligné Emmanuelle Wargon.

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"Il faut aller plus loin pour contraindre" les communes, selon Christophe Robert

"Sur ce sujet" du logement social, "on a aussi besoin d'une meilleure mobilisation des bailleurs sociaux et d'une clarification des responsabilités avec les communes parce que finalement, ce sont les communes qui donnent les permis de construire et qui valident l'implantation de logements sociaux", a-t-elle insisté. D'après elle, "là où les aides à la pierre sont déléguées, c’est-à-dire là où les subventions sont données par les métropoles, les grandes villes, c'est là où on en fait le moins".

"La moitié des communes, à peu près, n'ont pas atteint leurs objectifs" en matière de logements sociaux, a abondé Christophe Robert. Selon lui, "il faut aller plus loin pour les contraindre". "Par exemple, il y a des pénalités qui peuvent être augmentées par cinq par les préfets, il y a peu d'endroits où ça a été fait", a-t-il souligné.


S'il "partage l'ambition" de la ministre, il estime qu'"il faut dire les choses telles qu'elles sont". "Les bailleurs sociaux devraient être en capacité de produire 100 000 logements sociaux à moyen, long terme du fait des coupes" budgétaires "de l'ordre de plusieurs milliards d'euros sur le quinquennat" d'Emmanuel Macron, a-t-il pointé, citant "des projections de la Caisse des dépôts". Autrement dit, "on a amputé une partie de la capacité d'agir des bailleurs sociaux".

"Renoncer aux coupes budgétaires"

Pour se montrer à la hauteur de cette "ambition", selon lui, "il va falloir renoncer à ces coupes" qui "normalement, se terminent fin 2022". "Il faut que le débat présidentiel nous dise quels moyens on va mettre sur la table", a-t-il insisté. Pour lui, il faut qu'"en arrête les coupes, qu'on remette des moyens financiers de l'Etat pour se mettre en situation de produire 150 000 logements sociaux par an".

"Ce n'est pas les bailleurs sociaux n'ont pas d'argent qu'on ne construit pas de logement social, c'est parce que le système de la construction a du mal à se débloquer entre une grande frilosité des communes et la nécessité d'être beaucoup plus volontariste, a répondu Emmanuelle Wargon. Sur ce point, je pense qu'on n'est pas en accord". "Je confirme", a lancé Christophe Robert.

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