Crise énergétique : comment nos voisins européens se préparent à de potentielles coupures de courant
Il n'y a pas que la France qui risque de subir des coupures d'Ă©lectricitĂ© cet hiver. Nos voisins europĂ©ens s'inquiĂštent Ă©galement de la disponibilitĂ© de l'Ă©lectricitĂ© dans les prochains mois. En cause, la crise Ă©nergĂ©tique liĂ©e Ă la guerre en Ukraine et l'explosion des prix du gaz. Face aux risques de coupures, des stratĂ©gies ont Ă©tĂ© mises en place. En France, le gouvernement a adressĂ© le 1er dĂ©cembre un plan d'action aux prĂ©fets. Mais la menace d'une pĂ©nurie d'Ă©lectricitĂ© n'est pas la mĂȘme selon les pays europĂ©ens.
Un rapport de l'Association européenne des gestionnaires de réseaux de transport d'électricité publié début décembre place ainsi la France en premiÚre place des pays à risque. L'Hexagone est suivi par l'Irlande, en deuxiÚme position. La SuÚde et la Finlande pourraient également subir des désagréments, à cause notamment de l'indisponibilité de certaines centrales nucléaires. En dehors de l'Union européenne (UE), la Suisse, dépendante de la France en hiver, et le Royaume-Uni, qui se chauffe largement au gaz, sont considérés comme vulnérables.
Des pays sous tension
Londres a d'ailleurs prĂ©parĂ© un plan, similaire Ă celui de la France, prĂ©sentĂ© fin novembre. Le National Grid (l'Ă©quivalent britannique de RTE) a ainsi prĂ©venu que des coupures pourraient ĂȘtre imposĂ©es Ă certains foyers du pays "de 16 heures Ă 19 heures" en janvier et fĂ©vrier, de façon alternative, "si les ressources en gaz provenant d'Europe sont insuffisantes", rapporte The Independant*. Les services publics et entreprises ne devraient pas ĂȘtre concernĂ©es par ces mesures.
A l'instar de la France, des coupures de courant sont considĂ©rĂ©es "comme le scĂ©nario du pire" au Royaume-Uni. Si la situation devenait critique, le pays prĂ©voit d'abord de rouvrir plusieurs centrales Ă charbon, rapporte Reuters. L'Irlande, trĂšs dĂ©pendante du gaz, pourrait aussi subir des black-out. Mais le gouvernement n'a pas prĂ©parĂ© de plan, mĂȘme si les autoritĂ©s encouragent les habitants du pays Ă rĂ©duire leur consommation durant les heures pleines.
La Suisse, qui pourrait Ă©galement ĂȘtre touchĂ©e, mise sur la sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique. Le Conseil fĂ©dĂ©ral a ainsi prĂ©sentĂ© fin novembre un plan "en cas de pĂ©nurie imminente d'Ă©lectricitĂ©", rapporte RTS. Plusieurs paliers sont ainsi prĂ©vus, le premier comprenant "des appels urgents Ă rĂ©duire la consommation" mais aussi une limitation de la tempĂ©rature maximum des lave-linges ou "l'interdiction des Ă©clairages publicitaires entre 23 heures et 5 heures". Au niveau d'alerte le plus haut, la Suisse pourrait interdire "d'exploiter des installations sportives ou de tenir des manifestations culturelles", mais aussi forcer les plus gros consommateurs Ă rĂ©duire leur consommation. Les dĂ©lestages ne seraient mis en place "qu'en dernier recours".
Consommer moins suffira-t-il ?
Comme la Suisse, l'Allemagne mise sur la rĂ©duction de sa consommation, aprĂšs avoir fait le choix de repousser la fermeture de ses trois derniĂšres centrales nuclĂ©aires. L'Office de la protection civile estime ainsi "qu'un black-out de grande ampleur en Allemagne est particuliĂšrement improbable", mĂȘme si des coupures ciblĂ©es pourraient avoir lieu dans certaines rĂ©gions, rapporte le site TheLocal.de*. Les autoritĂ©s allemandes ont tout de mĂȘme prĂ©parĂ© un plan de livraison d'argent liquide d'urgence, en cas de coupures, pour "que l'Ă©conomie continue de fonctionner", rapporte Reuters*.
Si tous les pays de l'UE n'encourent pas les mĂȘmes risques, tous se sont engagĂ©s Ă rĂ©duire leur consommation d'Ă©lectricitĂ©. Fin septembre, les Vingt-Sept se sont ainsi entendus avec la Commission pour rĂ©duire de 10% leur consommation d'Ă©lectricitĂ©, et de 5% dans les heures de pointe. La plupart des Etats ont donc mis en place des mesures incitatives en direction des consommateurs et des entreprises. L'Italie a par exemple rendu obligatoire le rĂ©glage des chauffages* Ă un maximum de 19°C au lieu de 20 auparavant.Â
Ces politiques semblent porter leurs fruits. En octobre, la baisse de consommation des mĂ©nages et des entreprises a Ă©tĂ© exceptionnelle dans l'UE : de l'ordre de 25% par rapport Ă 2019-2021, selon les calculs du think tank Ă©conomique brusselois Bruegel. En France, la consommation Ă©lectrique a baissĂ© de 10% en novembre par rapport Ă 2021. Un rĂ©sultat "au-delĂ " des attentes d'EDF, qui annonce peut-ĂȘtre un hiver sans coupures.
* Les liens suivis d'un astérisque renvoient vers des articles en anglais.
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